"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En ce mois d'août 1975, un événement majeur vient troubler la quiétude du village néerlandais de Fagne-Sainte-Marie : un avion s'est écrasé dans le champ de maïs d'Aloïs Krüzen. À son bord, un Russe grièvement blessé. Aloïs s'empresse de le secourir, bouleversant sans le savoir le cours de sa vie et celle de Paul, son fils de huit ans.
Quarante ans plus tard, si le temps semble s'être arrêté dans la vieille ferme des Krüzen, le monde extérieur, lui, ne cesse de changer. Paul partage son quotidien entre son magasin de curiosités militaires, son meilleur ami Hedwiges et Rita, charmante prostituée thaïlandaise. Mais le jour où Hedwiges se fait voler ses économies, l'équilibre est rompu...
Chronique villageoise, roman d'amitié et de filiation, Sainte Rita est une ode à ces hommes ordinaires qui cherchent leur place dans un monde en perpétuel changement.
Traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin
Paul Krüzen est resté coincé dans le village de son enfance. Un village quelque part dans un coin reculé des Pays Bas.
A 50 ans, il vit avec son père dans la vieille ferme familiale. Autour de lui, les gens partent, les magasins disparaissent, l'église se vide, il y a plus de décès que de naissances. Les Chinois dirigent les commerces, les Russes font des affaires et ceux qui restent sont ceux qui n'ont pas réussi à faire leur vie comme son seul ami Hedwiges, l'épicier. Pas de femme à ses côtés, si ce n'est les prostitués du club Pacha. Pas d'enfants non plus.
L'équilibre de cette vie routinière va être rompu quand son père est hospitalisé et quand Edwiges est violemment agressé par des cambrioleurs.
C'est une histoire sur les relations entre hommes. Sur les pères et les fils, sur les hommes sans femmes, sur les hommes liés uniquement par le destin.
La solitude, la désolation, éclaboussent les pages de ce roman par la grâce de l'écriture de l'auteur qui a un sens aigu de l'atmosphère.
Wieringa dessine magnifiquement le paysage et les personnages.
J'ai été prise dans les filets de ce roman dès le départ mais la fin étrange et abrupte m'a profondément frustrée.
Si vous ne cherchez pas une lecture haletante, sensationnelle, mais un roman subtil, fait de petits riens, du temps qui passe loin de la marche du monde, je vous conseille de découvrir Sainte Rita. N'attendez pas de point culminant, de rebondissements, laissez-vous juste porter
" Sainte Rita " de Tommy Wieringa
Les explos 2019 : avis définitif de Ph.D
Chronique d'un village hollandais périphérique où la mondialisation se manifeste par l'arrivée de migrants de Chine ou d'Europe de l'Est et le départ des services publics. La population locale vieillissante, désœuvrée, ancrée dans le passé, se sent exclue du pays. Paul, le héros de ce roman, vit seul avec son père Aloïs depuis plus de quarante ans. Sa mère s'est enfuie avec un réfugié russe sauvé par son mari lors du crash de son avion dans le champ familial. Ni Paul, ni Aloïs ne se sont remis de ce départ. Le fils, qui a vainement attendu le retour de sa mère, partage sa vie entre son père, Hedwiges son ami d'enfance orphelin et esseulé, son magasin de matériel militaire et ses rencontres avec des filles d'un bordel voisin dont Rita sa préférée. Malheureusement Hedwiges va se vanter imprudemment de sa prétendue fortune auprès de quelques truands du coin et faire basculer l'histoire dans le drame. A priori les thèmes abordés dans ce roman pourraient paraître bien noirs et dissuader certains lecteurs épris de légèreté. Pourtant le héros est souvent très drôle, caustique, sarcastique, pince -sans-rire, ironique avec lui-même et avec les autres. J'ai éprouvé une véritable empathie pour Paul : son courage, sa fidélité en amitié, son dévouement filial et son abnégation. L'absence d'amour maternel et une expérience malheureuse de vie commune avec une prostituée l'ont rendu inapte aux rapports amoureux. Sa solitude sentimentale est sa défense et l'empêche de donner suite aux avances d'une ancienne camarade de classe. Mais l'équilibre de sa vie ne tient qu'à un fil. La paranoïa le guette et la fin énigmatique ne clora pas le débat de manière définitive. Pour finir, le style de Tommy Wieringa , à la fois précis et poétique, très bien rendu par la traductrice Isabelle Rosselin, m'a totalement séduit et donné envie de lire ses autres romans traduits en français.
