Wendy Guerra, auteur de "Un dimanche de révolution" (Buchet-Chastel) répond à nos questions
« Sur cette île, la vie privée est comme l'hiver ou la neige, juste une illusion. » Cléo est une poétesse et écrivaine reconnue partout dans le monde sauf sur son île, à Cuba. Là, on la soupçonne de pactiser avec l'ennemi, on la surveille. Ailleurs - à New York, à Mexico - les Cubains en exil se méfient aussi : elle pourrait bien être une infiltrée. Partout où elle cherche refuge, refusant de renier qui elle est - une femme cubaine, une artiste - on la traque.
Je suis mon île, confie la narratrice au détour d'une page. Plongée dans cette immense solitude, Cléo tente de travailler à son nouveau livre : la mort de ses parents l'a laissée exsangue, ses amours battent de l'aile. Alors quand apparaît à sa porte Gerónimo, un acteur hollywoodien qui prépare un film sur Cuba et détient des informations bouleversantes sur sa famille, sa vie bascule.
Tour à tour enquête - puis véritable quête -, vertigineuse histoire d'amour mais aussi chronique d'une vie dans un Cuba où le régime à bout de souffle s'immisce dans le quotidien jusqu'à l'absurde, Dimanche de révolution dresse un portrait sensuel, aimant et corrosif d'une génération bouillonnante de vie et de créativité mais toujours écrasée par les soubresauts de cette révolution castriste qui n'en finit pas d'agoniser.
L'auteur, dans le style remarquable de poésie qui la caractérise, capte admirablement l'entrelacs qui s'opère sans cesse entre événements personnels et histoire nationale, entre petite histoire et grande Histoire. Son roman, tout en livrant une charge vibrante contre le Cuba policier, ouvre l'espoir d'une échappée par les arts et l'écriture.
Une lecture éblouissante, d'une grande sensibilité.
Wendy Guerra, auteur de "Un dimanche de révolution" (Buchet-Chastel) répond à nos questions
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La littérature d’un pays peut révéler, d’une manière convaincante et efficace, les réalités de la société décrite par ses auteurs, ses blocages, ses drames, ses souffrances. C’est le cas de Cuba, pays de l’espérance révolutionnaire tiers-mondiste dans les années soixante, puis le théâtre d’un développement inexorable de la répression vis-à-vis de ceux qui « pensent autrement », les dissidents .Roberto Ampuero avait fort bien décrit la perversion des idéaux de l’origine dans son roman « Quand nous étions révolutionnaires. » Zoe Valdès avait évoqué cette situation de l’artiste confronté aux limitations de sa liberté d’écrire dans « Chasseuse d’astres »
Dans Un dimanche de révolution, Wendy Guerra reprend cette thématique, celle de la situation de l’artiste, de son identité face à un régime hostile, omniprésent, s'immisçant sans cesse dans la vie privée des citoyens, au point de l’anéantir ou de la rendre très illusoire.
Cleo est une poétesse, une romancière d’origine cubaine, elle cherche la reconnaissance littéraire mais ne l’obtient guère. Elle est en permanence la proie du soupçon : celui des exilés cubains, qui la prennent pour un sous-marin du régime, et celui des Cubains de l’intérieur, restés dans l’île pour des raisons d’opportunisme, de conformité intellectuelle « Ils voulaient un final épique, dans le style soviétique, car c’était leur référence même s’ils la repoussaient, la niaient et la déchiquetaient dans leurs gestes quotidiens ; telle était leur formation : soviétique. »
Ce qui est magistralement décrit, ce sont les états psychologiques par lesquels passe l'héroïne : la solitude, la paranoïa provoquée par une surveillance bien réelle et des perquisitionne répétées de son domicile, les interrogations sur son œuvre littéraire .Pour qui écrit-on ? Au nom de quoi ? Les passages les plus émouvants concernent ce qui anéantit l’identité, la personnalité, la singularité des individus : « Ce mépris, cette posture collective kaki glorifiée et pérenne brevette la virilité et l’uniformité (…) écrasant ainsi tout soupçon d’individualité, de délicatesse, touche personnelle ou clin d’œil d’indépendance visuelle. » Mais ce roman va plus loin encore, il se poursuit par une révélation faite à Cleo par l’un des ses amis Geronimo Martines, un acteur originaire du Nicaragua .Cet aveu concerne ses liens de paternité, elle ne serait pas Cleopatra Alexandra Perdiguer mais la fille de mauricien Antonio Rodriguez né à Washington DC aux États-Unis ! S’ensuit une nouvelle interrogation pour Cleo : qui est-elle ? Américaine, Cubaine ? Elle va trouver la solution dans le départ de Cuba mais elle ressent immédiatement le déchirement de l’exil : « Nous avons décollé .Je sentais Cuba se détacher progressivement de mon corps, mon âme tenter de soutenir la terre(…) Sans Cuba je n'existe pas .Je suis mon île. » Ce roman séduira par la finesse des descriptions, par la profondeur des interrogations soulevées par Wendy Guerra .La sauvegardent de l'identité, le prix de la vie intérieure y trouvent une place essentielle, et c’est heureux.
