10 livres chroniqués par les Explorateurs, 10 chroniques à découvrir !
Talentueuse mais solitaire, Alice Lovett prête sa plume pour écrire les histoires des autres. Pourtant elle reste hantée par la seule histoire qui lui échappe : sa propre vie.
Une simple rumeur, lancée en ce lointain été 1999 par deux ados éméchés, a embrasé en un rien de temps toute la communauté. Que s'est-il réellement passé sur la banquette arrière de cette voiture alors qu'ils ramenaient Alice, endormie, chez elle ? Accusations, rejets, déni, faux-semblants... la réalité de chaque protagoniste vacille et reste marquée à tout jamais. Et quand le présent offre une chance de réparer le passé, comment la saisir ? Faut-il se venger ou pardonner ? Ou mieux vaut-il tout oublier ? Mais peut-on oublier ce qu'on n'a jamais vraiment su ?
Construit comme un piège machiavélique qui bouscule les certitudes du lecteur, True Story explore la fluctuante tension entre fiction et réalité et la manière dont notre société diffuse et affronte la rumeur.
10 livres chroniqués par les Explorateurs, 10 chroniques à découvrir !
Des talents émergents et prometteurs qui ont conquis nos Explorateurs de la rentrée
Premières chroniques, premiers avis, et déjà des auteurs et des autrices à suivre...
Une fête alcoolisée entre ados.
Alice est raccompagnée chez elle complètement touchée et ne se souviendra de rien.
Les deux garçons qui l'ont ramenée retrouvent leurs copains dans un bar où ils finissent la soirée. Ils racontent et se vantent de ce qu'ils lui ont fait subir à l'arrière de la voiture avant de la déposer chez elle. De là, la réputation d'Alice sera salie à jamais, elle ne s'en remettra pas
Mensonges, manipulations....
On suit cette affaire de 1990 à 2015, chacun va donner sa version.
Un sujet grave, mais c'est long, très long, beaucoup de répétitions et je me suis lassée. Dommage !
« Tout observateur du genre humain sait combien il est difficile de raconter une expérience de telle sorte qu'aucun jugement n'interfère dans la narration » (Georg Christoph Lichtenberg)
Alice termine sa scolarité secondaire dans un lycée privé américain. Non loin de là, les élèves de l'établissement public, aspirant au championnat de la crosse, passent le plus clair de leur temps à organiser fêtes, beuveries, sauteries, et dragues grossières.
Un soir, deux adolescents sont accusés, au bruit d'une folle rumeur à laquelle ils ne sont pas étrangers, d'avoir abusé d'Alice au moment de la ramener, ivre, à son domicile.
Alice, depuis qu'elle est au collège, s'essaye, avec son amie Haley, à l'écriture de scenarii cinématographiques. Elle ne cessera, sa vie durant, marqué par cet évènement qui se serait produit, ou pas, de rechercher la vérité.
Il s'ensuit une quête permanente de celle-ci narrée aussi bien par la victime ainsi que d'autres protagonistes du roman, témoins directs ou indirects., sans que l'on sache, pas même la présumée victime, si l'évènement – le viol -, qui va marquer les personnages du récit, a eu lieu ou non.
Il conviendra d'attendre la toute dernière page pour comprendre la subtilité et l'originalité de l'ouvrage de Kate Reed Petty.
True Story, (Gallmeiter, 2021) dont le titre n'a pas été traduit, lors de sa parution en France, est le premier roman de Kate Red Petty.
Elle court, elle court la rumeur… Pour rendre compte de celle-ci, l'auteur utilise deux procédés audacieux, empreint d'un brin de folie, mais qui fonctionnent à merveille à raison de la quasi-totalité, et de la singularité et du machiavélisme à souhait de l'intrigue. Ces procédés littéraires renforcent, sans aucun doute, la qualité exceptionnelle de cette première fiction.
La première technique littéraire – il serait inopportun de la divulguer, même si l'on comprend assez vite. Il s'agit... Dévoiler le texte masqué. La seconde est qu'il s'agit d'un roman sous la forme de casse-tête, qui fait, cependant, l'économie de flash-back, dont la compréhension se met petit à petit en place et qui contribue, au grand plaisir du lecteur, à une montée évidente de la tension et du suspense.