Lu dans le cadre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2019
Tommy Wieringa nous entraîne à Fagnes Sainte-Marie, un village néerlandais, à la découverte de ses habitants. La vie n'y semble pas trépidante ! Paul tient une boutique de curiosités. Il passe ses soirées avec Hedwiges, son ami d'enfance, entre le bar et le club du village. Voilà les seules distractions pour les hommes de ce village : des lieux perçus comme des pansements de solitude ou le moyen de fuir, le temps de quelques heures, leurs fantômes. Le rôle de la mondialisation apparaît à travers des étrangers de passage et opportunistes mais qui ne cherchent à aucun moment à s'intégrer.
J'ai espéré à plusieurs reprises un point de bascule dans le récit : à travers le personnage de Rubin (un aviateur russe qui atterrit malencontreusement dans le champ de maïs des parents de Paul et bouleversera leur vie), ou quand Hedwiges se fait voler ses économies ... mais sans réel succès.
La magie n'a pas opéré sur moi. La quatrième de couverture évoque un roman d'amitié et de filiation. Je n'ai trouvé les personnages ni particulièrement attachants ni vraiment irritants d'ailleurs. Quant au titre, pourquoi Sainte Rita? Il s'agit certes de l'un des personnages du livre : une prostituée philippine. Faut-il davantage y voir la représentante des cas désespérés, et donc des habitants de Fagnes Sainte-Marie? Ses villageois semblent certes perdus dans le monde qui les entoure. Mais ils sont également bien passifs et fatalistes face à leur condition !
Explorateurs de la rentrée 2019 - Avis à la page 100
Tommy Wieringa nous entraîne à Fagnes Sainte-Marie, un village néerlandais, à la découverte de ses habitants. A la page 100, la vie n'y semble pas trépidante !
Paul tient une boutique de curiosités. Il passe ses soirées avec Hedwiges, son ami d'enfance au bar le Shu Dynasty, où les hommes se retrouvent pour combler leur solitude. Seule incongruité dans ce décor : Antonin Rubin, qui a atterrit malencontreusement dans ce village 40 ans plus tôt. Cela suffira-t-il a donner une trame et un corps au récit?
A ce stade de ma lecture, je reste perplexe... Les personnages ne semblent pas particulièrement attachants ni irritants, et le sujet que veut dérouler l'auteur est pour l'instant, à mes yeux, bien vague. Je poursuis quand même par curiosité...!
Explorateurs de la rentrée 2019 Avis complet (26 août 2019)
Sainte Rita, de Tommy Wieringa, se présente comme une chronique villageoise, un roman d’amitié et de filiation. Or, dès les premières pages, je découvre que la vie se traîne à Fagne-Sainte-Marie, petit village en perdition dans l’est de la hollande. L’amitié entre Paul et Hedwiges a le relent d’une camaraderie de gosses depuis toujours laissés pour compte par les copains d’alors. Celle, mal entretenue, entre Paul et Rita est codifiée par le bordel qui emploie cette dernière et la filiation qui unit Paul et son père Aloïs est le reliquat du naufrage familial consécutif au départ de la mère avec un russe tombé du ciel avec son avion en plein champs de maïs ! Non, vraiment, pas de quoi bondir de joie, tomber en addiction livresque ou chercher à s’identifier à tel ou tel personnage.
Il me faut donc chercher à mieux comprendre, à deviner l’intention de l’auteur ou, à défaut, me laisser interpeller par les questions que soulève ma propre lecture…
Je poursuis donc cette entrée dans l’intimité de Paul et, bonne surprise, je découvre chez Tommy Wieringa une écriture en trompe-l’œil. Si on amalgame tout ce qui est dit sur le passé de la région et son présent, la vie communautaire d’antan et le déclin actuel des affaires, l’installation au village d’une économie chinoise sans intégration réelle de la communauté asiatique, l’exode rurale et le fossé qui se creuse entre ceux qui s’efforcent d’avoir une longueur d’avance sur leur temps et ceux qui n’arrivent pas à le rattraper, ce n’est pas l’image d’un bled de l’est hollandais que l’on perçoit, c’est une métaphore notre vieille Europe. C’est elle qui se délite ici alors qu’elle se revendique être à la pointe ailleurs. Fagne-Sainte-Marie est l’image d’un monde fatigué dans lequel les uns se perdent tandis que d’autres, opportunistes s’y retrouvent.
