Choisissez, lisez et chroniquez !
Bienvenue en l'an 2454.
L'humanité connaît sur Terre un nouvel âge d'or, après un conflit ayant mis fin à la foi aux États-nations et aux religions. Aux moyens d'une censure précise, aux trésors de l'analyse statistiques et à l'abondance technologique, sept factions dirigent le monde.
Condamné à la servitude à vie pour un crime dont on ignore tout, Mycroft Canner est l'un des instruments de ce pouvoir. Lorsqu'on lui demande d'enquêter sur un vol étrange, il se retrouve bientôt sur la piste d'une conspiration à même d'ébranler la paix fragile. Mais Mycroft cache lui aussi ses secrets, telle cette menace qui a la forme improbable d'un garçonnet de treize ans aux pouvoir inimaginables. Comment ce monde utopique qui a banni Dieu pourra appréhender cet enfant capable d'authentiques miracles ?
Avec Trop semblable à l'éclair, premier volet de la tétralogie « Terra Ignota », Ada Palmer nous offre une oeuvre d'une ambition et d'une érudition folles, transposant la philosophie des Lumières dans un futur lointain et étranger. Un roman magistral et fascinant. Un classique instantané.
https://bookshowl.blogspot.com/2021/01/terra-ignota-tome-1-trop-semblable.html
Petite nouveauté sur le blog grâce (à cause ?) de ce livre : les abandons ! J'ai décidé cette année de ne plus m'acharner à lire des livres qui, dès les premières pages, ne me plaisent pas et surtout ne pas hésiter à les chroniquer quand même ! De plus, le problème de ce livre, c'était le style, et celui ci ne risquait pas de changer au fur et à mesure de ma lecture.
Ce livre est réputé exigeant et difficile. Selon moi, il est surtout compliqué pour rien... Dès les premières pages, nous découvrons un livre écrit à la première personne (déjà c'est mal parti pour moi qui déteste ça), le narrateur est très présent, n'hésitant pas à casser le 4ème mur et à parler au lecteur. Je n'ai rien contre cela, mon livre préféré a un narrateur très présent, sauf qu'ici il nous prend de haut, avilissant le lecteur et le bourrant de concepts philosophiques censés aider à la compréhension de la société futuriste que l'on découvre au compte goute. Sauf qu'il décrit plus qu'il n'explique et cela ne mène à rien à part retarder encore et toujours le récit.
Dans le futur, la notion de genre n'existe plus vraiment, les pronoms "il/elle" sont donc remplacés par "on" et "ons" au pluriel, ce qui est juste illisible ! Je ne sais pas ce qui a été utilisé en anglais, mais en français ça ne marche pas, ça embrouille plus qu'autre chose et je me suis mise à remplacer les "on" par "il/elle" dans ma tête pour pouvoir comprendre quelque chose, c'est donc stupide ! Pourquoi ne pas avoir utilisé "iel" comme dans L'espace d'un an par exemple ?
J'ai lu plus de 150 pages et je ne saurais pas vous dire de quoi parle le livre. Le personnage qui parle est une sorte d'esclave (dans le futur, celui qui commet un crime a le choix entre une vie de servitude ou la mort) et il semble être le confident de tous les puissants du monde et va devoir à la fois protéger et cacher un enfant prodigieux qui n'est pas encore prêt à dévoiler ses pouvoirs au monde et résoudre la disparation d'une mystérieuse liste de noms importants. Depuis que les voitures volantes peuvent faire le tour du monde en un temps record, il n'y a plus vraiment de notion de pays, mais plutôt des ruches ou des bash (pas trop compris si c'était la même chose ou non malgré les tirades que l'on nous sert sur l'origine de ces deux noms) Bref, que des étranges coïncidences autour de ce personnages qui est important pour tout le monde pour on ne sait quelle raison...
