"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
À trente-huit ans, un beau matin, Eddie se retrouve sur un quai de gare avec trois dollars en poche. Et rien d'autre...
Pourtant, pense-t-il, il a fait tout ce qu'il fallait. Il a suivi de bonnes études, il a épousé une femme intelligente et sensible, pris un emploi passionnant, contracté un crédit raisonnable pour acheter un pavillon où loger sa famille... Alors comment en est-il arrivé là ? Pour répondre à cette question naïve, Eddie revient sur son passé. Tout a commencé, se souvient-il, ce jour de ses huit ans, où la blondinette dont il était amoureux a quitté sa vie parce qu'elle était riche et lui non...
Perlman peint l'absurde au quotidien et réinvente l'émotion. Spirituel, vulnérable et perpétuellement étonné, son personnage a le charme des héros des plus belles comédies américaines à la Capra.
L'histoire d'Eddie est tissée de coïncidences savoureuses, de rencontres tragicomiques, de situations faussement drôles, de quiproquos révélateurs... qui tous ont un point commun : l'infinie tendresse du héros pour les êtres qui l'entourent. Incarnation poétique de l'absurde, la blondinette réapparaît de loin en loin dans la vie d'Eddie, image fugitive toujours plus blonde, plus belle, plus riche.
Entre rire et larmes, le roman de Perlman est le portrait cruel d'un monde où le cours de la Bourse prend le pas sur celui de la vie humaine. C'est aussi un hymne à l'amour.
Le Melbourne d'Eddie, Elliot Perlman le connaît bien. Lui aussi, comme son héros, il s'est retrouvé avec trois dollars en poche, un crédit à payer, une voiture hors d'âge et un bon diplôme universitaire. L'humour et la tendresse sont entre ses mains des armes tranchantes qui lui servent à démonter avec une férocité jubilatoire l'engrenage du rationalisme économique à la Thatcher. Mais il n'en oublie pas l'amour, l'honnêteté et le rêve qui triomphent finalement pour donner un sens à la vie...
Enfant, Eddie Harnovey a été séparé de sa meilleure amie Amanda Claremont car, issu de la classe moyenne, il ne correspondait pas aux critères de sélection de madame Claremont. Malgré cette déconvenue, Eddie a continué son bonhomme de chemin. Il a fait des études, est devenu ingénieur chimiste, comme le père d'Amanda, est tombé amoureux de Tanya, l'a épousée, lui a fait une merveilleuse petite fille et a emprunté pour acheté un pavillon en banlieue de Melbourne. Mais si tout cela ressemble au bonheur, ce n'est pas tout à fait le cas. Les fins de mois sont difficiles pour le jeune couple qui peine à joindre les deux bouts. Tanya prépare son doctorat tout en donnant des cours à la fac, Eddie travaille pour le Ministère de l'environnement, leurs deux salaires sont tout juste suffisants pour assurer le quotidien et rembourser leur crédit immobilier, véritable épée de Damoclès sur leurs têtes obnubilées par la possible perte de la maison au moindre défaut de paiement. Et puis un jour, la corde raide lache. Tanya perd son travail, Eddie remet un rapport qui ne convient pas à ses supérieurs, insiste et se fait licencier. Incapable d'en parler à sa femme, effondré quand il s'aperçoit que le cabinet en recrutement qu'il a choisi est dirigé par Amanda, Eddie perd pied. Il a trente-huit ans, trois dollars en poche et risque de tout perdre.
A travers le destin de son héros, Elliot Perlmann raconte l'Australie des années 90 et son entrée fracassante dans le néo-libéralisme. Fracassante pour la classe moyenne qui a vu tous ses rêves s'effondrer, enfouis sous la mondialisation, la réforme des retraites, les réductions budgétaires, le capitalisme débridé, etc.
Si le livre dans son ensemble souffre de quelques longueurs, il n'en est pas moins le terrible constat d'une situation, ici australienne, mais qu'on peut étendre à l'ensemble des pays dits riches. C'est le Capital qui dirige les états. L'argent décide de tout et passe par-dessus toute autre considération, qu'ils s'agissent des acquis sociaux sans cesse remis en cause, de l'enseignement, des soins ou de l'écologie. Et corollaire de cette société sans âme : la montée en puissance des partis d'extrême-droite.
''...la superficialité intellectuelle et la vacuité morale sont sorties ensemble bras dessus, bras dessous, dans la nuit épaisse de la déraison, ont dansé joue contre joue et engendré vite fait une portée de rejetons grotesques que leur incapacité à douter a autorisés à évacuer les préoccupations des gens bien...''
Voilà résumées par l'auteur, les circonstances de la déchéance d'une famille sans histoires issue de la classe moyenne et qui se bat tous les jours pour s'y maintenir. Des mots qui trouvent un troublant écho dans la France de 2020... A méditer.
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