Avec le soutien de l’administration pénitentiaire, dix détenus de Fleury-Mérogis se transforment en jurés littéraires
« Il venait d'une ville noire, pas autant que cette nuit de désastre mais bien sombre tout de même, il venait d'une ville noire, les pêchers, il avait trouvé ça très beau. »Embauché sur le chantier du barrage de Malpasset, près de Fréjus - qui va « changer la vie des gens », s'enthousiasme son ami René -, François quitte Ugine, la ville-usine, et son enfance silencieuse. Il découvre avec émerveillement la vallée rose, les bains de mer, la photo, les conversations politiques des camarades ouvriers. Et il tombe amoureux de Louise Cassagne, la fille d'un producteur de pêches. « Pas une fille pour toi », lui dit-on. Pourtant c'est elle qui lui donne le monde, et François croit en ce cadeau autant qu'en la solidité du barrage.De son écriture envoûtante et ciselée, Maryline Desbiolles retrace avec une grande justesse la violence de la rupture.
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Les années 50, la construction du barrage de Malpasset, la guerre d'Indochine, celle d'Algérie. Une époque qui sert de cadre temporel au parcours de François, le protagoniste. Nombre de détails se référant à l'actualité, au quotidien de cette période en recréent l'atmosphère.
François, ouvrier sur le chantier du barrage, puis appelé en Algérie retrouvera à son retour le travail au barrage et sera témoin de sa rupture. Un solitaire, un taiseux, toujours en retrait, affecté tout jeune par l'abandon de son père et marqué à jamais par les images traumatisantes de ce qu'il a vu et vécu en Algérie.
Il se sent habité par un double qui lui ressemblerait un peu, du prénom d'Augustin que son père aurait aimé lui donner et qu'il lui murmurait autrefois en l'embrassant, une sorte d'alter ego, un être tendre qui, lui, sait pleurer.
En participant aux secours lors de la catastrophe, il réconciliera ses deux facettes. En réconfortant les survivants, en nettoyant les morts de leur gangue de boue, il apaisera sa conscience d'avoir collaboré à cet ouvrage de mort et accédera à une forme de rédemption .
Une écriture élégante, souvent suggestive et poétique, au rythme varié alternant petites touches discrètes et phrases amples et tumultueuses.
A la fois chronique des années 50 et récit plus intimiste, RUPTURE offre le beau portrait d'un gars ordinaire, d'un anti-héros attachant pris dans le chaos d'une époque.
En 1943, son père disparaît. Quittant la sombre vallée de la Maurienne, François découvre une région où le goût des cerises efface l’odeur de la poudre, où il rencontre Louise la fille du producteur de pêches, son premier amour. Bonheur sans lendemain. Après des mois de violence et d’horreurs dans les Aurès, fragilisé, François participe à la construction du barrage de Malpasset, ouvrage qui va changer la vie des habitants de la vallée. Appareil photo en mains, il va enfin pouvoir extraire les détails d’une vie jusqu’ici trop embrumée.
Espoir de courte durée lorsque la nature se rebiffe contre les faiblesses de l’homme. Aucun étai, aussi solide soit-il, ne peut s’opposer à la fragilité de la vie ; chaque rupture est un torrent dévastateur.
La construction en chapitres courts invite à une lecture sans pause comme pour marteler la brièveté de chaque moment. Tout passe vite, et la description très forte de la catastrophe efface radicalement les moments où l’auteur exprime avec poésie la douceur de la région et la sensibilité des personnages.
J’apprécie l’écriture rythmée et les mots justes de Maryline Desbiolles, mais je regrette que « le beau temps » soit toujours aussi éphémère !
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2018/04/rupture-de-maryline-desbiolles.html
Maryline Desbiolles situe son histoire au moment de la construction et de la rupture du barrage de Malpasset en décembre 1959, drame qui a provoqué 423 morts.
Elle met en scène François, un jeune ouvrier qui, avec son ami René, a quitté sa ville de la vallée de la Maurienne pour participer à la construction d'un barrage dans le sud de la France, à Malpasset près de Fréjus. Ils contribuent enthousiastes à la construction de cet ouvrage grandiose et élégant. François, passionné de photographie, sillonne la région inondée de soleil et découvre l'amour. Mais la guerre d'Algérie le rattrape, interrompant brutalement sa jeunesse heureuse. Une première rupture dans la vie de François...
La beauté de l'écriture de Marylin Desbiolles frappe dès les premières pages. Elle traduit à merveille la lumière du sud de la France puis l'atmosphère de l'Algérie, toujours avec des mots qui semblent minutieusement choisis. J'ai particulièrement aimé la beauté et la force des passages qui se situent en Algérie.
La catastrophe de 1959 occupe peu de place dans le récit, quelques pages au début et à la fin. Après des jours de très forte pluie, le barrage cède à l'heure où les habitants de Fréjus regardent La piste aux étoiles à la télé. Les eaux boueuses se déversent engloutissant tout, confirmant la prédiction des anciens qui voyaient d'un mauvais œil la construction du barrage à Malpasset "mauvais passage", mauvais pas" " Pas seulement un lieu mal choisi, mais un méchant lieu... Le barrage est construit à l'endroit du diable."
J'ai aimé la sobriété du récit de la catastrophe, aussi sobre que le titre que Maryline Desbiolles a choisi pour son roman. Elle fait preuve de beaucoup de pudeur dans ses descriptions du drame comme dans les passages consacrés à la guerre d'Algérie. Je crains cependant que ce récit trop bref ne me marque pas durablement, il m'aura permis cependant de découvrir cette auteure et sa belle écriture.
RUPTURE est une succession d'instants émouvants décrits avec justesse et tendresse. Le tout ponctué de rappels historiques qui évoquent aussi bien la France des années 50 que l’Algérie, et ce terrible conflit qui continue à hanter ceux qui ont fait la guerre, cette guerre honteuse qui n’avait pas de nom, mais a tant tué dans chaque camp.
Alors quand François tombe amoureux de la fragile Louise, on a envie d’y croire. Mais rien à faire, François est fait pour vivre le deuil sans pouvoir surmonter sa mélancolie. Il tentera d’être un héros du barrage, avant et après … la rupture, au sens réel et symbolique.
J'ai trouvé ce roman puissant dans la construction psychologique des personnages. Le récit marque par le drame qu'il remémore, mais la détresse des personnages s'ancre dans l'esprit grâce à une écriture vive et précise.
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