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Il n'avait ni patrie ni roi, mais une poignée d'hommes fidèles. Ils ne cherchaient pas la gloire, seulement à apaiser leur faim. Ainsi naquit le mythe. Ainsi se raconte une légende.
Après avoir été banni du royaume de Castille par le roi Alphonse VI, Ruy Díaz vend, au mieux offrant, les services de sa troupe de soldats dévoués. Dans cette lutte pour la survie en territoire hostile, sa force de caractère et ses faits d'armes lui vaudront rapidement le surnom de Sidi Qambitur, maître triomphateur.
Avec son talent habituel, Arturo Pérez-Reverte nous plonge dans l'Espagne du XIe siècle, celle des rois rivaux, des batailles sanglantes et des jeux d'alliances entre chrétiens et Maures. Loin du mythe manichéen du Cid patriote, Sidi est le portrait d'un chef de guerre hors pair, d'un formidable meneur d'hommes et d'un stratège au sens de l'honneur inébranlable. Un roman haletant, épique et magistral, une immersion au coeur de l'Histoire.
Pérez-Reverte, pour lequel, comme d’innombrables lecteurs (« nous partîmes cinq cents mais par un prompt renfort nous nous vîmes trois mille en arrivant au port »), j’ai toujours eu les yeux de Chimène, revisite le mythe du Cid.
Autant dire tout de suite que Corneille prend un sérieux coup de vieux. Rodrigue, devenu Ruy Diaz, a toujours du cœur pour « les travaux guerriers ». Mais il y a longtemps qu’il a mis Chimène dans son lit pour s’en aller gagner sa vie à la pointe de l’épée (je m’égare car voici que me revient en tête le générique de Zorro : un cavalier qui surgit… son nom il le signe à la pointe de l’épée d’un Z qui…).
Bref, Le Cid ou Sidi (dans la version maure) serait un chef de guerre, un rufian ou si l’on préfère un vulgaire mercenaire doté de plus de raison, de courage et de chance que les autres. Il offre ses services à qui en veut, maure ou chrétien peu importe puisqu’il s’agit de nourrir sa troupe. Nul doute que les années de correspondant de guerre de l’auteur aient contribué à forger le personnage de ce seigneur de la guerre et de ses aventures qui composent l’essentiel de ce roman haut en couleur et gorgé d’hémoglobine.
L’Espagne du XIème siècle n’était assurément pas un havre de paix et la description qu’en donne l’auteur est tout à fait saisissante.
En définitive, comment situer ce Sidi dans l’œuvre du maître ? J’avoue, avec réticence, ne pas avoir retrouvé le plaisir de lecture exceptionnel de ses chefs d’œuvre. Les pages se tournent facilement mais il m’a été impossible de totalement m’identifier à son héros. Je vieillis, sans doute ? Pérez-Reverte, un tout petit peu, aussi ? Faut-il s’en lamenter ?
« Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? »…
Ce serait sans doute excessif et malvenu. Surtout de ma part après tant de magnifiques aventures littéraires. Disons simplement que je recommande cette lecture aux aficionados convaincus et que je conseille à ceux qui voudraient découvrir l’œuvre somptueuse de ce grand écrivain de commencer par ses œuvres de jeunesse.
En définitive, le dernier mot appartient à Corneille :
Cher Pérez-Reverte… « Va, je ne te hais point… »
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