"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante - puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant - puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée - devenue, et restée depuis, un objet d'horreur.
Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
"Sorcières" est un pamphlet sur la place des femmes.
Femme moi-même, mère d'enfants (et ne les regrettant pas), ne sachant pas changer une roue et même lisant régulièrement le magazine Elle, j'aurais pu me sentir mise en cause pas cet essai.
Pas du tout, ce livre fait partie des livres bien documentés qui se lit d'une traite. Les exemples illustrent parfaitement le propos.
Certes, c'est parfois clivant, les thèses défendues peuvent heurter mais ce type d'ouvrage est nécessaire pour se rappeler (à condition que l'on puisse l'oublier) que l'histoire des femmes n'est pas de tout repos.
Cerise sur le gâteau ; le style est agréable et très accessible pour aborder les concepts et différentes théories.
Et pour ceux qui se disent que le monde a quand même changé, je vous invite à lire (page 199 du livre) une note interne de la faculté de médecine de Lyon-sud rédigée en 2015 (il y a 7 ans !) ; affligeant.
Cet essai de Mona Chollet propose une vision très documentée et intéressante de la femme à travers les siècles, en particulier à travers l'image de la sorcière. J'ai beaucoup aimé la manière dont elle introduit ce sujet et la bibliographie très riche de l'ouvrage, qui m'a fait découvrir des idées, auteurs et faits historiques que je ne connaissais pas, et a alimenté par la suite de belles discussions avec mon entourage sur la vision que nous avons des femmes, avec l'évolution d'hier à aujourd'hui. Jusqu'à la lecture de cet essai, je n'avais que peu pensé à l'égalité hommes-femmes ou à la manière dont les femmes et les féministes pouvaient être perçues, et en particulier à travers l'histoire. En effet, je connaissais un peu le mouvement des suffragettes au début du siècle pour le droit de vote, en particulier en Grande-Bretagne - notamment à travers le film "Les suffragettes" de Sarah Gavron, que je recommande vivement - , ainsi que celui de la libération de la femme dans les années soixante et soixante-dix aux Etats-Unis. Mais en-dehors de ces deux périodes, je pensais qu'il n'y avait pas réellement eu de perception d'inégalités hommes-femmes, de combats pour y remédier ou au contraire de tentatives orchestrées pour les faire perdurer. Et si j'avais bien sûr entendu parler des "chasses aux sorcières", je pensais qu'il s'agissait au mieux d'hystérie collective, au pire de tentatives d'extermination d'opposants religieux. Cet ouvrage m'a fait prendre conscience d'une certaine volonté de diaboliser les femmes libres, et même si je n'ai pas apprécié tous les chapitres, il m'a donné envie d'aller plus loin dans mes recherches, mais également d'être plus attentive à la situation des femmes aujourd'hui, et de ne pas penser que l'égalité hommes-femmes est quelque chose d'évident pour toutes et tous, et encore moins un combat gagné définitivement!
A lire et à relire. Beaucoup de références diverses et variées qui donnent envie de s'informer sur l'historique de la cause féministe. J'ai beaucoup apprécié la description de la sorcière contemporaine. Le mot sorcière désignant au final, la femme libre et hors cadre, quelle que soit l'époque.
J’avais commencé ce livre bien déterminée à en apprendre plus sur la figure de sorcière et sur les chasses aux sorcières qui ont perduré pendant des décennies.
J’ai été ensorcelée par l’introduction qui aborde ces sujets directement, mais la suite m’a déçue. J’ai eu l’impression que la notion de sorcière n’était qu’un prétexte pour parler des choix des femmes actuelles. Exemple : une femme sans enfant dérangeait et justifiait leur mise à l’écart (suivi d’une liste de femmes ayant fait ce choix aujourd’hui avec leurs arguments). Même chose avec un passage sur une femme vieille qui correspond à l’image de sorcière traditionnelle, qui a permis d’introduire une partie sur les femmes qui choisissent de ne pas utiliser les filtres de teintures pour garder leurs cheveux blancs. En soi, ces sujets m’intéressent, mais ce n’était pas ce que j’étais venue chercher dans ce grimoire. Je voulais quelque chose de plus centré sur le sujet, avec une approche historique. Bref, la magie n’a pas opérée. Dommage, d’autant que j’avais vu que ce livre avait été un coup de cœur pour beaucoup.
Ceci dit, j’aime la plume de l’autrice qui est très claire et pédagogue, et qui s’est beaucoup renseignée sur le sujet.
Au cours des différents chapitres l’auteure analyse les écrits, des situations, des faits historiques, des journaux et donne des exemples à travers le globe. Elle parle de figures féministes mais pas que, elle s’interroge sur l’intériorisation de certains principes par les femmes elles-mêmes. A la fois, réflexion, sociologie, lanceur de débat cet essai est intéressant car il n’est pas moralisateur. Il n’est pas à charge mais essaye d’être le plus réflexif, didactique possible. L’auteure souligne aussi ses paradoxes, les raisons qui l’ont poussé à s’intéresser à cette figure, elle montre comment cette image de femme maléfique s’est transformée en revendication politique et identitaire notamment dans l’introduction.
