"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ma voix avait changé. À présent, des poils duveteux dessinaient, sous mon nez, les prémices d'une moustache. Mes épaules s'étaient élargies et de rebutants boutons d'acné gravelaient mon front et mes joues. Au collège Irène-Joliot-Curie, on se moquait de moi.
Du reste, à cause de ce qui s'était passé, au début de la semaine, dans le vestiaire du gymnase, ma mère ne me supportait plus. Elle m'avait prévenu. Elle m'aurait à l'oeil, durant le week-end chez mes grands-parents.
Honnêtement, je comprenais qu'elle se méfie de moi. Car elle et mes camarades avaient raison. Avec l'arrivée de la puberté, j'étais en train de devenir un monstre.
Comment vit-on son adolescence lorsqu’on a perdu son père dans un accident de voiture ? C’est ce que l’on découvre avec Quentin parti en week-end chez ses grands-parents paternels, en compagnie de sa cousine et de sa mère.
On ne parle pas du disparu, mais tout ramène à lui. Quentin, mal à l’aise dans un corps en pleine transformation, ne sait où se trouve sa place auprès d’une mère, distante et critique envers lui. Quant au grand père, il n’a plus toute sa tête et la grand-mère n’a de cesse de rappeler le souvenir du fils défunt.
« Regarde comme vous vous ressemblez.
Elle pointait, avec son doigt, la silhouette d’un adolescent athlétique, en short de bain sur une plage.
A part les yeux, d’un beau bleu d’eau un peu froid, ce garçon au torse nu ne me ressemblait pas. Il ne ressemblait pas non plus à mon père. »
L’auteur distille des petits détails, raconte des tensions avec un suspense digne d’un polar. Il semble ne pas se passer grand-chose dans cet huis clos familial un peu étouffant et plein de non-dits, mais c’est entre les lignes que se lisent le malaise et l’inquiétude qui planent. Quel est donc ce secret soigneusement enfoui que la sensibilité de Quentin lui fait percevoir ?
Vincent Almendros sème l’embarras chez le lecteur en décrivant le trouble qui envahit l’adolescent au contact de sa cousine. Quentin ne comprend pas, ne maitrise pas ce désir qui l’assaille.
L’auteur insiste aussi sur le rapport plein de tendresse de la mère de Quentin envers sa nièce Chloé, comme si elle tenait à éloigner davantage ce fils qui la déçoit. Et que dire de l’absence de ce père mort et qui pourtant, continue de vivre dans les silences et les mensonges de cette famille endeuillée.
C’est avec délicatesse et art, que l’auteur nous emmène dans l’intimité de cette famille murée dans ses zones d’obscurité. Tout cela met mal à l’aise.
L’écriture est sobre, incisive. Elle transcrit parfaitement la lourdeur de l’atmosphère autour du mensonge.
Quentin part en week-end chez ses grands-parents paternels avec sa mère et sa cousine.
Il a quatorze ans et une menace d’exclusion du collège pèse sur ses épaules.
Son père est mort dans un accident de voiture.
Les relations avec sa mère sont plus que tendues.
Et nous voilà dans un huis-clos, le temps de ce week-end.
L'ambiance est lourde, orageuse.
Le mal-être de Quentin est palpable.
Ses relations avec sa jeune cousine sont limites, on ne sait trop que penser.
Une histoire trouble, un secret non-dit empoisonne les personnages.
L'écriture est belle et précise.
L'auteur sait créer un climat pesant dans des relations difficiles.
Je me suis demandée le but de cette histoire où il ne se passe finalement pas grand chose..
Je pense que c'est justement l'art de bien rendre la complexité de ces relations.
Incontestablement, il est doué Vincent Almendros. Doué pour créer une atmosphère pesante, doué pour décrire minutieusement l’attitude d’un personnage, son malaise, ses hésitations, ses contradictions, la façon dont il perçoit le monde, doué pour lancer le lecteur sur de fausses pistes. On se fait à chaque fois gentiment berner, on relit ce qu’on vient de lire, surpris par la précision inattendue que l’on vient de découvrir. L’auteur s’amuse de notre naïveté, il déjoue nos attentes, nous piège, livre ses infos au compte-gouttes. Il faut être attentif à tout dans les livres d’Almendros car les détails ont leur importance. Mais en même temps, il faut avoir une vision globale car les gros plans peuvent nous empêcher de considérer l’ensemble avec justesse. Un pronom personnel, le double sens d’un mot, la structure d’une phrase peuvent facilement nous tromper. Il faut rester très attentif. De même, le début in medias res nous plonge dans le doute : qui est le « je » qui parle, qui est Chloé, qui est celle « qui n’en avait pas pour longtemps » ? La mère ou Chloé ? Et « pas pour longtemps » pour finir ce qu’elle est en train de faire ou parce qu’elle va mourir ? Les livres de Vincent Almendros sont d’habiles thrillers, des page-turners que l’on ne repose qu’après les avoir avalés d’une traite. A chaque page, on s’attend au pire. Je ne vous dis rien sur l’histoire (étouffant huis clos familial), suspense oblige, et ne lisez pas la 4e de couv’ !