Cleo est cubaine. Elle a grandi et toujours vécu sur l’île. À la mort accidentelle (mais est-ce vraiment un accident…) de ses parents, elle sombre, s’ enferme, s’alite, s’isole et transforme sa douleur en textes.
Comme dans un dernier sursaut, elle trouve la force d’envoyer un recueil de poèmes à un éditeur espagnol. Quelle n’est pas sa surprise, son livre est publié, primé et elle accède à la notoriété, sur le continent européen.
Sa vie change désormais. Elle peut « s’évader » en Europe ou aux Etats-Unis pour faire la promotion de son livre, puis du suivant, mais elle est aussi mise à l’écart, voire ignorée par les intellectuels de son propre pays, et constamment surveillée et harcelée par les autorités cubaines.
Elle rencontre néanmoins quelques figures internationales, un chanteur anglais, et surtout un réalisateur américain, qui arrive avec une nouvelle étonnante touchant aux origines de Cleo, et le souhait d’en faire un film…
Le livre navigue entre ces différents temps, bouffées d’oxygène à l’étranger, méfiance et suspicion de la part des cubains (même ceux en exil), tyrannie de la surveillance, des fouilles, des vols, des atteintes à son intimité dans sa propre maison.
Combien de temps Cleo va-t-elle réussir à maintenir ce grand écart entre deux cultures, deux façons de vivre, deux conceptions de la liberté ? Va-t-elle surtout se trouver elle-même, et gagner sa propre liberté ?
Dans une écriture que j’ai trouvé un peu curieuse de prime abord, Wendy Guerra nous livre un récit construit mais touffu et qui se perd souvent dans les méandres poétiques de la pensée de Cleo. Le contexte est très actuel (on évoque le discours d’Obamah et l’ouverture de Cuba aux Etats-Unis) et l’auteure évoque très bien l’atmosphère de peur, d’embrigadement d’un peuple soumis par des décennies de contrôle.
J’ai aimé la transcription, que j’imagine très juste, du mode de vie cubain, du moins à la Havane, du mélange de modernité, de décrépitude, d’abandon et de foisonnement.
En même temps qu’une quête d’identité, j’ai ressenti ce livre comme une magnifique ode à la cubanité, j’ai beaucoup aimé découvrir Cuba par ce biais.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2017/08/12/un-dimanche-de-revolution-de-wendy-guerra/
Rendez-vous de la page 100 :
La narratrice, Cleo, est une poétesse cubaine primée en Espagne mais ignorée dans son propre pays, orpheline depuis peu. Elle ne trouve sa place ni à Cuba ni avec les exilés. Qu’importe le lieu, on se méfie toujours d’elle. Si le thème m’intéresse, je n’arrive pas à vraiment suivre la narration. Cleo, est perdue, observée en permanence, traquée, et elle se pose sans cesse des tas de questions qui viennent interrompre l’avancement de l’histoire. Si cela m’allait au début par rapport à l’état dépressif du personnage, je me sens maintenant lasse. Cependant, l’histoire tend à avancer depuis quelques pages. J’espère que la narration de la deuxième moitié du roman sera plus fluide et rythmée car jusque là, je me suis plutôt ennuyée.
