"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Il était 17 h 20 lorsque mon coeur s'est arrêté. Je ne me suis aperçue de rien.
Ça s'est passé comme si je m'endormais. C'était doux, presque un soulagement." Emma est morte le 7 février 2022. Son coeur a cessé de battre pendant trente minutes. Un coup au coeur raconte la bataille qu'elle a dû mener pour revenir à la vie, de la réanimation à la rééducation. Pour se remémorer aussi où elle est partie quand tout le monde la pensait disparue.
Au fil de cette traversée, Emma explore ses sensations, les images qui lui viennent - certaines d'une beauté à couper le souffle, d'autres, plus inquiétantes, qui interrogent son rapport à la mort, entre attirance et répulsion - puis célèbre, avec un enthousiasme contagieux, ces petits riens qui font notre bonheur quotidien.
Une plongée dans l'au-delà, qu'Emmanuelle de Boysson partage avec allégresse et une sincérité bouleversante.
Un roman court où l'autrice ait plus qu'apporter son témoignage, elle se bat avec courage, ce livre est un intense hymne à la vie. Emmanuelle de Boysson retrace les événements de son infarctus, l'instant du drame, le coma, son EMI (Expérience de mort imminente), le soutien reçu, sa reconstruction physique et psychique.
Une belle plume fluide, émouvante, intense mais qui ne va jamais en direction d'un témoignage pathos.
"Je me suis juré de me battre. Le début d’un long chemin semé de thérapies diverses et avariées, jusqu’à ce que le désir soit enfin retrouvé, et avec lui, le jeu, l'écriture et les rêves. Des années pour retisser l'ouvrage, même si la bête est restée tapie dans les fourrés. Je voulais vivre vite, publier coûte que coûte, quitte à me brouiller avec ma famille. Par peur du vide, j'étais prête à me soumettre aux désirs des éditeurs. Gloire interdite, barrée, piétinée. Contente-toi de peu. Efface-toi, marche à l'ombre. "
Un coup au cœur est un témoignage poignant. L'auteur nous raconte son arrêt cardiaque et les trente longues minutes pendant lesquelles elle était morte. Morte, mais aussi ailleurs. Dans une sorte d'au-delà. C'est ce que l'on appelle une expérience de mort imminente. Et puis, il y a la réanimation. Le coma. Le réveil. La rééducation. L'Après.
Je n'avais jamais lu de témoignage sur une EMI auparavant et je n'avais pas particulièrement d'attentes, mais l'auteure m'a bouleversé avec son histoire. Elle se met à nue et nous raconte avec une profonde sincérité ce qu'elle a ressenti, vécu et pensé. Et c'est justement cette sincérité troublante, sans le moindre artifice, qui m'a le plus ému et fait réfléchir moi-même sur plein de questions : qu'est-ce que la mort ? Qu'y a-t-il après la vie ? Faut-il avoir peur de la mort ? Faut-il dissocier le corps de l'esprit ? (cela m'a rappelé mes cours de philosophie avec notamment les théories de Platon ahah)
Ce roman a résonné en moi et je pense que chacun en fera sa propre interprétation en le lisant. Je vous recommande chaudement d'aller voir la vidéo Book Review sur ma chaîne YouTube, car je parle beaucoup plus en détail du roman et je vous lis deux extraits, dont un qui m'a marqué.
L’autrice raconte dans un roman son attaque cardiaque et sa longue convalescence. Pour cela, il a d’abord fallu qu’elle mène une enquête. Elle ne se souvient pas de ce moment où son compagnon lui fait un massage cardiaque, de l’arrivée des pompiers pour la réanimer, de son transport à l’hôpital et des soins médicaux pratiqués en urgence. Avec beaucoup de détails, parfois du sang, elle fait le récit de ce combat pour la vie. Une grande partie du roman se déroule à l’hôpital et traduit une reconnaissance envers le personnel médical.
Emma se reconstruit petit à petit. Elle réapprend les gestes du quotidien afin de retrouver son autonomie. Il n’est plus question de fumer désormais mais de prendre soin de son corps, d’elle.
Elle aborde également le thème de l’EMI ou expérience de mort imminente. Pendant les trente minutes où son cœur a cessé de battre, elle s’est retrouvée dans un endroit où elle se sentait bien et dont elle n’avait pas envie de revenir. Troublée, elle a d’abord eu peur d’en parler, puis elle a lu un livre sur le sujet et commencé à écrire ses souvenirs de ce moment.