Je vais arrêter le massacre de ce livre ici. Le style, je ne dis pas, c'est important, je n'ai rien contre les exercices de style lorsqu'ils sont bien faits, sauf qu'ici j'ai eu l'impression que l'auteure s'était forcée à faire un truc intellectuel, à donner des effets à son récit et ce au dépend de l'histoire qui n'avance pas et que, du coup, on peine à comprendre. Pour moi la science-fiction ce n'est pas pondre un truc abstrait que l'on essaye d'expliquer avec des notions philosophiques mais c'est plutôt essayer de penser autrement, différemment. Pour moi Becky Chambers est la reine dans ce domaine, elle arrive tout naturellement à nous emmener dans des voyages étonnants sans que l'on ait le cerveau qui fume !
On m'avait prévenu que ce livre était exigeant, qu'il ne se lisait pas sans un minimum d'effort. Mais on m'avait aussi dit que les efforts fournis étaient largement récompensés.
Maintenant que je l'ai lu, je peux confirmer que tout ce qu'on m'a dit est vrai.
L'exigence se situe à plusieurs niveaux :
- Au niveau de la lecture en elle même puisque la narration est très particulière. On y trouve des interpellations du lecteur faites par le narrateur, de passages dans un français du siècle des Lumières, ou encore des passages en latin...
- Au niveau des personnages ensuite. J'ai failli prendre des notes pour savoir qui était qui.
- Enfin, l'appréhension globale de cet univers ne peut se faire qu'au fil des pages, au rythme des informations que nous donne l'auteure. Cela renforce cette sensation d'avoir pénétré un univers inconnu.
Il faut accepter de faire confiance à l'auteure pour nous donner les clés de compréhension au fur et à mesure, car on ne peut comprendre de quoi il s'agit sans ces clés.
Une fois cela intégré, j'ai pris un réel plaisir à découvrir et comprendre les interactions entre les personnages, les rouages d'une société qui se voulait idéale et équitable (sur le papier au moins). J'ai pris un grand plaisir à découvrir les fonctionnements de cet univers.
Jusque dans les derniers chapitres, l'auteure nous donne des informations qui nous éclairent sur les premiers chapitres.
Une lecture certes exigeante, mais jouissive...
J’ai reçu Terra ignota dans le cadre des explorateurs de l’imaginaire. Merci au bélial et au site lecteurs.com pour cette merveilleuse découverte. Voilà une excellente lecture, passionnante, originale et dense.
Ada Palmer ne nous offre pas toutes les clés de compréhension au départ. Le lecteur s’acclimate peu à peu ce qui est un effort qu’il faut accepter de faire et qui vaut la peine. Je n’ai pas pu m’empêcher de rattacher ce point nécessaire à ma lecture d’anatem : il faut accepter le fait qu’on ne comprendra pas tout tout de suite.
L’univers est très original, développé, construit et d’une grande variété.
L’intrigue se déroule dans un futur où les distances ne sont plus un problème et où la religion est éradiquée. La technologie est primordiale et influence la construction de la société. Entre les voitures volantes qui anéantissent les distances, les traceurs, les animaux robots…, on est loin d’un futur où tout s’est effondré. Ce qui est complètement différent du présent c’est le découpage de la Terre, il n’y a plus de pays mais 7 ruches indépendantes de leur localisation géographique. Devenu adulte, chacun choisit quelle ruche correspond le mieux à sa philosophie de vie, son ambition. Chaque ruche suit sa direction, elle a son fonctionnement et une politique qui lui est propre et unique. Découvrir la construction de chaque ruche est passionant. Il est aussi possible de devenir hors ruche ce qui entraine liberté mais aussi une absence complète de protection juridique.
Autre originalité, il n’y a plus de famille au sens actuel du terme. Les personnes sont regroupés en bash. Cette structure est constitué de 4 à 20 membres qui vivent et élèvent les enfants en commun. Cette unité de base permet une grande liberté au niveau des relations. A première vue, l’univers en paix avec un fonctionnement original fait penser à une utopie mais est-ce vraiment le cas. Entre les servants qui sont des esclaves modernes, les immuables qui sont discriminés, les inégalités sociales qui persistent… on est loin d’avoir un univers si lisse et sans soucis qu’on attend d’une utopie. Si l’univers est particulièrement bien construit et développée, l’écriture et la langue n’ont pas été négligées pour autant et colle avec l’univers. Les références littéraires et philosophiques sont nombreuses en particulier celle liées aux Lumières. La langue utilisée est aussi une preuve de l’évolution de la société. Il n’y a plus de genre, c’est même insultant d’utiliser les marque de genres et pour illustrer cela, le traducteur utilise on pour le singulier et ons pour le pluriel. C’est déroutant ce choix de traduction du they anglais, ça demande un temps d’adaptation mais ça marche vraiment bien. Je me demande si je n’aurai pas préféré l’utilisation de iel/iels mais il est vrai que ce choix aurait probablement aussi dérangé certaines personnes.