Avis Explolectrice :
C’est sur une femme seule, dépressive et fragile que s’ouvre ce roman. Cleo, poétesse cubaine reconnue partout sauf sur son île, ne s’est pas remise du décès de ses parents dans un accident. Elle survit plus qu’elle ne vit, totalement ignorée des siens. Un appel d’Espagne lui annonçant qu’elle a remporté un prix littéraire va secouer sa léthargie. Loin de la lourdeur de La Havane, elle va retrouver un souffle de vie. Mais ses voyages pour s’échapper de Cuba et de sa répression ne l’aideront pas éternellement. En effet, elle ne trouve pas sa place, et c’est là le drame de sa vie. A Cuba, on l’évite et on la qualifie de dissidente. A l’étranger, les Cubains exilés ne lui font pas plus confiance car ils la pensent espionne pour le compte du régime autoritaire cubain. Elle est constamment scrutée et les incursions dans sa vie privée vont loin. Peut-être est-ce pour cela qu’elle s’accroche à cet acteur hollywoodien, Geronimo, qui prétend avoir des informations sur sa famille et veut en faire un film révélant la vérité.
Je n’ai pas apprécié cette lecture. J’ai trouvé la narration trop lente puisqu’elle est sans cesse interrompue par les constantes interrogations de Cleo. Le récit en devient confus, peut-être aussi confus que l’est la vie de cette héroïne. Le style d’écriture de Wendy Guerra me plaît, pourtant. Les phrases ont un rythme et une poésie très agréables. Les images employées sont inédites et illustrent parfaitement les sentiments. Grâce aux mots de l’auteur, on parvient à ressentir l’oppression étouffante que vivent les cubains. Pourtant, le rythme de l’écriture est totalement cassé par la structure du récit. Cela donne une sensation de langueur que j’ai trouvé plaisante au cours des premières pages mais qui m’a finalement lassée.
Je me suis donc ennuyée, alors qu’il se passe des tas de choses intéressantes dans la vie de cette poétesse. Elle voyage, rencontre des personnes plus ou moins aimables, est fréquemment « perquisitionnée » à son domicile, reçoit la visite d’une célébrité qui l’apprécie, enquête sur sa famille, fréquente un acteur hollywoodien, … Mais au final, à travers la brume des émotions et des introspections de Cleo, je n’ai pas réussi à entrer vraiment dans le livre. J’ai attendu jusqu’aux derniers mots une chose qui n’est jamais arrivée. Je termine ce livre avec la très désagréable envie de dire « Tout ça pour ça ? ». Néanmoins, j’ai trouvé particulièrement intéressant de découvrir la rudesse de la vie à Cuba, ou plus précisément à La Havane. La surveillance constante, selon un système très élaboré, la nécessité de se fondre dans la masse, la difficulté de trouver sa place lorsqu’on n’est pas d’accord avec le régime.
Un dimanche de révolution n’a pas réussi à m’accrocher. La narration est à l’image du personnage principal, floue et confuse, pleine d’incertitudes. Je regrette particulièrement de ne pas en savoir plus sur la famille de Cleo et de rester, comme elle, dans l’ignorance.
Première impression très favorable pour cette histoire cubaine de Cleo, "dissidente malgré elle" dont les poèmes ont été primés en Espagne, mais isolée dans son île et rejetée par la diaspora des exilés.
Une lecture fluide et agréable pour un sujet qui ne l'est pas. Les incontournables de la dictature socialiste (je repense à quelques scènes de La vie des autres) avec la dimension cubaine sont remarquablement imagés: "ton âme pour un téléviseur chinois ou une lada 5 vitesses", "la transparence de l'été, là où on ne peut rien cacher, ni de soi ni des autres", "tu rentres (de la plage) en pensant que tu aurais pu naître au Paradis", "il n'y a...que moi pour me sentir seule à La Havane, cette ville...où l'intimité et la discrétion, le silence et le secret, tiennent du miracle, ce lieu où la lumière te trouvera dans ta cachette", "il est si difficile de rester seule sur une plage cubaine", "quel gâchis de ciel, de maison, de femme". Des personnages secondaires pourraient donner de l'épaisseur à l'oppression: l'ami de ses parents, informateur de la police (en fait un informateur qui, à force de présence et de délation consentie, a fini par devenir un ami de la famille) ou la femme de ménage, elle aussi informatrice n'oubliant pas d'être discrètement bienveillante. Et puis à mi-roman, tout dérape avec l'arrivée de Geronimo – célèbre acteur hollywoodien (j'imagine un physique à la Antonio Banderas) qui prétend que son père, qu'elle a vu mourir deux ans plus tôt dans un accident de la circulation, aurait été fusillé peu après sa naissance – et cette phrase terrible "dans le socialisme personne ne connaît le passé qui l'attend"...