Ce livre est tout sauf triste. Il est lumineux. Avec humour et autodérision, mais aussi avec poésie et douceur, Emmanuelle de Boysson nous offre un hymne à la vie.
Je remercie l’autrice et Calmann-Lévy pour l’envoi de ce livre
Journal de bord d’une miraculée
Emmanuelle de Boysson a vécu une expérience de mort imminente le 7 février 2022. Dans ce roman, elle en retrace les circonstances et surtout les sensations éprouvées, sans oublier les suites. Bouleversant et revigorant!
Commençons par décerner à Emmanuelle de Boysson le titre de meilleur incipit de l'année. En trois lignes tout est dit: «Je suis morte le 7 février 2022. Il était 17 h 20 lorsque mon cœur s’est arrêté. Je ne me suis aperçue de rien.»
Reste à développer cette singulière expérience d'arrêter de vivre avant de revenir au sein de la communauté des hommes.
Il y a d'abord une succession de hasards qui font qu'au moment où son cœur a lâché, Anton, son compagnon était présent. Il devait être à la rédaction de son journal, mais on lui avait demandé de rédiger une nécrologie.
«C’est donc grâce à un mort que je suis vivante» explique la narratrice qui, grâce au témoignage de son sauveur a pu reconstituer la chronologie des faits, le massage cardiaque en attendant les secours, puis les tentatives des ambulanciers de la réanimer, en vain. Le même combat du médecin du SAMU qui a pris le relais, a intubé sa patiente pour l'oxygéner. Mais le cœur reste inerte. Si bien qu'il ordonne un septième électrochoc. En vain. «Le temps est passé. Tout a été tenté. C’est fini."
Les pompiers auront finalement l'idée d'en rajouter un huitième, "un dernier pour la route». Et c'est alors que le miracle se produit!
Entre soulagement et peur des séquelles, la famille et les proches vont se succéder à l'hôpital Cochin où se joue une partie décisive.
Mais la miraculée, plongée dans un profond coma, n'en a pas conscience. Elle vit dans un univers parallèle.
Comme dans d'autres témoignages d'expérience de mort imminente, ou en anglais de NDE (Near death experience), son esprit est dissocié de son enveloppe charnelle. Elle s'envole, par exemple vers les ballons des Vosges. «Les ailes déployées, je plane au-dessus des prairies, des lacs et des forêts qui parsèment les sommets arrondis, lorsque j’aperçois mon père sur un champ d’herbes blondes. De là-haut, il semble tout petit, mais peu à peu, il m’apparaît tel qu’il était lors de nos balades sur les sentiers de randonnée, quand nous nous arrêtions pique-niquer dans une clairière, faire griller des saucisses, cueillir des myrtilles ou déguster une omelette au lard dans une ferme-auberge.» Une sensation qui va se renouveler et l'emmener dans divers endroits, seule ou en compagnie de différentes personnes, avec toujours ce même sentiment de plénitude. Et cette envie de garder une trace de ces voyages. Mais clouée sur un lit d'hôpital et appareillée de partout, l'objectif est difficile à atteindre.
Jusqu'à cet «après-midi tristounet de mars» où elle peut reprendre la plume. «La tête embuée, la main pâteuse, j'ai du mal à pianoter, les yeux qui se ferment, mais le crissement du crayon sur la feuille finit par restituer le murmure d’une fontaine, l'odeur du jasmin, la douceur d’une fourrure. Peu à peu, je renoue avec ce délié, ce lâcher, cette magie d’une pensée en action. Les phrases coulent et s’entrelacent, suivant une géographie intérieure faite d’impressions. Un pur plaisir, une renaissance, un instant à moi, la satisfaction, que jamais l'ordinateur ne donnera, d’épouser des arabesques, de vagabonder, de jouer aux devinettes, de filer la métaphore à n’en plus finir. Sans complexes, je me vautre dans le moelleux des figures et des tournures.» Et par la grâce de cette plume virevoltante, elle nous offre le cadeau de ce roman inattendu.
