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Samuel de Saint-Michel, huguenot peu pratiquant, est lieutenant en second d'une compagnie de dragons. En cette année 1764, s'il patrouille avec ses hommes au nord des Cévennes, ce n'est pas pour persécuter les Camisards, comme à l'époque des dragonnades. Non, c'est pour traquer... la Bête. Un animal énorme et rusé, vif et imprévisible, qui dévore les petits bergers dans les prairies en Gévaudan.
Est-ce un loup gigantesque ? Une hyène ? Un monstre issu de croisements contre nature ? Nul ne le sait.
Mais Samuel ne se décourage pas. Ni sa rencontre incandescente avec Jennifer, la sublime et dangereuse favorite du baron de Morangiès, ni les élans amoureux de la douce Françoise, que le dragon a sauvé des griffes de la Bête avec ses enfants, ne le détournera de sa mission. Il pense avoir enfin compris qui protège et dirige le monstre . Une découverte qui pourrait lui être fatale.
Après la Belle et le Camisard (TDO, 2021), Bernard Mahoux continue de brosser le portrait du dernier siècle de l'Ancien Régime, avec ses croyances, ses excès, ses privilèges, son goût de l'aventure. Et il le fait avec une rare érudition, servie par un style parfaitement maîtrisé. Sous le regard de la Bête est une oeuvre de référence sur le XVIIIe et sur la malédiction du Gévaudan.
"Faute de pouvoir lui donner de façon certaine une identité particulière dans la classification des espèces, on l'appela la Bête". C'est par ces mots que démarre le récit de Bernard Mahoux autour d'un événement historique bien réel, celui de la bête du Gévaudan.
"Sous le regard de la bête" est un roman historique qui se lit avec grand intérêt et plaisir car il coche toutes les cases de ce genre si particulier tout en contournant les écueils propres à un récit historique. L'auteur démontre une très grande connaissance du sujet, une maîtrise des sources documentaires associée à un aisance dans la narration qui fait le charme de l'oeuvre. Il ne s'agit pas à proprement parler que d'Histoire mais davantage d'une chronique historique romancée avec une hypothèse toute personnelle sur l'origine de ces multiples attaques.
Ce roman se construit autour du personnage central et narrateur, Samuel de Saint-Michel, protestant et lieutenant en second de l'armée royale (compagnie des dragons), qui relate les péripéties autour de la traque de la bête et alterne avec ses pérégrinations sentimentales. C'est magnifiquement construit car l'histoire est dynamique et mouvementée. Bernard Mahoux parvient à nous montrer comment un fait divers se métamorphose en fait de société, au point de mettre en exergue les multiples aspérités d'une époque, ici la fin de l'Ancien Régime. On ne tombe pas pour autant dans la caricature et les protagonistes sont dépeints avec finesse.
Et si finalement une Bête en cachait une autre ? S'entrecroisent dans une toile d'araignée sociale soigneusement tissée de multiples préoccupations : l'Ancien Régime et l'aristocratie, le sentiment de défiance entre l'autorité royale et le microcosme social du Gévaudan, la place de la femme, l'opposition entre le catholicisme et l'Eglise réformée, ... Au centre de cette toile, il y a la Bête, véritable dénominateur commun et élément révélateur. Son évocation fait peur. Son passage est un sillage de mort et désolation, suivi d'un cortège de chasseurs aux motivations pas toujours chevaleresques (au sens moderne).
Une lecture qui prend du temps mais permet de passer un moment agréable.
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