"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Années 1970, Montréal. The Main, autre nom du boulevard Saint-Laurent, est la colonne vertébrale d'un quartier où prostituées, escrocs et clochards cohabitent avec les ouvriers et les nouveaux immigrés. C'est le territoire du lieutenant Claude La Pointe, qu'il surveille jalousement depuis 30 ans. Accompagné d'un jeune policier, il enquête sur un meurtre commis au fond d'une ruelle.
J’ai aimé le travelling avant de l’ouverture du roman : cette longue description de ce qu’il se passe sur ce boulevard Saint-Laurent de Montréal un soir d’hiver. Une même description clôt le livre.
Et il y en a, de la vie, sur cette artère un peu oubliée de la ville où se côtoient différentes nationalités : les italiens et les juifs, les SDF et les prostituées. Artère que les anglos appelle the Main : la rue principale.
Un policier veille sur eux tous, rassurant par sa présence, faisant en sorte que rien ne dérape.
J’ai aimé le lieutenant LaPointe, policier solitaire et veuf qui connait toutes et tous, qui joue aux cartes (au pinocle) deux soirs par semaine avec 2 commerçants et un prêtre, son pardessus pelucheux qu’il ne quitte jamais, sa relecture sans fin de Zola.
J’ai adoré découvrir le vocabulaire spécifique à cette ville : le jouaf est la langue populaire des Québécois francophones de Montréal ; les robineux sont les clochards…
J’ai aimé sa nouvelle aide Guttman, tout juste entré dans la police, qui voit d’un mauvais oeil les façons de faire de LaPointe. Pourtant, ces méthodes portent leurs fruits quand il s’agit d’éloigner du quartier un proxénète de mineures.
J’ai eu plus de mal à cerner la jeune prostituée que LaPointe prend chez lui : va-telle le voler ? va-t-elle se servir de lui ?
J’ai aimé la résolution de l’enquête, le meurtrier que l’on ne pouvait pas deviner.
Bien sûr, j’ai aimé l’humour discret de l’auteur et l’ambiance du roman.
J’ai quitté à regret ce boulevard et ses habitants.
L’image que je retiendrai :
Celle de l’appartement froid de LaPointe, qu’il ne chauffe que les rares nuits où il y dort.
https://alexmotamots.fr/the-main-trevanian/
"The Main", une rue populaire du Montréal des années 1970, est le territoire du lieutenant Claude LaPointe, un vieux flic veuf qui, le soir, après avoir arpenté les rues du quartier, joue aux cartes avec ses amis.
Trois événements viennent bouleverser la vie du policier : un jeune homme est retrouvé assassiné dans une ruelle ; on lui adjoint Guttmann, un stagiaire, pour mener l'enquête ; il prend sous son aile Marie-Louise, une jeune femme égarée en ville et qui se prostitue occasionnellement.
Quelle plume !
L'auteur nous entraine dans les pas du lieutenant LaPointe, en patrouille le long de "The Main", la rue du policier, et ses ruelles adjacentes. Cette déambulation est l'opportunité saisie pour nous faire toucher du doigt l'ambiance du quartier. Un quartier qui est le personnage principal du roman, avec ses bars glauques, ses prostituées occasionnelles ou professionnelles, ses petits truands, mais aussi ses braves gens qui cherchent un moyen de s'en sortir... Le décor est planté !
Confronté à la violence, une violence qu'il utilise parfois lui-même, le vieux policier désabusé va voir ses méthodes interrogées par la jeunesse, représentée par le stagiaire et la jeune femme qu'il héberge. Une remise en cause qui culminera lors du dénouement de l'enquête.
Il n'y a pas de stratégie dans la façon dont l'enquête est menée. Le policier se laisse porter d'indice en indice, ouvre des portes les unes après les autres en espérant que l'une d'entre elles révèlera le coupable. Il lui faudra quand même l'œil d'un scientifique et un peu de chance pour résoudre l'affaire.
L'auteur a une façon bien à lui d'écrire, avec lenteur, faisant ressentir sans toujours donner trop de détail. On peut parfois penser aux meilleurs des Simenon-Maigret, le dépaysement en plus.
Une plume originale !
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/01/06/the-main-trevanian-gallmeister-une-plume-originale/
Pour apprécier ce polar atypique, il faut accepter de se laisser porter par le rythme lent de l'intrigue. Si vous ne jurez que par la frénésie des polars actuels qui jouent la montre, la course aux rebondissements et le dénouement abracadantesque, passez votre chemin. Ici, la trame est ultra simple en mode traditionnel pépère meurtre – enquête – résolution.
En fait, l'enquête en elle-même n'est qu'un prétexte pour nous promener dans La Main, quartier central de Montréal, à la lisière des communautés et des milieux sociaux, pas loin du taudis cosmopolite. C'est toute l'ambiance des années 70 que l'on hume. Magistral comme ce quartier prend vie à travers une approche quasi sociologique de toute la faune locale : drogués, prostituées, jeunes filles paumées, escrocs minables, robineux ( SDF en québécois ). Pas un hasard si le personnage central, l'enquêteur LaPointe lit inlassablement la saga naturaliste de Zola.
J'ai eu un coup de coeur pour ce personnage de vieux flic fatigué mais toujours passionné par la protection des anonymes de son secteur, rongé par des fêlures inguérissables. Un personnage profondément humain et touchant.
Le tout est porté par une très belle langue, vivante, puissante et envoutante.
Un faux polar sensible inclassable. Mon deuxième Trevanian après la déflagration Shibumi.
Années 70 à Montreal : The Main ou boulevard St-Laurent traverse toute la largeur de l'île de Montréal et y abrite immigrants de tout poil, trafiquants, clochards et prostituées.
Le lieutenant Lapointe navigue dans ce monde interlope depuis plus de 30 ans, essayant tant bien que mal d'y faire respecter la loi avec vigueur et humanité et s'attirant la vindicte de sa hiérarchie à cause de ses méthodes musclées et de son absence totale de sens politique. Incorruptible le chum !
A coté d'une intrigue relativement secondaire, on est happé par ce roman noir sociologique au coeur d'un quartier multiculturel de Montreal, le Montreal des années 70, où le joual et ses expressions savoureuses font mouche, on est happé par la dérive de ce flic blessé par son passé et profondément désabusé qui fait régner dans « son » quartier une aura de tendresse et d'humanité. Un sacré bon roman, tabernacle !
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