Et comme dans toutes les communautés restreintes mais divisées, les moteurs relationnels sont la méfiance, les rancœurs, la jalousie, l’étalement de la puissance et le marquage des uns par les autres. Et, dans la mouvance de ces villages comme du monde, il y a toujours les esseulés, repliés sur eux, ne sachant pas trop comment se situer, bourrés de rêves mais sans l’énergie nécessaire pour les transformer en projets. Ils subissent, acceptant finalement tout jusqu’au jour où ils exploseront devant trop d’injustices ou de mépris à leur égard. Alors, ils tueront ou se feront tuer !
Au cœur de ce village, de ce monde, Paul a observé son père ayant connu une longue époque de rude vie campagnarde. Un temps où le temps ne semblait pas prendre une ride, où l’église rassemblait ses ouailles le dimanche tandis que le café lui faisait concurrence toute la semaine. Chaque hiver, il a connu sans les dominer, les canaux gelés et l’élégance de son père patineur. Il connait la récolte des pommes de terre, des navets et des choux à la sueur du front et des courbatures du travailleur. Et, sans en prendre vraiment conscience, Paul est pris, avec son village, dans une grande chaine de dominos cascades qui tombent sous l’effet de la contagion du rêve d’une vie loin des labeurs et des labours, d’une vie tout confort où l’argent n’est plus le fruit d’un travail mais le moyen de ne plus devoir travailler. La modernité est passée par là. Pas loin en tous cas et elle a creusé un fossé inconcevable dans ce plat pays qu’est la Hollande, fossé dont il ne sortira jamais ! Il y a maintenant ceux qui vivent ailleurs, qui fuient la lourdeur des boues qui collent aux sabots et ceux qui, restés, exploitent les quelques niais comme lui qui n’ont rien compris aux trafics en tous genres : drogue, sexe, magouilles et fanfaronnades de comptoirs. Ce désert économique de l’Est hollandais, ce bled perdu au cœur même du Continent, c’est la plaie d’une Europe fatiguée, d’un cancer économique qui la vide de son sang et de son sens. Les chinois s’installent chez nous et nous exploitent, le curé est importé du Brésil et ne sauve plus les âmes, la drogue circule mieux que les ambulances et le sexe ne se partage plus, il se vend et remplit le réservoir de la voiture rouge au cheval cabré du mafieux local.
Tommy Wieringa décrit notre vieille Europe et ses dysfonctionnements, avec, au cœur du récit, ceux qui n’ont rien vu venir, ou n’ont pas pu faire face et qui se retrouvent en perdition face à l’accélération sans borne du changement. Comment trouver une place ?
L’histoire de Paul, de Hedwiges, de Rita et des autres se laisse lire d’autant que l’auteur y développe un humour subtil, avec un sens de la formule et du raccourci qui font sourire. Une belle manière d’aborder cette tranche d’histoire relative au changement, au temps qui passe alors que nous restons… Mais, ce n’est pas le plus intéressant à mes yeux. En effet, comment ne pas être sensible à ce regard de l’auteur sur la solitude de nos vieux, le manque d’aide apportée aux aidants, les blessures que la vie impose à tous ceux qui n’ont pas réussi à vivre selon le modèle consensuel qu’ils n’arrivent ni à identifier, ni à comprendre, encore moins à endosser ?
Si le lecteur accepte de ne plus attendre d’un auteur qu’il lui coupe le souffle à chaque page, qu’il le précipite dans une tension extrême et qu’il l’amène, sous addiction, à une fin inédite, toujours angoissante, inventive, sordide, apocalyptique, bref, une fin digne d’un thriller, ce roman peut ouvrir un espace de réflexion sur les modes de vie qui structurent notre quotidien et qui interpellent Sainte Rita à propos de l’aide qu’elle pourrait apporter à la cause désespérée de notre petit monde d’aujourd’hui !