J’ai découvert cet auteur avec l’incroyable « Faire mouche » (2018) et paraît-il que le précédent « Un été » est vraiment excellent. Cela dit, j’avoue avoir été un peu déçue par la fin de « Sous la menace » ; je trouve que si l’écriture est toujours aussi addictive, le dénouement est un peu frustrant et l’on reste sur sa faim. Dommage. Vivement le prochain !
LIRE AU LIT http://lireaulit.blogspot.fr/
Quand aux affres de l’adolescence vient soudain s’ajouter la révélation fortuite d’un secret de famille, le roman d’Olivier Almendros en laisse alors deviner un autre entre les lignes.
Quentin a quatorze ans. Avec sa mère et sa jeune cousine Chloé, il se rend chez ses grands-parents pour le week-end. Finalement, ils ne feront pas le crochet habituel pour rendre visite au père du garçon, dont le lecteur est encore très loin d’imaginer où il se trouve. Pour l’heure, l’ambiance est lourde dans la voiture. C’est que Quentin risque l’exclusion de son collège pour s’être battu avec un camarade de classe qui raillait sa récente mutation en monstre acnéique, envahi d’une nouvelle pilosité et en dérapage continu côté cordes vocales. Entre l’adolescent mal dans sa peau et la mère prise de défiance, l’incompréhension a pris toute la place. Alors la grand-mère a beau les accueillir de son efficacité chaleureuse et le grand-père du fond de sa mémoire perdue, rien ne semble près de soulager la tension qui, entre conflit et ennui, tient ce petit monde clos sous sa menace.
Dans cette atmosphère de cocotte-minute qui installe d’emblée l’inquiétude chez le lecteur, il ne va en définitive pas se passer grand chose, si ce n’est que ce pas grand-chose va chasser Quentin encore un peu plus loin de l’enfance. Distillés au fil d’une observation fine et réaliste, ce sont mille détails qui, parfois au détour d’un simple mot, viennent trahir la métamorphose en cours, malgré lui, du garçon. Même Chloé, pour sa part enchantée de la vieille cabane dans les arbres et des cabrioles dans la piscine, mais déstabilisée par le climat de tension érotique né entre eux, ressent le malaise sans se l’expliquer. La pauvre est à cent lieues de se douter qu’elle détient la clé d’un secret de famille et qu’une toute petite phrase innocemment répétée viendra soudain ouvrir en brèche les fissures qui commençaient à lézarder l'enfance de son cousin.
Tout l’art d’Olivier Almendros tient en une densité lexicale si soigneusement travaillée que, comme dans un jeu de piste, les mots deviennent indices d’une profondeur cachée, parfois même de véritables chausse-trappes ouvrant sur le vertige d’une autre histoire, franchement tragique celle-là. Escamotée avec les meilleures intentions du monde, elle n’en finit pas de distordre les relations entre les personnages, les murant toujours plus avant dans le ciment du malentendu et de l’incompréhension pour resurgir à l’improviste et les manipuler à leur insu. Ainsi la plus banale réalité quotidienne peut-elle masquer de bien terribles abysses…
Sous le réalisme faussement simple d’une intrigue des plus ténues, Olivier Almendros joue en virtuose entre les lignes pour nous livrer deux histoires en une, celle qu’enfants, nous prenons avec confiance pour la réalité, et celle qu’à l’adolescence, nous découvrons avec des yeux nouvellement dessillés. Un livre tout en subtilité.
Un week-end de mai en famille : quoi de plus banal. Une mère inquiète et agacée. Une grand-mère inquiète tout court. Un grand-père qui perd la boule, “égaré comme s’il ne savait déjà plus ce qu’il cherchait.” Une cousine qui, “malgré ses grandes oreilles décollées et ses sourcils trop épais, avait tout de même un joli visage.” Et surtout, Quentin, quatorze ans, en attente du verdict du conseil de discipline de son collège.
Dans ce huis-clos familial, l’absence du père, mort dans un accident de voiture quelques années auparavant, dégorge dans le silence grimaçant du grand-père, dans les vieux albums photo de la grand-mère, dans les fleurs pour le cimetière, dans le mal-être d’un fils.
L’écriture est simple, factuelle et précise. Une balade à vélo qui déraille, quelques plongeons dans la piscine, une cabane dans les arbres pas encore complètement délaissée, la pluie qui menace, tout ça dans un silence dru poignardé de courtes répliques.
Elle n’est pas tendre, cette vie de famille. Et on devine, à peine cachées derrière les petites choses ordinaires, de grandes déchirures qui s’étirent à mesure que s’éloigne l’enfance.
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