Qui était Mauricio le vrai père, pourquoi a t'il été fusillé ? Pourquoi la mère et le père de substitution n'ont-ils rien dit ? Pourquoi les autorités ont-elles toléré ou organisé la substitution d'état-civil ? Pourquoi Geronimo vient-il réaliser un film (il est acteur et à présent réalisateur) sur ce personnage ? Après une demande de visa pour le Mexique fort bien décrite dans ce qu'elle a d'humiliant, les voici à Mexico sur les traces de Gabriel Garcia Marquez qui aurait peut-être les documents permettant d'élucider le mystère. Mais leur arrivée coïncide avec celle de l'ambulance qui emmène le corps du grand homme décédé. Le mystère accompagnera l'écrivain sur la civière et, en dépit, de quelques coups de feu, de quelques bribes d'interview de vieux révolutionnaires nous en resterons là. Point de Robert Littell ou de John Le Carré pour nous révéler en deux volumes les tenants et les aboutissants de ces mystères, Wendy Guerra ne s'intéresse que très peu aux réponses qu'elle ne nous fournira pas.
Selon moi, autant la description d'un Cuba non libre est réussie (couleurs, promiscuité, perquisitions, caméras pas cachées, indicateurs, censure, demande de visa, contrôle à la frontière), autant les histoires d'amour me semblent d'une grande platitude (avec Enzo l'amour de jeunesse exilé à Mexico ou avec Geronimo qui est venu chercher un sujet de film plus qu'une femme dont il ne manque pas par ailleurs); les personnages secondaires sont à peine esquissés et l'héroïne (qui doit ressembler à l'auteure) semble ensorcelée par la célébrité nouvelle qui est la sienne. Nous découvrons que Sting, tombé en admiration devant ses poèmes publiés dans la revue de la compagnie d'aviation Virgin lui rend visite sans prévenir au petit matin; il s'endort sur son canapé avant de repartir non sans l'avoir embrassée sur le front. On apprend encore qu'on boit du Moët&Chandon rosé dans les réceptions de La Havane, que le St Regis est un hôtel de luxe à Mexico et que pour la montée des marches à Cannes Cleo a des chaussures trop petites. "Sans Cuba, je n'existe pas" dit l'héroïne à la fin du roman et on ne peut que le regretter avec elle...le décor ne fait pas tout !
Première impression (à 100 pages) très favorable pour cette histoire cubaine de Cléo "dissidente malgré elle" dont les poèmes ont été primés en Espagne mais isolée dans son île et rejetée par la diaspora des exilés.
Une lecture fluide et agréable pour un sujet qui ne l'est pas. Les incontournables de la dictature socialiste (je repense à quelques scènes de la vie des autres) avec la dimension cubaine sont remarquablement imagés: "ton âme pour un téléviseur chinois ou une lada 5 vitesses", "la transparence de l'été, là où on ne peut rien cacher, ni de soi ni des autres", "tu rentres (de la plage) en pensant que tu aurais pu naître au Paradis", "il n'y a...que moi pour me sentir seule à La Havane, cette ville...où l'intimité et la discrétion, le silence et le secret, tiennent du miracle, ce lieu où la lumière te trouvera dans ta cachette", "il est si difficile de rester seule sur une plage cubaine", "quel gâchis de ciel, de maison, de femme". Puis à mi roman arrive ce visiteur qui prétend que son père qu'elle a vu mourir deux ans plus tôt dans un accident de la circulation aurait été fusillé peu après sa naissance et cette phrase terrible "dans le socialisme personne ne connaît le passé qui l'attend"...