Club des Explorateurs de la rentrée 2019 --- avis complet
Un petit village néerlandais à la frontière allemande, isolé, loin du fracas du monde. Des âmes solitaires semblant passer à côté de leur vie, notamment le héros, Paul, la petite cinquantaine, vieux garçon vivant avec son père malade, ou encore son ami Hewdiges, l'épicier. Des lieux de rencontre un poil incongrus comme l'immense restaurant chinois toujours vide ou le bordel peuplé de jeunes Asiatiques.
Je me suis ennuyée dès les premières pages, puis les premiers chapitres puis durant tout le roman. Rien à faire, je ne suis pas parvenue à y entrer ni à trouver un intérêt à cette lecture. Il ne se passe pas grand chose, voire rien du tout. Les mots glissent sans aucune accroche : les personnages ne sont ni touchants, ni attachants, ni agaçants, ni détestables, juste lisses.
Je me suis ennuyée, et je me sens un peu bête car ce roman a été acclamé par la presse littéraire néerlandaise : « un grand roman sensuel écrit avec une précision stylistique à faire pâlir d’envie » dixit De Volskrant ; « un roman qui crépite d’ambition, de génie stylistique et de scènes inoubliables » d’après De Morgen ; « le style de Wieringa côtoie la perfection ou peut-être même la surpasse-t-il déjà » pour Algemeen Dagblad.
Outch, le dixième de ces dithyrambes ne m’a point effleuré l’esprit un seul instant. C’est vrai que Tommy Wieringa décrit avec justesse et une mélancolie pertinente le monde qui bouge à côté d’un village qui se meurt d’où tous les ambitieux sont partis, tout comme il dépeint avec fluidité et compassion l’amitié entre deux hommes unis par le désespoir silencieux d’être passé à côté de sa vie.
Mais voilà, la quatrième de couverture survend un événement advenu en 1975, en pleine guerre froide, lorsque un pilote russe , échappé de l'Union soviétique à bord d’ un avion, s'est écrasé dans le champ de maïs derrière la ferme de Paul et son père, déclenchant une série d'événements dont ils ne se sont jamais complètement remis. Je pense que l’intention de l’auteur était d’éclairer le présent de Paul, ses actions à venir jusqu’à l’issu du roman, par cet événement surgi du passé. Malheureusement, ce lien est sous-exploité et n'explique pas de façon suffisamment satisfaisante les ressorts psychologiques profonds de son personnage.
J’aurais aimé que les passages évoquant 1975 soient bien plus étoffées car, au final, c’est les seuls qui ont un tantinet retenu mon attention. Je n’ai pas senti la tension monter à partir de l’incident du présent ( qui arrive beaucoup trop tard dans la construction du récit ), tellement cette tension était recouverte sous la surface plate des événements quotidiens.
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Club des Explorateurs de la rentrée 2019 --- avis après 100 pages
Un petit village néerlandais à la frontière allemande, isolé, loin du fracas du monde. Des âmes solitaires semblant passer à côté de leur vie, notamment le héros, Paul, la petite cinquantaine, vieux garçon vivant avec son père malade, ou encore son ami Hewdiges, l'épicier. Des lieux de rencontre un poil incongrus comme l'immense restaurant chinois toujours vide ou le bordel peuplé de jeunes Asiatiques.
Rien à faire, après cent pages, je ne suis pas parvenue à entrer dans ce roman acclamé aux Pays-Bas. Il ne se passe pas grand chose, voire rien du tout. Je m'ennuie. Les mots glissent sans aucune accroche : les personnages tels qu'ils sont présentés à ce stade ne sont ni touchants, ni attachants, ni agaçants, ni détestables. Il ne leur arrive rien qui ne suscite mon intérêt. J'espère donc que cette lecture très grise va se colorer de quelque chose. Il y a bien deux chapitres qui éclairent sur un événement advenu en 1975 qui a sorti le village de sa routine : un pilote russe fuyant la dictature de Brejnev s'est écrasé dans le village. J'espère que l'auteur va creuser ce sillon.
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Au final, j'ai aimé ce livre... encore, il est vrai, quelque peu déroutant à la page 100.