On ne peut d'ailleurs s'empêcher de faire le rapprochement entre la construction de cette histoire, sous forme de puzzle, et la désorganisation qui règne dans l'esprit d'Alice, que l'on retrouve à chaque stade de sa vie, qui mélange, tous azimuts, ses passions cinématographiques adolescentes avec ses lettres de motivation afin d'intégrer une prestigieuse université.
L'autre particularité de fond de ce roman semble être le rapport de l'auteur au féminisme. On peut lire, ici et là, qu'il s'agirait d'un roman féministe sans autre forme de commentaires. le roman mérite néanmoins un meilleur approfondissement qu'un simple raccourci facile.
À l'heure où, aux États-Unis et dans une partie de l'Europe, sous l'influence de minorité de néo-féministes minoritaires, mais néanmoins radicales, le roman de Kate Reed Petty prend le contre-pied de ce mouvement littéraire au profit d'un féminisme classique et raisonnable où la femme est l'égale de l'homme, sans affirmer « préférer des femmes qui jettent des sorts à des hommes qui construisent des EPR » ou de ces écrits narcissiques, de plus en plus nombreux et mal écrits, qui narrent les violences subies, ou pas, de ces femmes en quête de reconnaissance.
C'est un roman qui tranche et condamne définitivement tous les poncifs, insipides et égotiques de nombreux auteurs, autofictions et récits actuels.
L'écriture est irréprochable, autant que la traduction par définition. Simple, mais pas niaise ou maladroite et empruntée, tout en étant rigoureuse. Les qualités narratives de l'auteur sont exceptionnelles, alternant les différents modes de narration et de focalisation qui subliment à la fois la qualité de l'écriture que le fond du récit et, plus particulièrement, la tension de celui-ci.
À titre d'exemple, fait exceptionnel, l'auteur, par l'intermédiaire d'Alice, utilise parfaitement, lorsqu'elle propose sa voix à ses prétendus agresseurs, la deuxième personne du singulier (le "tu" de narration interne).
En résumé, c'est un roman subtil, intelligent et addictif comme rarement, il m'a été permis d'en lire ces derniers temps.
Kate Red Petty réussit un livre remarquable qui autorise d'en espérer l'écriture rapide d'un deuxième.
Bonne lecture.
Michel.
Roman très actuel au regard des sujets développés, « True story » évoque de façon particulièrement convaincante les ravages que peut entraîner une rumeur (qu’elle soit fondée ou non) sur sa victime mais également sur son entourage.
Alice, étudiante américaine à l’université, aurait été violée par deux garçons lors d’une soirée très arrosée. Alors que les deux agresseurs s’en seraient vantés le lendemain matin, elle n’en garde aucune réminiscence. Mais est-ce que l’agression a-t-elle vraiment eu lieu ?
Ce premier roman de Kate Reed Petty est très troublant et déstabilisant du fait de l’absence de souvenirs et par la forme adoptée choisie par l’autrice. Cette dernière ne se contente pas de narrer l’histoire par la voix d’Alice ou d’un autre protagoniste en particulier mais ajoute des projets de scénario écrits par Alice et sa meilleure amie, Haley, des lettres d’Alice, des chapitres évoqués par les violeurs présumés. Même les différentes pièces prennent un format différent du texte de l’histoire. Bref, c’est tout un puzzle qui est mis sur la table et qui ne se terminera que dans les toutes dernières pages.
Portrait passé au vitriol des campus universitaires américains, les émotions sont mises de côté pour se concentrer sur le phénomène destructeur de la rumeur et de ce qu’elle engendre.
Certaines longueurs dans le texte ont fait que je n’ai pas pu m’attacher aux personnages ou en ressentir de l’empathie. La multitude de « pièces jointes » a fait que j’ai gardé une certaine forme de détachement vis-à-vis de l’intrigue.
Ce fût une bonne lecture certes mais avec quelques petits écueils qui ont fait que ce livre n’a pas trouvé sa place dans mes coups de cœur du mois.