Avouons-le, je fais partie des sceptiques et des mécréants, de ceux qui se disent qu'un mort retourne à la poussière et qu'une fois de l'autre côté, il ne revit que dans le souvenir de ses proches. Ce qui n'est déjà pas mal. Mais je me souviens avoir été impressionné par la lecture de La Traversée de Philippe Labro. Au point de faire ensuite comme Emmanuelle de Boysson, c’est-à-dire de creuser le sujet en me plongeant dans L'Expérience de mort imminente, Une enquête aux frontières de l'après-vie de Jocelin Morisson. Préfacé par le journaliste scientifique Stéphane Allix, cet ouvrage a fait vaciller mes certitudes. Ajoutons pour faire bonne mesure, le témoignage de David Foenkinos qui, à l’occasion de la sortie de La vie heureuse, a confié à Minh Tran Huy pour Madame Figaro qu’à seize ans, il avait lui aussi fait cette expérience : «J’ai eu ce sentiment physique d’être arrêté dans cette chute extatique, et d’être remonté vers la vie. Je sais à quel point la rencontre avec la mort peut vous propulser dans une nouvelle énergie, une forme de renaissance, et cette expérience de mort a fait de moi une seconde personne. Après, pendant les mois à l’hôpital, je me suis mis à lire alors que je ne lisais pas, j’étais animé par la beauté, la sensibilité. Cela m’a propulsé de manière foudroyante ans une autre personnalité. On devient plus fort d’avoir été ainsi fragile.» Mais chacun se fera sa propre opinion.
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Ce court roman nous raconte, de A à Z, l’infarctus qu’a fait Emma, avec sa brusque survenue, son sauvetage inespéré, son coma artificiel, son long séjour à l’hôpital, ses douleurs et ses nombreuses séquelles, sa difficile rééducation, pour finir par un retour à une vie qui ne sera plus jamais la même.
Le côté médical très détaillé du récit est réaliste et déroutant, tant il laisse planer une menace sur nos esprits insouciants.
La partie expérience de mort imminente (EMI) a éveillé ma curiosité et son style poétique nous offre la tentation de la survie de l’esprit après la mort.
J’aurais volontiers adhéré à cette paix retrouvée et à la puissance de l’amour ressenti qui nous attendent « de l’autre-côté », si quelques mots de l’autrice ne m’avaient pas laissé le sentiment d’être tombée dans une embuscade. Car je suis restée perplexe face au non-nommé « Celui qui crée tout », comme devant ce « Il » mystérieux.
Au final, je n’ai pas eu la révélation sacrée en lisant le récit de ces 30 minutes passées dans l’au-delà et il me restera un petit goût amer de prosélytisme.
Ce roman-témoignage, s'il n'a pas été un coup de cœur, est néanmoins enrichissant et, après avoir été happée par l’engrenage imparable d’une crise cardiaque, je croise les doigts pour ne jamais avoir à vivre ce Coup au cœur.
Rentrée Littéraire Hiver 2024 Parution le 03 Janvier 2024 aux Editions Calmann Lévy
» Un coup au coeur » est le récit romancé d’une expérience vécue par l’autrice. C’est un coup de coeur de lecture pour moi.
Emmanuelle de Boysson raconte ce qui lui est arrivé le 7 février 2022 et les mois qui ont suivi. Ce jour-là, elle a succombé à une crise cardiaque et elle n’est revenue à la vie que grâce aux massages cardiaques pendant 30 mn de son compagnon qui était auprès d’elle. Elle parle avec grande sincérité de ce qu’elle a vécu pendant les journées de coma qui ont suivi. Puis de sa reconstruction physique et psychologique.
J’ai été profondément touchée par ce récit pour des raisons personnelles : il y a dix ans, j’ai vécu une expérience à la fois similaire et différente. Ramenée in extrémis à la vie alors que j’étais en train de mourir (je le ressentais, le savais), restée pendant trois jours entre la vie et la mort (à cause d’une bactérie dans mes poumons), j’ai vécu une expérience proche de celle de son coma.
Je trouve que l’intérêt de ce récit, c’est qu’elle y parle avec une très belle langue d’évènements tels que l’Expérience de Mort Imminente. Sujet qui n’est abordé habituellement que dans des ouvrages « spécialisés » alors que bon nombre de personnes, qui ne donnent pas dans l’ésotérisme, l’ont vécu.
» Comme Hel, la déesse des trépassés dans la mythologie viking, ou Anubis, dans l’Egypte ancienne, la mort avance masquée. Depuis son apparition subite, elle ne me terrorise plus et me paraît simple, évidente, apaisante. Nous la portons en nous, y sommes habitués, puisque nous étions morts si longtemps avant de naître. Mon corps était prêt à ce passage vers une terre d’asile dont mes cellules gardent aujourd’hui la trace, privées d’une jouissance si forte qu’elles cherchent à s’y perdre. »
Je remercie Cultura et les Editions Calmann Lévy pour cette découverte.
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