"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Curaçao, Caraïbes, 1961. Max Tromp débarque un matin dans la classe du Frère Daniel conduit par son père, chauffeur de taxi - une Dodge Matador flamboyante loin de passer inaperçue dans la misère locale. Du haut de ses 12 ans, c'est un gamin futé qui rêve de devenir instituteur. Mais lorsque son père tombe malade, il n'a d'autre choix que d'y renoncer et prendre à son tour le volant de la Dodge. Les années s'égrènent, la précarité demeure reine. Max épouse Lucia, avec laquelle il a un fils. Excellent élève, ce dernier entre à l'université où il entend faire sa place. Pourtant l'espoir de s'extraire du destin familial tourne court lorsqu'il s'enferre dans une situation extrêmement périlleuse...
Juillet 2001, pendant que Max s’envole à bord d’un avion vers les Pays-Bas, Frère Daniel se souvient de ce premier jour d’école où Max Tromp débarque à bord de la Dodge Matador flamboyante de son père.
En ces années 60 sur l’ile de Curaçao, c’est la misère et la belle américaine impressionne même frère Daniel, le seul prêtre noir de l’île. Max est bon élève, il souhaite devenir instituteur. Il vit avec sa mère dans la bicoque misérable dénichée par son père. Mais si son père l’a reconnu, il continue malgré tout à courir les femmes comme beaucoup d’hommes dans ces iles Caraïbes, il faut bien maintenir sa réputation.
Max poursuit des études jusqu’au jour où son père tombe malade. Là il va se résoudre à prendre sa place à bord de la vielle Dodge Matador, les courses de nuits, les touristes à l’arrivée des bateaux, les travailleurs des chantiers, mais aussi la crise passent par-là, et les espoirs de vie meilleure fondent comme neige au soleil… Max épouse la jeune Lucia, après quelques difficultés, un garçon va naitre.
Sonny n’en fait qu’à sa tête sur cette ile déjà pourrie par les trafics en tout genre. Cocaïne, mule transport de drogue entre les Pays-Bas et Curaçao, tout est bon pour sortir du cercle de la pauvreté, se faire quelques dollars et arborer les signes extérieurs de richesse de ces jeunes désespérés, Nike, chaine en or, vêtements de sport de luxe, portable collé à l’oreille, scooters… Car sur l’ile, la colonisation a laissé des traces et l’émancipation ne se fera pas dans la sérénité mais bien dans la violence, la corruption, l’illégalité.
A travers ces trois générations d’une même famille, l’auteur dépeint la tragédie de la colonisation, montre le côté pervers de cette dernière, quand loin d’accepter les habitants natifs, ou immigrés, les colons ont tenté pendant de longues années de les soumettre à leur image.
Stefan Brijs présente une vision intéressante de la situation de cette ile, car elle n’a rien d’angélique et semble tout à fait réaliste.
Chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/09/23/taxi-curacao-stefan-brijs/
TAXI CURACAO relate la vie de trois générations d'hommes sur la petite île de CURACAO, de 1961 à 2001.
D'abord Roy TROMP; peu de place dans sa vie pour autre chose que sa voiture, sa Dodge Matador; son outil de travail puisqu'il est taxi mais surtout son signe extrérieur de richesse - même si cette richesse ne se limite vraiment qu'à ça. Qu'à cela ne tienne si sa femme et son fils Max vivent dans une cabane délabrée et ont à peine de quoi se nourrir. L'essentiel est de paraître; paraître riche, paraître viril et faire croire qu'on a semé des enfants partout sur l'île, épater la galerie au volant de sa voiture rutilante et imposante. Roy est frustre, égoïste, cupide, irresponsable et très menteur. Mais Roy possède une voiture qui brille, et c'est déjà plus que la majorité des habitants de l'île.
Ensuite Max, son fils, que Frère Daniel, jeune instituteur, voit débarquer dans sa classe à l'âge de douze ans. Max, aux antipodes de son père haut aux couleurs, discret, timide, sensible, loyal, avec un vrai sens de la famille et des valeurs, généreux. Lorsqu'il émet le souhait de devenir instituteur et en démontre les capacités, Frère Daniel le prend sous son aile pour l'aider à se sortir de sa condition. Mais Max ne voit pas les choses de cet oeil; son fils sera évidemment taxi comme lui. Il faudra toute la ruse de Frère Daniel pour le convaincre de le laisser intégrer le collège...en l'assurant que ça pourra lui servir et ne lui coûtera presque rien, et en le laissant croire qu'une fois instruit Max prendra bien sa suite comme taxi. Mais c'était sans compter sur le mauvais tour du destin et Max est contraint de mettre ses rêves de côté pour les réalités concrètes de son quotidien : Roy ne peut plus travailler et quelqu'un dans cette famille doit ramener de quoi les nourrir; il prend donc à son tour le volant de la Dodge.
Enfin, Sonny, le fils de Max. Max veut être pour lui le contraire du père qu'a été Roy et veut pour son fils tout autre chose que ce que lui a eu. Sonny ne sera pas taxi, mais peut-être êut-il mieux valu.
Les sagas familiales peuvent se revéler passionnantes, mais pas celle-ci. Même si les personnages sont intéressants, fouillés et complexes, j'ai trouvé le récit assez plat, je me suis un peu ennuyée et même si la fin - cruelle - m'a réveillée en sursaut, ça ne suffit pas.
Ce roman possède toutefois d'indéniables qualités qui pourraient suffire à vous laisser y adhérer.
J'ai beaucoup aimé le personnage de Frère Daniel, émouvant de par son impuissance, malgré ses louables efforts, à endiguer l'inéluctabilité des destins de Max et Sonny, de par sa volonté constante de protéger cette famille et de l'aider.
J'ai aimé découvir l'île de CURACAO au travers de ce récit. Stefan BRIJS explique parfaitement l'histoire de cette île, la pauvreté qui la gangrène et les trafics qui s'y développent lorsqu'il est plus lucratif de tomber dans l'illégalité que de gagner honnêtement sa croute, même si c'est au péril de sa vie. J'ai fait un inévitable parallèle avec la GUYANE, pour ce que j'en sais.
Je dirais donc que cette lecture fut dépaysante et instructive, mais j'ai regretté sa monotonie et son message quelque peu déprimant, à savoir l'impossibilité d'échapper à sa condition.
http://cousineslectures.canalblog.com/archives/2018/10/20/36798829.html
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