"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'oeuvre spéculative de J.-H. Rosny aîné a séduit toutes les générations. Il a su concilier à merveille science et littérature. Son roman le plus célèbre, La Guerre du feu, a été porté à l'écran par Jean-Jacques Annaud.
Entre 1887 et 1939, Rosny a écrit plusieurs dizaines de romans et nouvelles appartenant à un vaste cycle dont l'action commence au paléolithique et s'achève cent mille ans dans l'avenir. Une histoire totale de l'être humain depuis la préhistoire jusqu'à son extinction - ou plutôt son remplacement. La première histoire du futur.
Quatorze récits réunis pour la première fois et commentés par Serge Lehman, le meilleur essayiste de science-fiction contemporain.
Quel défi que de résumer en quelques mots cet ouvrage colossal. Quatorze récits, dont deux romans courts, près de 800 pages, une présentation de l’auteur de son œuvre… Cette amorce de catalogage me permet d’ailleurs d’insérer tout de suite ma (seule et unique) remarque négative. Les paramètres du partenariat, et la nécessité de lire en un mois une œuvre aussi dense et aussi cohérente que les textes réunis par S. Lehman et Bragelonne, ont parfois rendu pénible la lecture d’un livre que j’aurais de temps à autres aimé pouvoir posé sur une étagère pour ne le reprendre que plus tard.
A l’exception de ce désagrément, je ne tarirai pas d’éloges sur la qualité de ce recueil, sa forte cohérence en dépit des années qui séparent les textes les uns des autres, la richesse de la formulation.
A travers les différents textes réunis dans la Guerre des Règnes, J.H. Rosny développe des thématiques à cheval entre le roman scientifique façon Jules Verne et la SF américaine. L’humain y occupe une place centrale, et il est souvent présenté sous un jour optimiste : curieux, empathique (le portrait du scientifique idéal ?).
Si on peut ressentir un intérêt variable pour les univers mis en place dans les différents textes, Les Xipéhuz constituant probablement la pièce maîtresse de ce recueil, on ne peut s’empêcher de noter la grande homogénéité de l’œuvre. On remarquera, notamment, une cohésion remarquable entre La guerre du feu, récit préhistorique, et Les navigateurs de l’infini, space opera avant l’heure, les deux textes ayant pourtant été rédigés à plus de quinze ans d’intervalle.
Saluons également la présentation de S. Lehman, très éclairante, qui replace l’œuvre dans son contexte littéraire et intellectuelle.
Une lecture qui laisse une impression forte.
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