"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rose s'était pourtant promis qu'on ne l'y reprendrait pas, qu'elle en avait fini de ces histoires d'amour qui font plus de mal que de bien. C'était sans compter sur cette rencontre avec Luc, un soir comme les autres ou presque, un soir de plus au Royal, le bar où elle se réfugie chaque jour après le travail. Une novella noire qui dit le besoin et la violence, l'emprise et l'espoir, le destin d'un revolver et d'une femme que rattrape sur le tard le malheur d'aimer. Suivie d'une nouvelle inédite, par l'auteur du prix Goncourt 2018.
https://animallecteur.wordpress.com/2022/11/16/rose-royal-la-retraite-du-juge-wagner-nicolas-mathieu/
Depuis le premier livre, Aux animaux la guerre, je voue une énorme admiration pour l’écriture de Nicolas Mathieu. Naturellement, après avoir lu, Leurs enfants après eux, puis Connemara il fallait bien que je lise ses nouvelles !
A travers ces deux nouvelles noires, on retrouve la touche personnelle de l’auteur, son sens de la formule, sa région Grand Est et des portraits de gens ordinaires, communs aux romans ainsi que des similitudes entre les deux nouvelles qui composent ce recueil : la solitude, l’alcool et une arme à feu. Les textes sont concis, denses et précis. La première nouvelle, Rose Royal, raconte l’histoire de Rose, la cinquantaine, fatiguée, deux grands enfants, divorcée et une copine avec qui elle se retrouve au bar le Royal pour picoler après le boulot. Elle aimerait se laisser porter par l’amour mais décide de s’acheter un flingue juste au cas où un homme lui manque, une nouvelle fois de respect. Un soir comme les autres au bar, elle rencontre Luc avec qui elle débute une relation. Est-ce avec lui qu’elle se sentira enfin en sécurité ? La deuxième nouvelle, La retraite du juge Wagner, raconte l’histoire d’un juge à la retraite qui un soir se fait braquer et voler son arme. Depuis il ne se sent plus en sécurité d’autant plus qu’il n’a plus de protection judiciaire alors que les corses sont à sa recherche. Peu de temps après ça, il rencontre Johan, un jeune délinquant avec qui il tisse des liens.
J’ai trouvé une ambiance proche d’Aux animaux la guerre dans ces deux nouvelles : C’est sombre, il y a beaucoup de violence et des liens entre des personnages qui a priori n’ont rien en commun et pourtant… Nicolas Mathieu créé des personnages abîmés par la vie et les décrit avec beaucoup de réalisme et de tendresse. Il donne la parole aux oubliés, ceux dont on envie pas leurs vies et pourtant on s’y attache très facilement.
Rose, bientôt la cinquantaine, divorcée, deux enfants qui appellent aux anniversaires et à Noël, en a soupé des hommes et des relations décevantes. Elle ne compte plus vraiment sur eux, jusqu'au jour où Luc croise son chemin.
La suite est le récit d'un lent glissement.
Le texte suivant met face à face le juge Wagner, en retraite, et Johann, un petit délinquant. Leur relation commencera sur des bases douteuses et se poursuivra de manière tout aussi étrange.
Après avoir découvert et apprécié l'écriture de Nicolas Mathieu sur un format long avec Leurs enfants après eux, un petit pavé tout de même, j'étais curieuse de le lire sur un format court.
Force est de constater qu'il se débrouille aussi bien pour injecter une belle intensité à son texte, qu'il fasse 500 ou 80 pages !
Je suis restée bouche bée devant certaines scènes, frappantes de netteté, précision et efficacité. Je pense notamment à la rencontre inhabituelle de Rose et Luc ou aux chutes des deux histoires.
Une réussite !
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