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Un roman qui nous fait ressentir toute la magie et la poésie des paysages de l'Antarctique à travers les aventures d'une équipe de scientifiques.
Sur la base scientifique d'Ubunto-bay, au coeur de l'Antarctique, une poignée d'hommes et de femmes partagent un été. Le jeune Apollinaire travaille sur le chantier de fouille d'une mystérieuse épave. Johanne, documentariste, enregistre le chant des icebergs et les voix des humains alentour. Dans ce monde exposé à une seule nuit par an, chacun apprend à désapprendre pour découvrir qu'au sein des glaces palpite un monde à la mémoire vertigineuse. Mais la magie ancestrale de ces paysages ne peut faire oublier le poids des bouleversements climatiques, les dangers du travail sur le terrain et les soubresauts géopolitiques qui menacent la paix fragile de ces espaces.
Dans ce voyage littéraire sur le continent blanc, Alizée Gau nous raconte les amours et les amitiés qui se nouent entre ces hommes et femmes, chacun nomade à sa façon, leur rapport ambigu au territoire, et la beauté hostile d'un univers à son point de bascule.
« Dans le monde a surgi un sentiment nouveau
A travers le monde passe un puissant appel ;
Sur les ailes d’un vent favorable
Qu’il vole maintenant de lieu en lieu
Sous le signe sacré de l’espoir
Se rassemblent des combattants de la paix
Et c’est rapidement que la cause croît
Grace au travail de ceux qui espèrent. »
Ce message d’espoir, de foi dans le futur, écrit en esperanto, a été découvert près de la base russe de Zlato par des archéologues de la base francophone d’Ubunto-bay. Nous sommes au Pôle Sud, sur le continent antarctique. Suite au signalement des scientifiques soviétiques concernant la découverte d’un cairn près d’un nunatak (montagne recouverte de glace), une équipe de chercheurs français a été dépêchée. Ils ont quitté les fouilles entreprises sur l’épave d’un bateau pris dans les glaces au siècle dernier, persuadés qu’ils pourront y trouver traces des naufragés. A défaut de traces humaines, ils ont trouvé, sous les pierres, ce mot écrit sur une fine feuille de papier enroulée dans un stylo.
L’entraide fonctionne bien ou plutôt fonctionnait bien entre les équipes des camps de nationalités diverses. Il faut dire que ce continent est soumis au traité sur l’Antarctique qui date de 1959, qui gèle notamment toutes les revendications de souveraineté d’un pays. Mais voilà, sur la radio satellitaire de notre base d’Ubunto-bay, les informations ne sont pas rassurantes de l’autre côté du globe, au Pôle Nord, la déglaciation plus avancée attise les convoitises d’exploitation des ressources naturelles. L’OTAN, la Russie et la Chine (ayant déclaré qu’elle était un Etat « quasi-polaire ») intensifient leurs activités militaires dans cette zone. Par répercussion, des militaires sont envoyés, pour encadrer les scientifiques, par les nations sur les bases du continent austral. Ma lecture récente d’un numéro de Géo d’août 2024 corrobore ce phénomène, la base-village d’Esperanza détenue par les argentins n’héberge plus que des militaires.
C’est sur le point de bascule de ce continent qu’Alizée Gau nous alerte dans ce roman « Tout le blanc du monde ». Menacé par ces visées géopolitiques, mais bien sûr aussi par l’effet du réchauffement climatique. On suit avec plaisir les travaux des chercheurs de la base, durant cet été austral, qui auscultent les icebergs et enregistrent leur chant, effectuent des carottages pour puiser « la mémoire vertigineuse » au sein des glaces. Avec nos deux héros Apollinaire, post-adolescent, originaire de Mayotte, un peu introverti à cause de sa synesthésie (capacité sensorielle exceptionnelle) et Johanne, une jeune baroudeuse documentariste dernières recrues de la petite équipe d’Ubunto-bay, nous suivons les difficultés d’une vie en vase clos. Nous sommes initiés, également, aux multiples dangers de cet univers de l’extrême.
Jolie lecture, enrichissante, dépaysante. Nous nous joignions à Alizée pour dédier ce livre « aux artisans de la paix au pôle sud, aux chercheurs du vide », pour que nous puissions chanter encore longtemps à nos petits enfants la comptine des amis de la banquise
« Donne-moi la main, je t’amène en voyage
Dans un pays lointain où vivent nos copains
Donne-moi la main, traversons les nuages
Partons faire une bise aux amis de la Banquise
Il y a la baleine qui chante comme une sirène
Et aussi le pingouin qui tape dans ses mains
Tiens voilà l’ours polaire avec son gros derrière
Et regarde le morse comme il bombe le torse
Donne-moi la main, on va faire des bêtises
Avec tous nos amis, nos amis de la Banquise »
Sincères remerciements à Maud des Editions Robert Laffont et aux Editions Dalva
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