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Tout le monde a vu le film Le Docteur Jivago, un des films emblématiques du cinéma américain, basé sur le roman de Boris Pasternak consacré à la période de la révolution russe, une fiction d'inspiration éminemment autobiographique couronnée du prix Nobel.
Vladimir Fedorovski propose ce « roman vrai » du Docteur Jivago s'appuyant sur le destin de son auteur comme guide à travers les aléas de l'histoire du XXe siècle où la réalité tragique dépasse la fiction.
En effet la vie réelle de Pasternak réunit les éléments des grands drames historiques. Tel un Faust il releva tous les défis : les passions absolues comme les tragédies sans nom, les coups de foudre comme un insolite « amour à distance » immortalisé par ses échanges épistolaires avec une grande poétesse russe, Marina Tsvetaïeva, et le génie de la poésie européenne, Rilke, sans parler des démons de la jalousie dans la grisaille de la vie soviétique ou de l'ambiguïté des rapports de l'écrivain avec le dictateur rouge Staline. Les archives américaines et russes récemment déclassifiées (dont certaines sont inédites) permettent aussi à l'auteur d'évoquer l'épopée de Pasternak à travers les aléas d'une bataille féroce cyniquement menée par la Cia et le KGB dans l'ombre du Docteur Jivago.
Une balade passionnée à travers la Russie éternelle comme la grâce venue des neiges la veille de Noël.
Sous-titré « Le roman vrai du Docteur Jivago », ce livre laissait imaginer du spectaculaire et du romantique. En tous les cas, moi c’est ce que j’imaginais. Il me restait en mémoire Omar Sharif en Youri Jivago et Julie Christie en Lara Antipova dans le film de David Lean. Et des réminiscences de La chanson de Lara. Des amours impossibles, de la passion et des larmes donc.
Rien de tout cela dans le très pédagogique livre de Vladimir Fédorovski qui penche plus du côté du livre d’histoire.
S’il y retrace effectivement la vie de Boris Pasternak, poète, auteur du Docteur Jivago et Prix Nobel de littérature (qu’il refusa et on apprend dans ce livre pourquoi), il explore aussi l’histoire politique et la vie culturelle russes à cette époque avec beaucoup de détails.
Ce qui joue évidemment un rôle déterminant sur la vie de son héros, mais donne un côté assez froid à l’ensemble du récit.
La rencontre de Pasternak avec Zinaïda Neuhaus projette heureusement un élan de passion au milieu de tout cela même si l’écriture reste très clinique. Pas de folles envolées lyriques, des faits, rien que des faits !
L’arrivée d’Olga Ivinskaïa dans le paysage, si elle semble avoir été un bouleversement pour Pasternak en devenant sa maîtresse, est pareillement aseptisée.
Qu’importe, s’il n’y a pas de folie passionnelle, le livre reste intéressant par l’éclairage qu’il donne sur l’époque, sur la relation qu’entretient Boris Pasternak avec le pouvoir politique, avec Staline puis avec Khrouchtchev, et sur l’incroyable épopée du manuscrit du Docteur Jivago sorti d’URSS sous le manteau et édité en Italie. Un livre qui valu à son auteur bien des démêlés dans son pays. Ce récit met ainsi en lumière la portée politique de ce livre et l’éclaire d’un jour totalement nouveau pour moi.
Tout cela a renvoyé loin en arrière plan Omar Sharif et Julie Christie !
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C'est toute l'essence du roman et du cinéma que de lier les faits réels au romantisme et à la poésie et d'après ce que vous écrivez, ceci en est un exemple des plus avérés. J'ai moi aussi en souvenir cette très belle histoire et j'avais aussi envie de lire ce livre mais je crois que je vais me raviser. Merci donc de cette belle chronique.