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Vu les avis bien différents les uns des autres, cela donne envie de découvrir ce roman quand même. Merci.
Hans Blær est un troll trans de trente-trois ans. Hans Blær a les joues rasées de frais, de faux ongles en gel rose, une poitrine imposante, plus petite que celle de sa mère, et un torse velu, un peu plus que celui de son père.
Hans Blær est né hermaphrodite, sa mère a refusé une opération immédiate, et iel s'est choisi le seul prénom épicène de la langue islandaise.
Très jeune, iel a compris que les adultes n'avaient pas le monopole de la définition de la moralité. Et, un jour, iel s'est retrouvé derrière un écran et a compris qu'iel pouvait dire tout et son contraire, être ellui et tous les autres à la fois. Et, puis, Hans Blær est devenu célèbre, sur Internet, à la radio, à la télé : un·e freak en croisade contre les gauchos et la bien-pensance, un·e kamikaze ultra cultivé prêt à brûler tout sur son passage, un·e incendiaire sans pitié jusqu'au jour où iel fera le pas de trop et devra fuir la police, le public, la presse - la lie, la pègre et la racaille...
Norddahl nous livre ici un roman explosif, drôlement cruel et cruellement poignant, sur les excès idéologiques des sociétés contemporaines, sur la volatilité anonyme des réseaux sociaux et sur les absurdités morales qui imprègnent nos sphères les plus intimes. L'auteur est un franc-tireur qui semble tirer à l'aveugle sur la foule, mais qui vise entre les yeux des contradictions et de l'hypocrisie sociale du XXIe siècle.
Un chef-d'oeuvre qui n'épargne rien ni personne.
Illmur/Hans Blaer est né.e une des rare personne intersexe de son époque à ne pas avoir subi à la naissance de chirurgie pour avoir un « sexe normal ». Sa mère a voulu laisser son corps tel quel et iel a été assigné fille. En grandissant, Illmur va toujours plus loin et devient une personnalité des médias et des réseaux sociaux. Ces billets et son comportement toujours plus extrêmes et irrévérencieux sont tolérés jusqu’à la frasque de trop. Je pensais me plonger dans une chasse à l’humain et ce n’est clairement pas ce que l’on a. Le scandale de trop est l’excuse pour revenir sur l’ensemble de la vie d’Illmur/Hans que ce soit de son point de vue ou de celui de sa mère. Rien ne nous est épargné, c’est très trash, cruel et corrosif. Tout ce qui est abordé l’est dans l’excès que ce soit pour les messages sur les réseaux ou la vraie vie. Tout le monde, toutes les minorités s’en prennent plein la tête même celles auxquelles appartient notre énergumène. C’était trop irrévérencieux pour moi mais ce qui m’a le plus désappointé c’est la structure du texte ou plutôt l’impression d’absence de structure. On navigue dans le temps de la naissance à maintenant sans ordre apparent, sans logique apparente non plus. Certaines scènes réapparaissent même de manière aléatoire pour donner un autre point de vue au même élément. Ce roman a du potentiel si on passe au dessus du désordre apparent. J’ai beaucoup aimé la place de l’écriture inclusive qui a un rôle primordial et est bien mise en avant avec les iel, lea et ellui justifiés. Illmur/Hans est une personne cultivée et qui en joue pour faire passer ses frasques. Il y a beaucoup de références dans ce texte qui touche des domaines variés et crée un contraste intéressant entre son comportement et son érudition. Certains passages font presque penser à un essai. Tout est extrême dans ce texte, ce qui en fait une lecture à laquelle on adhère ou non. C’était trop pour moi d’autant qu’il n’y a qu’un pas pour que le lecteur tire la conclusion qu’il faut opérer les bébés intersexes pour éviter les traumatismes qui en ferait des Illmur/Hans en puissance et ça c’est pas un message à faire perdurer. Je suis contente d’avoir tenter ce texte malgré les aspects qui étaient trop pour moi. C’est un texte qui sera surement trop dur pour beaucoup mais qui vaut la peine d’être tenté pour les contrastes intéressants qui sont développés.
Je découvre cet auteur islandais avec ce roman « Troll » que je n'aurais jamais lu s'il ne m'avait été envoyé, dans le cadre d'un jury, sans que je l'aie choisi.
« Troll » a un double sens : c'est un être de la mythologie nordique, incarnant les forces naturelles, caractérisé principalement par son opposition aux hommes et aux dieux mais c'est aussi, dans la sphère Internet, un internaute qui poste des messages volontairement offensants afin de déclencher des polémiques. le titre résume bien le personnage central du roman, Illmur Thöll/Hans Blaer qui rejette toute autorité qui restreindrait sa liberté et se délecte des polémiques qu'il suscite sur les réseaux sociaux.
En effet, Illmur/Hans Blaer est né(e) hermaphrodite ; sa mère l'a identifiée comme fille, Illmur, statut qu'elle a accepté jusqu'à l'adolescence puis a rejeté, en choisissant d'être un homme (Hans Blaer) ; mais iel (pronom non genré islandais) fluctue douloureusement entre ses deux identités. Pour se sentir exister, iel, 33 ans, joue la provocation à outrance dans un talk-show radiophonique, à la télévision, sur les réseaux sociaux et devient une célébrité. Iel se moque totalement des règles et des convenances afin de, croit-il, jouir d'une liberté totale. Mais la société ne peut le laisser impunément créer le chaos et iel sera rattrapé(e) par l'action de trop.
Ce roman est intéressant par la nature du personnage principal, hermaphrodite, qui nous fait réfléchir à ce qu'est le genre, le sexe auquel on s'identifie qui n'est pas forcément celui que la nature a attribué ; il aborde également des thèmes sociétaux actuels comme le politiquement correct qui marginalise ceux qui pensent autrement, la puissance destructrice des réseaux sociaux où haine, insultes, menaces se déversent sans filtre et pratiquement sans contrôle, le féminisme et ses excès. Il pose la question essentielle : que veut dire être libre, jusqu'où peut-on aller pour cela, quelles limites peut-on transgresser? Afin de rendre les messages percutants, le style est volontairement agressif, ordurier comme ce que l'on peut trouver sur les réseaux sociaux mais j'ai trouvé ce procédé lassant lorsqu'il s'étale sur un roman complet.
Ce roman est l'exemple poussé à l'extrême de l'écriture inclusive qui colle parfaitement au personnage à genre double qu'est Illmur/Hans avec l'utilisation du pronom non genré « iel », des pronoms « ellui, lea » et des accords mixtes comme « armé.e ». L'auteur semble aimer jouer, non seulement avec l'écriture inclusive, mais avec les mots en général et les niveaux de langage : il aime les allitérations, l'utilisation de la deuxième personne du prétérit qui donne une impression désuète à la langue lorsqu'il parle de sa mère de 60 ans tout en émaillant le texte de quelques « merde, putain ». Je salue ici le remarquable travail du traducteur pour transcrire tous ces jeux linguistiques et faire preuve d'une inventivité sans frein pour traduire les insultes, les grossièretés et le langage plus que fleuri concernant le sexe.
Malgré l'originalité du propos et son traitement sans concession qui ne peut que déclencher la réflexion, je n'ai pas été emballée par ce roman peut-être à cause de l'omniprésence des réseaux sociaux, de la provocation systématique et du vocabulaire ordurier.
Vu les avis bien différents les uns des autres, cela donne envie de découvrir ce roman quand même. Merci.
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