Commentaire à la page 100 :
L'histoire de Cléo se situe à la Havane. Les premières pages révèlent des éléments importants de sa vie. La mort accidentelle (l'est-elle réellement au final?) de ses parents. Sa difficulté à surmonter cette tragédie (elle reste enfermée chez elle). C'est une écrivaine et poétesse de renommée mondiale sauf dans son propre pays. Le roman se déroule à la première personne, c'est Cléo qui narre son quotidien . Elle se dit être en exil dans son propre pays. Non reconnue pour ses écrits, elle souffre d'être isolée, rejetée par ses amis qui la considère comme une espionne. Sa maison est sous écoutes et surveillée ( la femme de ménage peut-être). Bien qu'apparemment « prisonnière » dans son propre pays elle peut en sortir sans problème pour se rendre à Mexico. Le roman se déroule comme un journal intime écrit au présent. Cléo y mêle ses rêves ses pensées et son présent ce qui rend le déroulé parfois confus. Perdue et désespérée Cléo se cherche, se sent traquée, sans amis sans amour, mais Géronimo un acteur hollywoodien lui révèle des informations étonnantes sur sa famille...Je n'ai pas encore vraiment d'avis sur ce début de lecture. Ni emballée ni désintéressée, n'ayant rien lu de Wendy Guerra je continue la lecture sans ennui. Si l'écriture est fluide c'est le déroulé de la narration qui semble parfois un peu complexe (mais pas gênante pour poursuivre). L'ensemble reste agréable à découvrir par des descriptions de lieux très colorées et une ambiance sud -américaine spécifique...
COMMENTAIRE FINAL :
L' histoire de Cléo, poétesse et romancière à la Havane, c'est une chronique d'une vie de solitude et de non reconnaissance de ses écrits dans son propre pays. A trente ans, elle ne parvient pas à surmonter la mort accidentelle de ses parents à quoi s'ajoute sa quête d'être reconnue. Une année s'écoule qu'elle semble avoir passée au fond de son lit : « Qu’y a t-il après la pesante aphonie suscitée par la mort de tout ce qui te reste ? -(..) je ne reçois personne d'autre (que les voisins venus la nourrir NDR),je suis hors jeu. Je n'existe pas. ». C'est une souffrance que d'accompagner Cléo dans son constat d'être rejetée de tous ses amis, d'être surveillée ( par des militaires en civil), au final d'être seule et étrangère dans son propre pays. Ce sont ses poèmes qui la feront sortir d'abord de son pessimisme, de sa névrose et de son pays. A Mexico elle reprend contact avec des amis exilés dont Enzo un « ex » avec qui elle va renouer.
Le thème de son livre fait polémique, une agression dans une rue et surtout le contenu d'une lettre à remettre à son retour la secoue et la déstabilise. De retour, Cléo est perdue abasourdie, et tout comme elle, moi lectrice, aussi. « en prenant congé de tous ces gens, je compris alors mon véritable drame (…), car je n'étais pas partie, mais je n'étais pas là non plus.
C'est vertigineux que de suivre Cléo qui se dit traquée, surveillée, soupçonnée d'être une espionne. Terrifiant de la retrouver dans sa maison fouillée et dévastée, son ordinateur vidé par des militaires. Mais un coup de sonnette à sa porte va changer le cours de sa vie. Géronimo un acteur hollywoodien lui révèle des informations étonnantes sur sa famille et veut en produire un film. Dans sa quête de vérité, elle accepte de rencontrer Gabriel Garcia Marquez qui détient des informations la concernant. Mais Marquez meurt le jour du rendez-vous : « J'arrive toujours en retard à ce qui me fascine ».
L'écriture de Wendy Guerra est déroutante, dans les débuts du roman. Elle nous entraîne très vite au fil des pages dans sa quête à se retrouver. Cléo est attachante et parfois irritante, mais on a envie qu'elle réussisse à enfin trouver son équilibre à parvenir à ses fins dans cette chronique cubaine très particulière... Plus qu'une fiction, il y a un mélange de biographie et d’événements post révolution très réalistes.
Arriver à la page 100 et être obligé de faire une pause est très douloureux car le roman de Wendy Guerra est intriguant et pénible par moments car je souffre en lisant ces lignes sur la vie de Cléo, cette poétesse cubaine dont la vie est disséquée, examinée, privée de toute intimité par l’État, comme c’est le cas pour beaucoup de Cubains. Ce livre me rappelle beaucoup celui de Roberto Ampuero : Quand nous étions révolutionnaires.
Très bien écrit, ce roman comporte une part de mystère qui me tient en haleine et qui fait que je vais m’y replonger aussitôt !
En fin de lecture :
Le mot roman n’apparaissant nullement sur ce cinquième livre publié en France par Wendy Guerra, cela confirme la part importante sinon essentielle de vécu que comporte Un dimanche de révolution.
