Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Convaincu de l'innocence de Calas exécuté en 1762, Voltaire met sa plume au service de la justice pour demander sa réhabilitation. Le négociant huguenot était accusé du meurtre de son fils qui voulait se convertir au catholicisme.
Avec une ironie mordante et un style inimitable, l'écrivain plaide pour le respect des croyances et l'esprit de tolérance.
Une réflexion très actuelle sur le système judiciaire, la responsabilité des juges et les effets pervers des lois.
Acheté lors d'une visite au Panthéon... Un livre essentiel très certainement. D'u point de vu historique d'abord où il décrit la justice et ses châtiments tels qu'ils existaient au temps du siècle des lumières, au travers de l'affaire Calas. Impressionnant de barbarie. Et puis, surtout, la tolérance expliquée et vue par Voltaire, le tout empreint de théologie. Un livre finalement très actuel, la tolérance étant un combat de tous les instants.
Evidemment un livre à lire ou relire, Voltaire étant de ceux qui ont contribué à élever l'âme humaine.
Acheté lors des attentats de janvier, j'ai attendu quelques mois avant de lire ce recueil de Voltaire sur la tolérance.
J'apprécié toujours autant cet auteur pour sa modernité et son avant-gardisme avec une préférence pour sa "Prière à Dieu".
Conséquences de l'attentat contre Charlie-Hebdo, Le "Traité sur la tolérance" de Voltaire est épuisé et les éditeurs doivent le réimprimer en urgence. Mais, pour les impatients, il est toujours accessible sur internet.
Lecture édifiante et pertinente !
L'histoire de Jean Calas d'abord. Car le Traité sur la tolérance commence par le récit d'une erreur judiciaire : Un tranquille négociant toulousain, protestant, est accusé par la rumeur publique d'avoir pendu son fils qui aurait voulu se convertir au catholicisme.
Voltaire raconte l'affaire comme un journaliste d'investigation de Médiapart. La folle rumeur est démontée. Sont dénoncés, la démagogie du capitoul qui surenchérit sur ses électeurs ; le fanatisme des pénitents portant "un long capuce avec un masque de drap percé de deux trous pour laisser la vue libre", qui évoque irrésistiblement la sinistre confrérie du Klu Klux Klan ; l'hystérie de la foule qui dépouille le cadavre du fils pour collectionner les reliques, dans une religiosité cannibale, annonçant des scènes semblables qui se reproduiront dans la région, à Hautefaye en Dordogne, à la fin du XIXème siècle.
Voltaire fait le procès de juges toulousains : ils devaient ramener la sérénité, mais ils sont saisis par le vent de folie, dans le souvenir des guerres de religion, au point d'en oublier leur impartialité. "Quelques Magistrats étaient de la Confrairie des Pénitents blancs". Le délibéré des 13 juges est agité et même "violent", surtout entre deux magistrats : "l’éclat fut si grand, qu’ils furent obligés de se récuser l’un & l’autre ; ils se retirèrent à la campagne"..."Mais, par un malheur étrange, le Juge favorable aux Calas eut la délicatesse de persister dans sa récusation, & l’autre revint donner sa voix contre ceux qu’il ne devait point juger : ce fut cette voix qui forma la condamnation à la roue".
Le supplice est atroce, mais habituel à l'époque, pour l'édification d'une populace gourmande. Michel Foucault, dans Surveiller et punir, a raconté spectaculairement le supplice de Damiens, quelques années plus tôt.
Pour Calas, l’arrêt du Parlement de Toulouse a prévu que le bourreau « lui rompra et brisera bras, jambes, cuisses et reins, ensuite l'exposera sur une roue qui sera dressée tout auprès du dit échafaud, la face tournée vers le ciel pour y vivre en peine et repentance des dits crimes et méfaits, (et servir d'exemple et donner de la terreur aux méchants) tout autant qu'il plaira à Dieu lui donner de la vie ». Au bout de deux heures, le bourreau l'étrangle puis jette son corps dans un bûcher.
Voltaire s'informe de la procédure pénale. "La prépondérance d'une voix fait rouer un citoyen" ! La raison voudrait que le jugement fut unanime, suggère-t-il ! Les juges attendaient l'aveu sous la torture. Mais Calas meurt en prenant Dieu à témoin de son innocence et le priant de pardonner à ses juges. Troublés, les magistrats libèrent le reste de la famille, sans se soucier de rendre "un second arrêt contradictoire avec le premier".
Voltaire multiplie démarches et libelles. Le Parlement de Toulouse refuse de communiquer les pièces du procès et le jugement. Avec méthode et logique, Voltaire refait le procès et démontre l'innocence de Jean Calas. C'est alors que se dresse le parti des dévots : "Plusieurs personnes, qu’on appelle en France dévotes, dirent hautement qu’il valait bien mieux laisser rouer un vieux Calviniste innocent, que d’exposer huit Conseillers de Languedoc convenir qu’ils s’étaient trompés ; on se servit même de cette expression : « Il y a plus de Magistrats que de Calas". Ainsi préfèrera-t-on laisser condamner l'innocent Dreyfus plutôt que de désavouer l'Armée Française et sa justice coupable.