Que s'est il passé sur la banquette de cette voiture cette nuit d'été ? Qu'on fait ou pas ces adolescents ? Savaient ils ce qu'ils faisaient ?
Il vous faudra un peu de patience et toutes les pages de ce livre pour le découvrir.
Malgré quelques longueurs et lourdeurs, notamment sur la lettre de motivation d’entrée a l'université, l'ouvrage demande de la concentration car le va et vient entre les personnages et les points de vues sont constants.
J'ai pourtant beaucoup aimé l'histoire même si le style ne me convient pas. C'est une vraie réflexion sur la société et le final est une réelle remise en cause.
Allez y .
Accrochez vous car le dénouement en vaut la peine.
Bonne lecture à vous
"Une simple rumeur, lancée en ce lointain été 1999 par deux ados éméchés, a embrasé en un rien de temps toute la communauté. Que s'est-il réellement passé sur la banquette arrière de cette voiture alors qu'ils ramenaient Alice, endormie, chez elle ? Accusations, rejets, déni, faux-semblants... la réalité de chaque protagoniste vacille et reste marquée à tout jamais. Et quand le présent offre une chance de réparer le passé, comment la saisir ? Faut-il se venger ou pardonner ? Ou mieux vaut-il tout oublier ? Mais peut-on oublier ce qu'on n'a jamais vraiment su ?"
True Story a été un réel coup de cœur pour moi. J'ai l'habitude d'adhérer à une histoire, d'aimer un récit, et le moyen d'énonciation passe en général après. J'entend par là les moyens utilisés par l'autrice pour raconter, j'aime bien quand une plume est belle, agréable à lire, ou se démarque de l'ordinaire, mais ce n'est pas ce que je regarde en premier lorsque je lis. Or ici, plus que l'histoire qui est soit intéressante et addictive, c'est plus l'originalité de la plume qui a retenu mon attention. A chaque partie une manière de nous raconter les évènements: récit à la première personne de la par d'un personnage en apparence secondaire à l'intrigue principale; les brouillons de lettres d'entrée à l'université d'Alice; des mails; des messages vocaux; et même une partie entièrement rédigée à la seconde personne du singulier. Si chaque parties s'articulent autour de la même histoire, cette rumeur, ce soir-là que s'est-il réellement passé, il y a aussi une multitudes d'histoires secondaires qui donnent un peu plus de profondeur à nos personnages.
Je ne suis jamais déçue par un Gallmeister, et j'aime y retrouver cette ambiance un peu lugubre, sordide mais teintée d'espoir, ce livre n'a pas fait exception. On se demande tout au loin ce qu'il s'est réellement passé, et l'on doute constamment de ce que nous disent les personnages. Alice est un personnage touchant, et son histoire implique plus qu'une simple rumeur. Mais c'est vrai que je garde de ce livre le souvenir d'être captivée par l'énonciation plus que par l'histoire, qui bien que pleine de rebondissement et surprises que je n'avaient pas vues venir n'aurait a elle seule pas suffit à être un coup de cœur.
Le livre n'en reste pas moins lourd dans les thématique, mais l'espoir, la joie et l'humanité de nos personnages réussissent à percer à travers les lignes de Kate.
Kate Reed Perry adopte une structure narrative assez originale. Entre lettres de candidatures d'entrée à l'université, de lettres personnelles, et de propositions de scénarios, l'auteur varie les typographies comme elle change de style. Sur la forme, le pari de l'originalité est parfaitement rempli. Mais sur le fond, ce roman est-il convaincant ? Le roman aborde la question très intéressante de la rumeur : ses origines, ses raisons d'être, ses colporteurs. Plus encore, l'auteur, pour son premier roman offre une sorte de kaléidoscope dans lequel chacun apporte une petite touche de sa vérité, au risque d'être déformée et peu objective. Au narrateur et au lecteur d'essayer de remettre un peu d'ordre. L'intrigue est rythmée, l'écriture est fluide. Kate Reed Perry offre au lecteur une vraie proposition de lecture, tout à fait singulière par rapport à l'offre actuelle.
