Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
Une femme perd son chat. En l'enterrant dans son jardin, elle met au jour un trésor. Elle voyage. Elle rencontre un homme en Italie. En l'espace d'un an, sa vie est entièrement transformée.
« J'avais sept ans. J'ai toujours pressenti qu'une douleur lumineuse me toucherait un jour. Je savais que cette douleur inexplicable proviendrait de cette heure où tout, quand j'étais petite, s'était perdu. Il y avait une sorte de neige à la fin de mon enfance qui tombait en silence. Tout devait sortir du fond du monde comme le soleil sort de la nuit. »
Pascal Quignard est né en 1948 à Verneuil-sur-Avre (France). Il vit à Paris. Il est romancier (Carus, Le Salon du Wurtemberg, Tous les matins du monde, Terrasse à Rome, Villa Amalia, Les Solidarités mystérieuses, Les Larmes, Dans ce jardin qu'on aimait, L'Amour la mer). Il a composé deux ensembles où la fiction est mêlée à la réflexion (Petits traités, 1981-1990, tomes I à VIII ; Dernier royaume, 2002-2023, tomes I à XII).
Retour d’un auteur talentueux et prolifique à la fiction... C’est quelque chose à ne pas louper en ce début 2025. Un roman abordable, pour tous, sans gâcher le plaisir de ceux qui aiment le Quignard érudit, conteur, philosophe, poète, le violoncelliste amoureux de musique qui met un peu de tout cela dans ce énième livre.
Au début, c’est l’étonnement ! Pascal Quignard donne une liste d’actions sans émotion, style canevas de scénario. Des phrases avec Elle s’enchaînent, Elle fait ceci, elle fait cela, Elle verbe complément, Elle… Et là je me dis que 300 pages cela va être long… Mais Louise en enterrant son chat « Peer, Peiroos, Périgord », dans son jardin au bord de l’eau trouve un trésor de pièces d’or et de bijoux. Avec tout cet argent elle part pour un voyage au long court en Italie. Elle est correctrice sur les rives de l’Yonne et peut travailler à distance. La banalité de sa vie de cinquantenaire sans attache laisse la place à l’aventure amoureuse lorsqu’elle rencontre Luigi, un bel italien mais au crépuscule de sa vie. La banalité du style fait vite place à des fulgurances, des envolées à chaque page qui m’ont amené à noter une multitude de citations afin de les relire encore et encore pour la beauté des mots, pour la beauté des images.
Je retrouve l’écrivain érudit, l’amoureux de littérature au style si particulier, exigeant avec le lecteur mais capable d’ouvrir des royaumes enfouis du temps jadis (tel des trésors...) et une réflexion-consolation à nos questions d’aujourd’hui. La vie de Louise a pris un tour nouveau, le style de la narration aussi, qui s’envole vers des sommets inouïs.
Les chats, métaphore tactile de la vie sans la parole, toujours un peu fausse. La nature, les chats et la neige, les merveilleuses îles de la baie de Naples : Procida, Ischia, Capri, Nisida. Le soleil là-bas, la neige ici comme le silence sur le silence quand elle tombe.
Il y a ces listes de mots, inventés quelquefois, pour nommer, pour désigner, pour célébrer la vie et l’amour. Ainsi du chat, mais pas seulement, ses multiples noms « Petit Ruisseau, Rillette, Brooklet », ces petits mots pour dire qu’on aime. Les listes sont partout, profusion de la nature où la beauté foisonnante donne le tournis. Un texte qui montre qu’on écrit comme on pense et qu’il faut lâcher prise pour laisser sa liberté au style. D’une poupée d’enfant il passe aux morts qui précèdent la naissance, aux saints martyrs, aux prénoms, aux mots des vivants de jadis… Son art de la digression savante donne du sens à toute chose ici.
On devine le Il de l’auteur à travers le Elle de Louise. Pascal Quignard parvient toujours à étonner à la page suivante, il est d’une jeunesse imprévisible. Interrogation sur la tristesse de la perte, de la mort. « Les adieux s’enclenchaient les uns aux autres comme les seaux d’une noria. » Il est un amoureux des antiques et de tout ce que la terre a porté comme poète et penseur. Quand il zappe c’est pour parcourir les centaines de milliers d’années de présence de l’homme sur la terre et de la vie au-delà… Il a lu Virgile, Cicéron, Homère et les références abondent, au gré des voyages, rappelant la présence des morts parmi nous dans la succession de couches de sens dont nous pouvons bénéficier si nous le voulons, si nous lisons… La religion est partout, mais pas celle des dogmatiques apeurés. Elle est gourmandise de sens, d’élévation, de vies retirées à l’oubli : « Un relief de mythe ou de légende. ». Il n’est pas à genou mais debout devant la vie, dialoguant librement avec elle. Œuvre de philosophe, de poète aussi, tutoyant la pensée depuis les origines obscures.
Il faut de la curiosité pour entrer dans le monde enchanté de cet auteur mais le voyage vaut la joie à trouver dans celui-ci. Pascal Quignard est né en 1948 à Verneuil-sur-Avre. Le père de Louise, son personnage de Trésor caché, a sa maison à L’Aigle, une commune à proximité de Verneuil-sur-Avre. Autant dire que Louise semble un double très proche de l’auteur. Au fil des années je me suis plongé avec gourmandise dans une œuvre foisonnante dont il est, à mon avis, impossible de faire le tour. J’ai aimé ses romans (Le Salon du Wurtemberg, Tous les matins du monde, Terrasse à Rome). Je n’ai encore rien lu des Petits traités, un ensemble de 8 tomes mais je me suis délecté de ses rêveries fiction, somme de 12 tomes de l’aujourd’hui et du jadis immémorial, du Dernier royaume, (Les ombre errantes, Les désarçonnés, L’homme aux trois lettres...).
Avez-vous goûté aux trésors de cet auteur ?
Chronique complète avec illustrations (composition photo personnelle avec chat et oiseau, musique,carte...) sur mon blog Bibliofeel ou Clesbibliofeel (Facebook et Instagram)
Trésor caché est un roman sur le deuil et l'amour, de l’Yonne à l’île italienne de Procida, cette histoire d’amour dont l'écriture est fait avec finesse, une grande luminosité, le style est aussi ciselé et puissant. Pascal Quignard dresse le portrait d'une femme avec Louise qui se réinvente, de beaux paysages décrient, on y mêlera aussi le passé avec l'antiquité et l'Illiade. Un roman que je conseille.
La nature, les fleurs, les arbres, les chats, l'âge, l'amour, le silence, la vieillesse, la mort sont les thèmes abordés dans ce roman. Un roman Sensible, poétique qui m"a transportée
"C'est la nature qui parle en nous et qui est le sujet de nos vies." La nature y est tellement présente, elle éblouit, par le chant des oiseaux, le bruit des vagues, l'eau
Une réflexion profonde sur la nature humaine. J'ai beaucoup aimé lire ses pages comme ensorcelée par toute cette beauté ! Une grande puissance poétique à chaque phrase.
Un magnifique roman pour cette rentrée 2025
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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