J’ai aimé le positionnement historique, critique de l’auteur, les nombreux exemples, l’analyse de la vision de la mère, de la célibataire par exemple. Le décorticage des impensées, de l’intériorisation à travers l’éducation. Outre la réflexion autour de la maternité, de la vision que l’on a des femmes qui n’ont pas d’enfant, elle s’interroge sur le mythe de la vieille fille. Sur les injonctions faites à rester jeune, à se teindre les cheveux, à ne pas être négligée. Elle démontre aussi que l’infantilisation du corps de la femme, notamment dans le domaine médical, lors de l’accouchement, de rendez-vous gynécologique est aussi liée à une version très fermée de la science. Elle démontre comment les femmes ont été peu à peu invisibilisées, disqualifiées dans certains domaines. Comment certains clichés sont tenaces. La manière dont on veut cacher le vieillissement, comme on nous serine très jeune que seule la jeunesse compte pour une femme .Les jugements sévères sur celles qui ne sont pas dans la norme, qui refusent certains diktats fait par les femmes elles-mêmes notamment dans les magasines féminins et leur culte de la jeunesse éternelle.
La suite sur le blog eirenamg. canalblog.com
La partie historique sur les sorcières était très intéressante, la vision de la sorcière à travers les époques, qui elles étaient...
Mais j'ai beaucoup moins accroché sur la partie contemporaine, le féminisme d'aujourd'hui... ça me dépasse un peu, j'ai l'impression que l'on veux placer la femme au dessus de tout...
Dans le traité 'Sorcières - La puissance invaincue des femmes' de l'autrice Mona Chollet, on parle des sorcières et surtout de l'oppression des femmes. Ce texte féministe explique pourquoi les sorcières ont commencé à être exterminées et comment la misogynie a conduit à supprimer le libre arbitre des femmes en les coinçant dans le rôle de mères et épouses. Illustré de nombreux exemples, la lecture de cet ouvrage est assez aisée. Ce qui m'a quelque peu déçu, c'est que les sorcières ne sont en réalité traitées que dans les débuts de l'essai. L'ouvrage se tourne ensuite résolument vers un discours féministe soulignant la beauté cachée des cheveux blancs au féminin ou le droit de ne pas avoir d'enfant et de s'épanouir, abordant même le sujet tabou du regret d'être mère. Les différences injustes entre les hommes et les femmes sont également largement soulignées. Mais je trouve qu'il y aurait eu encore tellement de matière à développer autour du sujet des sorcières. La couverture et le titre trompeur ont donc généré quelques regrets en moi...
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La cruauté humaine n’a pas de limites et l’évolution de nos sociétés, même dites civilisées, n’empêche nullement les réminiscences de la barbarie humaine.
De tout temps, des trésors d’ingéniosités ont été trouvés pour éteindre l’autre.
Transfert de culpabilité, bouc émissaire, cruauté pour l’exemple. On retrouve sans cesse et dans différentes communautés, d’éternelles répétitions d’inhumanités, nous qui nous targuons tant de posséder l’intellect et l’affect.
La haine et l’obscurantisme entraînent des déchaînements de violences incontrôlables, c’est vrai pour les femmes mais aussi pour les minorités qui prennent de multiples visages.
Ce livre est transcendant, inspirant et navrant aussi. Il est empli de références tout aussi engageantes les unes que les autres.
Il dénonce la reproduction du primitivisme tout en ouvrant les possibles et en multipliant la curiosité intellectuelle.
Mona Cholet, sans jugement, constate avec empathie ce que veut dire être une femme, dans des circonstances et à des époques variées, et le constat est peu reluisant : Les femmes ont été des éternelles suppliciées.
Cette lecture est salutaire. Elle nous anime, nous réveille, nous fait prendre conscience de l’étendue des droits durement acquis et leurs fragilités. Elle nous interpelle sur les possibles régressions à nos portes.
N’oublions pas, que le droit de vote pour les femmes date de 1945. Que la contraception a été autorisée en 1967 et l’avortement (ouvertement remis en question dans certaines démocraties et encore illégales dans d’autres pays) ne date que de 1975. Il y a 44 ans !
N’oublions pas que les acquis sont friables et vite remisé aux oubliettes, n’oublions pas que dans certains pays certaines femmes se font lapidées, brûlées vives et sont parfois esclaves sous prétexte qu’elles sont des femmes.
N’oublions pas qu’en France une femme meurt tous les deux jours sous les coups d’un conjoint ou ex conjoint, qu’une femme sur cinq se fera violée au cours de sa vie. En France !
N’oublions pas que dans certains pays certaines femmes sont encore considérées comme des sorcières et punie parce qu’elles sont nées femmes.
Soyons des sorcières dignes et éclatantes et luttons encore et toujours !
Un vent d’optimisme me pousserait à conclure par le fait de que tels ouvrages existent, qu’ils sont lues et plébiscités.
https://unmotpourtouspourunmot.blogspot.com/2019/10/sorcieres-de-mona-chollet.html
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