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Chaire Création artistique 2022-2023Pendant des décennies, la bande dessinée n'a eu aucun nom, ni aucune histoire. Associée à l'enfance et au divertissement, elle était publiée sur des supports éphémères et ne connaissait que rarement les honneurs du livre. D'abord prisée par des collectionneurs nostalgiques des joies de leur enfance, elle a peu à peu gagné en lectorat, puis en prestige.
Benoît Peeters reconstruit le parcours historique d'un genre longtemps déconsidéré et analyse l'évolution du discours à son propos, nous offrant le regard d'un témoin de l'intérieur sur les processus ayant conduit à la reconnaissance du neuvième art.
Benoît Peeters est écrivain, scénariste et biographe d'Hergé, Paul Valéry et Jacques Derrida. Théoricien et critique, il est l'auteur de nombreux essais sur la bande dessinée, le scénario et l'écriture en collaboration. Avec le dessinateur François Schuiten, il a créé en 1983 le cycle des Cités obscures, traduit dans le monde entier. Il est professeur invité au Collège de France sur la chaire annuelle Création artistique.
Leçon inaugurale prononcée au Collège de France le jeudi 27 octobre 2022.
Leçon inaugurale n°313 - Chaire de création artistique (2022-2023)
Pour l’année 2022/2023 les leçons au Collège de France de la « chaire de création artistique » (créée en 2004) ont donc été confiées au Français-(un peu Belge ?) Benoit Peeters (BP), connu notamment (mais pas que) pour sa connivence avec François Schuiten et leur série des Citées Obscures.
BP est une référence dans l’univers de la BD et a titré ses cours par « Poétique de la bande dessinée » (par référence à la « Chaire de Poétique » créée en 1937 pour / par Paul Valéry : cf d’ailleurs ses cours récemment éditées par William Marx à la « Bibliothèque des idées» de Gallimard) : « poétique » faisant référence au « faire », au « fabriquer ».
Le neuvième art … est bien un art neuf comme le titre donné par BP le souligne malicieusement (une fois).
Cette entrée au Collège de France est la confirmation d’une reconnaissance de l’importance de la BD après, en 2020, à la fois, l’élection à l’académie des Beaux-Arts de Catherine Meurisse et la décision du ministère de la culture de décréter 2020 « L’année de la BD »
BP va rappeler, en quelques touches, des étapes fondamentales (au sens de fondement) de la BD, tout en illustrant ses propres rencontres avec l’univers de la BD (Hergé et les revues des années 70 et suivantes …), tout en ouvrant certaines réflexions (notamment « l’artification » de la BD et ce qui a permis d’aller vers ce label « d’Art »).
Incidente : ayant, à très peu d’années près, l’âge de BP, en étant né en même temps qu’Astérix et Obélix » dans le journal Pilote (que BP présence comme le pivot faisant passer la BD de l’enfance à l’adolescence), j’ai retrouvé, avec émotion, des références phares de mon propre parcours dans l’univers de la BD … Pour les plus jeunes, c’est une bonne occasion se s’y plonger, d’autant que, dans cette première leçon, BP garde une expression simple et facile d’accès, privilégiant l’histoire de la BD.
C’est un plaisir que de se fondre dans ces traces que nous offre Benoit Peeters (et on peut d’ailleurs aller sur le site du Collège de France pour avoir accès aux conférences … avis aux amateurs.)
Quelques citations :
« Grâce à lui (Schuitten), j'ai compris qu'un dessin ne relevait jamais de la simple exécution d’un projet, mais qu'il devait être animé d'une véritable énergie graphique. » p 15
« Longtemps, la bande dessinée n'a même pas eu de nom, ce qui ne veut pas dire qu'elle était sans existence. Rodolphe Töpffer, en 1837, l'appelait « littérature en estampes ». .. Au début du 20e siècle, en France, prévalait les termes d' »histoire en images » et d’« illustrés ». p 25
PS : les bulles apparaissent en 1923 (1 siècle !) avec Bicot de l'américain Martin Branner
« Presque contemporaine de la naissance de la photographie, l'apparition de la bande dessinée est inséparable des mutations fondamentales subies par les images, qui deviennent non seulement reproductibles, comme l'a bien montré Walter Benjamin, mais aussi séquentielles. La bande dessinée est enfant du papier : c'est le support commun à l'auteur qui réalise ses planches et aux lecteurs qui les découvre. Son évolution est très liée à celle de l'imprimé, et particulièrement aux progrès techniques dans la reproduction des images depuis bientôt deux siècles. L'approche médiologique développé par Régis Debray lui convient donc à merveille. » pp 27-28
« Trois des caractéristiques fondamentales de la bande dessinée avaient longtemps semblé lui interdire cette reconnaissance : la reproductibilité, l'accessibilité, le lien avec l'enfance. » p 50
« Publier est plus simple qu'autrefois, mais construire un parcours d'auteur est devenu très difficile. Le métier vacille en même temps qu'augmente la reconnaissance du 9e art. » p 63
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