Les jeux de langage sont aussi nombreux : entre les interrogations sur l’étymologie, les remarques sur la perte à la traduction et les réponses potentielles du lecteur au narrateur rédigé en ancien français avec l’ancienne graphie, garder un bon rythme n’était pas évident et pourtant c’est réussi. Autre aspect qui aurait pu casser le rythme de l’histoire, les digressions sont nombreuses. Le narrateur s’adresse au lecteur, fait des pauses philosophiques, insère des fausses pistes et manipule le lecteur. Encore une fois, c’est bien dosé et ça fonctionne.
Un dernier point clé de cette lecture, le narrateur est très intéressant, son ambivalence participe à l’atmosphère du récit. Il affirme dès le départ qu’il est horrible, qu’il ne faut ni lui faire confiance ni s’attacher à lui et pourtant on aime le suivre et on s’attache ce qui rend d’autant plus marquant la révélation sur son passé. J’ai adoré ma lecture mais il est important de prévenir que c’est une lecture exigeante où tout fonctionne mais demandera une certaine concentration. Hâte de lire le second tome.
update : j'ai aussi écouté la version audio
Terra ignota est ma saga coup de coeur absolue. Quand j’ai vu que le premier tome paraissait en version audio et qu’il était disponible sur netgalley, j’étais la plus heureuse du monde entier et j’avais hâte de redécouvrir cette oeuvre via un autre support. Malheureusement j’ai vite déchanté mais pour bien comprendre ce qui m’a posé soucis, il est important de rappeler les principes clés de l'univers. C’est une société dégenrée, sans communauté religieuse, avec 7 ruches remplaçant les pays, des bashs remplaçant les familles et une société dégenrée. Oui j’ai écrit 2 fois dégenrée car ça a son importance au vu de l’audio. Est ce que je recommande la lecture ? Oui. Est ce que je recommande l’audio ? hélas non. J’ai l’impression que le lecteur n’a pas compris ce qu’il a lu et a tout pris au pied de la lettre. Oui le roman est présenté comme un compte rendu historique, non ce n’est pas un rapport classique sans prise de position du narrateur. Du coup, lire le récit de Mycroft comme un livre d’histoire d’une voix monotone sans le ton décalé et impertinent qui fait tout le charme de ce texte, ce n’est pas très judicieux mais à la rigueur on peut faire avec. Donner une voix molle et digne de Winnie l’ourson, à Sniper alors que c’est le/la sex symbol ultime que tout le monde mettrait bien dans son lit, ça ne vend pas du fantasme une telle voix, mais ça aussi on peut faire avec. Entendre un millier de fois J E D D Maçon, c’est lourd à écouter, le prononcer Jedd comme tout le monde ça serait plus fluide mais à la rigueur ça aussi on peut faire avec. En revanche, ce qui ne passe pas c’est le genrage des protagonistes. On est dans un univers dégenré, c’est même insultant de genrer ou de spéculer sur ce qu’il y a dans le slip d’autrui. Alors oui, Mycroft, le narrateur pour être impertinent genre les personnages mais il explique bien que c’est son interprétation lié aux clichés de genres passés et que ça ne colle pas forcément avec la réalité. Là le lecteur utilise des voix « féminines » et « masculines » en suivant les pronoms utilisés par le narrateur quitte à modifier la voix en cours de route s’il découvre que derrière le « elle » a un corps de « il » et inversement et ça non je suis désolée mais ça va à l’encontre de la philosophie de la saga. Pour finir sur une touche moins négative, les musiques inter-chapitres sont chouettes. En résumé, j’ai adoré ma lecture mais pas du tout mon écoute.
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