L’auteure s’attache à Cleo, poétesse, écrivaine, la trentaine, qui vient de perdre ses parents dans un accident. Son mal-être s’affiche d’entrée : « Je suis hors-jeu. Je n’existe pas. » Il faut dire que sa vie à Cuba ne l’y aide pas. Alors qu’elle est publiée par une éditrice de Barcelone, les segurosos, agents de sécurité de l’État, la visitent régulièrement et, pour elle, La Havane n’est plus une capitale car « devenue trop petite, trop médiocre, sa beauté ne l’empêchera pas de s’éteindre. »
Mon enthousiasme pour ce livre s’est étiolé doucement après la page 100. Je souffrais en lisant ces lignes sur la vie de Cleo dont l’existence est disséquée, examinée, privée de toute intimité par l’État, comme c’est le cas pour beaucoup de Cubains. Ce livre me rappelait beaucoup celui de Roberto Ampuero : Quand nous étions révolutionnaires.
Les mots frappent dur : « bêtes de somme, abîme, douleur, brutalité, sottise incohérente, vulgarité… supportant le peu qui subsistait de cette utopie née dans les années soixante. » Malgré ce qu’elle endure à Cuba, ailleurs elle est suspecte, rejetée par les Cubains exilés. La lettre très confidentielle qui lui est confiée à Mexico, pour être acheminée jusqu’à Cuba, est une humiliation extrême. Elle prouve combien l’exil exacerbe ceux qui ont choisi cette voie et ce qu’ils sont capables de faire pour rabaisser ceux qui tentent quand même de vivre au pays.
Certaines ouvertures se font tout de même sentir comme cette fête où elle est invitée. Des exilés sont présents et l’accueillent à leur table ce qui ravive encore plus la surveillance policière dont elle fait l’objet et les brimades à venir.
Wendy Guerra nous fait comprendre le drame des auteurs et créateurs, dans son pays. Elle détaille les différentes façons de fouiller un appartement, les modes de surveillance avec la femme de ménage puis le seguroso de la famille qui s’invite régulièrement… Sa poésie est une protection magique contre la peur mais : « Sur cette île, la vie privée est comme l’hiver ou la neige, juste une illusion. »
Cleo aime Cuba. Malgré les escapades qu’elle réussit à faire à Mexico, Barcelone, Paris, Cannes, New York, elle veut toujours revenir tout en dénonçant ce flicage permanent dont sont victimes les artistes voulant garder leur indépendance : « je vais me chercher là-bas, j’appartiens à cette terre. C’est mon odeur et ma lumière. »
Bien conscient de tout cela, j’ai été décontenancé par tout ce qu’a ajouté l’auteure pour densifier son livre, cette recherche de parents impliquant des services secrets et ce fameux Gérónimo pour déboucher sur un film présenté sur la Croisette…
Pour finir, j’ai bien lu « Les poèmes de Cleo » à la fin du livre et j’ai trouvé très bon « Lance Massaï ». texte original et émouvant, même si la mise en page est un peu gênante à cause de ces renvois en bout de ligne déséquilibrant parfois la lecture.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Suite à la mort de ses parents, Cleo reste de longues heures chez elle, à écrire, à rêver d’ailleurs. Cleo est une poétesse et écrivain connue, dont les œuvres sont éditées dans de nombreux pays, Espagne, Etats-Unis, mais pas chez elle.
A Cuba, Cleo est surveillée à longueur de temps, jusque dans son propre appartement. Un de ses fidèle amis est un segurosos, ces agents de sécurité de l’État qui se mêlent à votre vie pour en rapporter tous les détails. Toute sa vie est contrôlée par un gouvernement omniprésent.
Un jour Gerónimo, un acteur célèbre, entre dans sa vie. Il veut réaliser un film sur le père de Cleo. Elle découvre alors des vérités sur sa famille qu’elle n’avait jamais imaginées. De révélations en surprises, elle nous fait vivre les péripéties d’une cubaine éprise de liberté mais qui est en permanence suivie, épiée, analysée…
J’ai trouvé intéressant de comprendre et même ressentir l’oppression permanente, le doute, les interrogatoires, les fouilles, d’une police à qui tout est permis, d’amis qui ne sont que des indics du gouvernement. J’ai aimé l’écriture et les descriptions, l’ambiance, la vie, et surtout l’analyse de la situation et l’impression malsaine qui s’en dégage. J’ai eu un peu de mal à accrocher jusqu’au bout, me demandant parfois ce qui retient Cleo sur cette ile où elle n’est jamais ni sereine ni libre.
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