Jouant du conflit entre les Parlements et le Roi, Voltaire fait porter l'affaire devant la Chambre des requêtes de l’hôtel (justice royale). En 1764, une assemblée de quatre-vingt juges casse l’arrêt du Parlement de Toulouse. En 1765, la Chambre des requêtes de l’hôtel réhabilite à l’unanimité Jean Calas et sa famille, laquelle est acclamée dans les rues de Paris. Le Roi fait délivrer 36 000 livres en dédommagement.
Voltaire a inventé l'affaire politique, au sens moderne.
La deuxième partie de son texte, long débat théologique, plonge dans l'actualité. Voltaire recherche dans la Bible, comme on pourrait rechercher dans le Coran aujourd'hui, les versets qui justifient la cruauté et les châtiments encouragés par la Religion contre ceux qui lui échappent. Il regarde en particulier le nouveau testament : "Il n’y a, si je ne me trompe, que peu de passages dans les Évangiles, dont l’esprit persécuteur ait pu inférer que l’intolérance, la contrainte sont légitimes". Après avoir chargé les deux plateaux de la balance, c'est la tolérance qui triomphe, partout : dans les textes sacrés, mais aussi dans l'Histoire, qu'il analyse en de savantes démonstrations, et dans tous les pays. Il fait feu de tout bois. Il invoque les sages, les saints, les pères de l’Église, les philosophes, Locke en particulier, qui un siècle auparavant faisait déjà l’éloge de la tolérance. Il utilise le raisonnement, la satire, l'érudition, l'éloquence. Il veut convaincre : "Il faut que l’esprit d’intolérance soit appuyé sur de bien mauvaises raisons, puisqu’il cherche partout les plus vains prétextes". Tout le mal vient de "cette sombre superstition qui porte les âmes faibles à imputer des crimes à quiconque ne pense pas comme elles". Et Voltaire, déiste, dont l'émouvante prière à Dieu finale accrédite le propos auprès de la monarchie très chrétienne, place son espoir dans "l'esprit de raison qui commence à répandre partout la lumière".
On aura remarqué au passage qu'il omet de parler de l'Islam et du Coran. Difficile de caractériser son opinion à ce sujet. Dans un texte à charge, Le Fanatisme ou Mahomet le Prophète, il dénonce, à travers le prophète, le fanatisme et l’intégrisme religieux de l’Islam. Mais chacun comprend que c'est l’Église catholique qui est visée, et sa pièce est aussitôt interdite. Dans ses écrits plus tardifs, il admire le prophète : « Sa religion est sage, sévère, chaste et humaine : sage puisqu’elle ne tombe pas dans la démence de donner à Dieu des associés, et qu’elle n’a point de mystère ; sévère puisqu’elle défend les jeux de hasard, le vin et les liqueurs fortes, et qu’elle ordonne la prière cinq fois par jour ; chaste, puisqu’elle réduit à quatre femmes ce nombre prodigieux d’épouses qui partageaient le lit de tous les princes de l’Orient ; humaine, puisqu’elle nous ordonne l’aumône, bien plus rigoureusement que le voyage de La Mecque. Ajoutez à tous ces caractères de vérité, la tolérance. » (Voltaire, Il faut prendre un parti, ou le principe d'action, diatribe, XXIII discours d'un Turc, p. 58)
Aujourd'hui, Michel Onfray (et bien d'autres) recensent dans le Coran les sourates appelant à la violence contre les infidèles et justifiant le Djihad ( "250 sur 6235", affirma-t-il à JJ Bourdin, en mai 2013).
D'autres exégètes voient au contraire dans l'Islam un religion de paix et de fraternité, dévoyée par des interprétations littérales et rigoristes. Ils ont aussi leurs sourates : "Tuer une âme non coupable du meurtre d'une autre âme, ou de dégâts sur la terre, c'est comme d'avoir tué l’humanité toute entière; et que faire vivre une âme c'est faire vivre l'humanité entière " (V-32) ; "Ne tuez pas la personne, Dieu la protège par un interdit..." (XVII-33) ; " Dieu ordonne la justice, le bel-agir, la libéralité envers les proches ; il proscrit la turpitude, le blâmable, la démesure. IL vous sermonne attendant de vous que vous méditiez" (XVI-90), etc... - traduction Jacques Berque, Albin Michel, 2002 -.
L'islam a été une civilisation de lumières, s'appuyant sur la raison, bien avant la Renaissance (Omar Khayyam, mathématicien et poète au XIème siècle, Averroès , rationaliste aristotélicien et El Idrissi, géographe et botaniste au XIIème siècle, Ibn Khaldoun précurseur de la sociologie moderne au XIVème siècle...).
Les religions du livre ont un rapport plus ou moins distancié avec le texte. Dans l'Islam le livre contient la parole divine. Le judaïsme est plutôt la religion de l'interprétation du livre. Le christianisme se réfère à la parole de Dieu plutôt qu'au livre lui même.
Mais en théologie comme en droit, la lecture d'un texte appelle nécessairement son interprétation. "Car lire, ce n’est pas vitrifier le langage, c’est le remettre en mouvement. Lire, ce n’est pas idolâtrer un texte, c’est l’ouvrir à l’infinie pluralité du sens", comme l'écrit Jean Birnbaum, responsable du Monde des livres (29.01.2015) dans un article justement intitulé Les terroriste ne savent pas lire.
Voltaire, toujours actuel, invite précisément à cet effort de lecture.
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