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Rien ne prédisposait Vivant Henry à devenir un héros de la Première Guerre mondiale. Héritier d'une famille qui a fait fortune dans les paratonnerres, le jeune dandy semble n'exceller qu'à la poursuite des plaisirs. S'il revêt l'uniforme d'aviateur, c'est en se laissant porter par les événements comme les aéroplanes par le vent. Vivant n'est pas le plus patriote ni le plus féroce des pilotes, mais il a un talent pour la joie, une soif de vivre qui réchauffe le coeur de ses camarades.
Le ciel déroule pour lui des horizons infinis comme de nouveaux tapis de jeux, mais les dieux de la guerre réprouvent sa légèreté et cherchent à l'en punir. Le combat se fait intime : lutter pour ne pas se laisser contaminer par les ténèbres qui ravagent la terre sous sa carlingue, et choisir entre deux femmes que tout oppose. Au-dessus des tranchées, Vivant devra grandir ou mourir.
Parti tutoyer les nuages
Basé sur l’histoire familiale, le roman de P. E. Cayral met en scène un pilote de la Grande Guerre, amoureux de la vie. Un roman d’initiation entre drame et légèreté, entre passion et gravité.
Vivant Henry, le narrateur de ce roman historique, a 18 ans quand il perd son père et se retrouve à la tête de la florissante affaire familiale de paratonnerres. Héritier malgré lui, il est entouré de toute une dynastie. À la tête de sa succincte généalogie se trouvent les grands-parents, les parents et de fort nombreux oncles, tantes et cousins : « Beau Pierri épousa pauvre Jeanne, seize enfants en vingt-deux ans, comme un ventre à plein temps. Mon père est l'aîné, bacchantes bouclées, lunettes ovales et fines devant ses yeux qu'il me donna, mélange de vert et d’or. Après lui, Jean-Pou — surnommé ainsi en raison de sa calvitie luisante, de ses dents avancées et de ses oreilles, disons, disjointes. Jean-Pou a épousé Simone — sans surnom, ce qui, dans la famille Henry, est une rareté qui pourrait être préoccupante, mais non : Simone est très aimée, et par moi en premier car son fils René, unique lui aussi, est plus que mon cousin. Nous avons hérité tous deux de la beauté de nos mères et grandi côte à côte sans que jamais elles ne nous comparent. René sait tout de moi comme je sais tout de lui ; nous mentir est un jeu qui nous tient lieu de farce. Après Jean-Pou vient Marie, la seule fille, devenue « Marie-Millions » par son mariage avec Hubert dit « le Rebhut », austère par définition mais riche à foison. René et moi aimons bien Edmond, leur fils unique : il est le troisième larron de la foire, celui que l'on aime ou dont on se
débarrasse selon l'humeur du moment. Son père ne s'adresse à lui qu'en latin : c’est d’une chiquerie ! Et comme ses traits au repos lui dessinent une tête en colère, on le surnomme « Jésus », le pauvre. »
Les débuts de Vivant à la tête de l'Hyfrer sont prometteurs, décrochant par exemple l'installation et la maintenance des paratonnerres du musée du Louvre. Mais les obligations militaires vont le contraindre à lâcher les commandes pour rejoindre Saint-Cyr. Une école militaire qui va totalement transformer la vie du jeune homme. Outre sa formation et le groupe de camarades, il va découvrir l'aviation et devenir pilote.
C'est du reste en tant que tel qu'il va être appelé à servir son pays quand la Première Guerre mondiale éclate. C'est aux commandes d'un Farman qu'il effectue ses premières missions, essentiellement du repérage, de la cartographie et de la photographie. Il va cependant vite avoir à faire avec l'ennemi et ne devra sa vie sauve qu'à des circonstances favorables. Vivant, qui n'a jamais aussi bien porté son prénom, va assister à l'incendie de la cathédrale de Reims. Il repartira de la Champagne avec des images douloureuses, mais aussi avec une marraine, Marguerite, qui lui promet de lui écrire tous les jours pour qu'il reste en vie.
Durant tout le conflit, il sera aussi épaulé par La Thuyone, une tenancière de cabaret qui, depuis qu'elle l'a déniaisé à 17 ans, lui voue une réelle affection.
En 1916, il changera d'appareil et de mission. À bord de son Caudron R4, il a embarqué une caméra pour filmer les avancées de l'armée française. Une mission de propagande cependant difficile à mettre en œuvre, car les combats font rage et le front semble figé.
Aux commandes d'un Nieuport cette fois, sa mission sera on ne peut plus claire : larguer les bombes sur l'ennemi. Un degré supplémentaire sur l’échelle des risques encourus, mais aussi une sorte d’initiation rapide aux choses de la vie, à une maturité dont jusque-là il était étranger.
P. E. Cayral réussit fort bien à adapter son style au récit, baroque et virevoltant au début puis plus grave vers la fin. Il en va de même pour l’amour, léger et initiatique au début, il va prendre un ton plus existentiel au fil des chapitres.
Voilà un singulier roman de formation dans lequel éros côtoie thanatos, et la fougue de la jeunesse, la sagesse de l’expérience.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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