Ce roman qui se lit d’un trait - je n’avais pas lu depuis longtemps un tel page-turner - débute par le portrait de Nick, un adolescent ordinaire, joueur dans l’équipe de crosse, pas très malin mais finalement plutôt attachant. Après une fête très alcoolisée, deux de ses amis se vantent d’avoir agressé sexuellement Alice, une élève d’un autre lycée, alors qu’ils la ramenaient chez elle et qu’elle était inconsciente à l’arrière d’une voiture. La scène est d’abord racontée directement par les deux garçons auprès de leur bande d’amis mais cette histoire sordide devient très vite une rumeur qui se répand dans toute la ville et finit par arriver aux oreilles de la victime. Le problème est qu'Alice ne se souvient de rien…
Tout le propos du roman sera de nous faire découvrir, par le biais de différemment points de vue, ce qui s’est réellement passé cette nuit-là. Mais au-delà de cette enquête, Kate Reed Petty étudie la vérité sous toute ses coutures pour nous démontrer à quel point elle est plurielle. On peut la déformer, la taire, l’interpréter… Le vrai, le faux et les possibles s’enchevêtrent, alors que chacun croit détenir sa vérité.
C’est un premier roman à la narration très originale : l’auteure multiplie les points de vue et les matériaux littéraires (e-mails, lettres de motivation pour l’université…) pour nous immerger dans cette histoire dont on a l’impression, au fil des pages, qu’on n’aura jamais le dernier mot...
Le personnage de Nick est intéressant car il est assez cliché et, en même temps, l’auteure arrive à lui donner une certaine étoffe. Le chapitre central intitulé « Week-end perdu » qui raconte l'excursion en solo de Nick dans une cabane au fond des bois pour essayer de se guérir de son addiction à l’alcool est à la fois très drôle et extrêmement tragique. On la croirait tirer d’un recueil de nouvelles de nature writing, Kate Reed Petty a un vrai talent littéraire.
J’ai trouvé en revanche les autres personnages un cran en-dessous. Le roman est long (plus de 400 pages) mais pas assez pour donner suffisamment d’ampleur à tous les personnages, notamment à Matt, l’agresseur présumé qui passe quasiment inaperçu (quelques passages très courts suffisent à le décrire ce qui m’a semblé vraiment dommage).
C’est un roman que j’ai trouvé très agréable à lire en raison des procédés narratifs qui sont vraiment originaux et dynamisant la lecture. La thématique m’a également beaucoup intéressée et interrogée mais je suis restée un peu sur ma faim. J’aurais aimé des personnages plus étoffés et une intrigue un peu plus complexe, notamment sur la fin.
En 2015 Alice écrit de Barcelone à son amie Haley qui est partie précipitamment après avoir appris la vérité sur les faits passés en 1999 : son viol.
Tout au long du livre, il sera raconté les années
1999 la soirée alcoolisée avec Nick, Max, Richard, Haley, Dave et Ham,
2000 la rédaction de sa lettre pour entrer à l’université
2008 le week-end perdu de Nick
2011 sa vie avec Q et le long-métrage documentaire sur la culture du viol réalisé par Haley
2014 le retour sur la vérité.
Pour son premier roman, Kate Reed Petty nous offre une belle écriture sur une histoire déjà réchauffée, mais avec laquelle elle porte l’accent sur les traits d’une intrigue plutôt réussie. Elle nous montre également à travers son roman la façon de penser les choses telles que nous pouvons les voir ou non ; les entendre de témoins de celles et de ceux qui nous relatent les faits.
Si le début et la fin nous font tenir le livre, le milieu est moins extraordinaire notamment sur la forme avec la rédaction d’une lettre plusieurs fois revisitée par Alice malheureusement sans plus-value et sur la réalisation du long-métrage d’Haley qui n’apporte pas plus d’attrait. De même, le week-end de Nick n’apporte pas davantage sur la culture du viol d’une Alice que le synopsis met en exergue.
Dommage car l’écriture est potentiellement intéressante de même le fait de présenter notre perception à imaginer si l’on est dans la vérité et nous révolter ou s’il faut relativiser et traiter de mythomane les personnes qui nous entourent.
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