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«Tu vas écrire un roman.» Albert Palombieri, mon père, n'est venu que pour me dire ça. Lui qui ne m'a jamais lu. Quand mes neuf ans inquiets posaient un poème sur son bureau, il le jetait à la corbeille. Mais je tiens ma revanche : je vais lui écrire l'histoire de Rosa, sa mère. Albert ne sait rien d'elle. Ni qu'elle fut fasciste, ni qu'elle fut résistante. Ni, surtout, qu'elle fut déportée.
Une poignante saga familiale qui navigue entre l'Italie fasciste d'hier et la Belgique d'aujourd'hui.
Maurice « Momo » est un adulescent, qui écrit, dessine, visite des expositions à travers l’Europe, mais il ne travaille pas, c’est un artiste, il en est « incapable ». Quand Le Père lui annonce qu’il doit écrire un roman, sous peine de se voir couper les vivres, il se sent pris au piège de ce père insensible, distant et manipulateur. Dos au mur, soit il n’a plus rien pour vivre, soit il se met à l’ouvrage et est rémunéré 30€ par page écrite.
La deuxième option s’impose rapidement. Il n’a qu’à ressortir ses cahiers de notes, ceux qu’il avait quand Giorgio « Nono », son grand-père, lui a raconté l’histoire de Rosa, sa femme, la grand-mère de Momo.
C’est l’Histoire de l’Italie, à la fin des années 20, au tout début du fascisme. C’est l’histoire des juifs italiens, qui peuvent « être discriminés mais pas persécutés ». Car Rosa est juive, par sa mère. Rosa fut fasciste, comme beaucoup de jeunes italiens à l’époque, mais résistante aussi, ce qui lui valut d’être déportée.
Il espère bien provoquer Le Père par ce roman qui mêle grande Histoire et secret de famille, et par là même se venger de ce père qui mettait à la poubelle les poèmes qu’il laissait, enfant, sur le bureau du paternel.
Maurice se prend au jeu. Lui qui pensait honorer une commande pour (sur)vivre, devient le biographe de Rosa. C’est du travail les recherches, la documentation pour évoquer les lieux (Cinqueterre, la vallée d’Airole), les ambiances (la Marche sur Rome, les jeunesses fascistes ...), et à force de chercher, de se renseigner, il se retrouve aussi face à lui-même et se rend compte de la futilité de sa vie « Je me suis simplement rendu compte que j’écrivais une histoire forte, avec des gens étonnants, courageux, et que, par contraste, ma vie était insipide ».
Ce roman historique est aussi une très belle histoire d’amour, une histoire de famille, une histoire de non-dits. J’ai aimé sa construction qui alterne l’instant de l’écriture avec les émotions et sentiments de Momo, le narrateur-écrivain, ponctué des notes laconiques du Père associées au décompte des pages rémunérées et l’histoire de Rosa. J’ai aimé les détails distillés au fil des pages qui nous tiennent en haleine et nous empêchent de fermer le livre avant la fin. J’ai aimé l’écriture, empreinte d’une tendresse et d’une pudeur incroyables. Bref j’ai adoré !
Gros coup de cœur !
« Tu vas écrire un roman, qu’il m’a dit. C’était un ordre » Ainsi commence « Rosa », l’écriture d’un roman imposée par le père et l’humiliation du fils, le narrateur de cette histoire. Car oui, il va l’écrire, ce roman, et noircir ses pages pour toucher la rétribution que lui verse ce père autoritaire. Et c’est là qu’entre en scène la seconde histoire de « Rosa », à la fois histoire familiale et fresque historique et qui va retracer grâce à l’enquête du narrateur la destinée dramatique de sa grand-mère Rosa. Juive italienne, Rosa est une jeune fille au caractère bien trempé, elle n’hésitera pas à embrasser le parti des Garibaldi qui se battent contre le fascisme de Mussolini..Peu à peu, sous la plume du fils, se révèle ce secret de famille muselé par le père.
Le récit de la vie mouvementée de Rosa dans les années trente s’intercale avec bonheur et intelligence avec les propres aventures du narrateur dans un quartier populaire de Bruxelles des années 2000.
A travers le destin de Rosa, c’est une traversée de l’histoire européenne des années trente à nos jours que nous offre Marcel Sel. Parfois tragique, souvent drôle et jamais ennuyeuse, cette histoire m’a charmée.
Les personnages sont bien campés et, le livre refermé, j’ai longtemps gardé l’image de Rosa.
La construction, ingénieuse, et le style, limpide et tonique, contribuent au plaisir de la lecture
C’est bien documenté, avec quelques passages inspirés d’histoires réelles, mais tout cela reste crédible.
Un beau roman
Tout commence dans les années 2000 à Bruxelles où Maurice, fils d’un riche patron d’une société d’import-export vit grâce aux revenus que son père lui fournit. Un jour ce dernier décide qu’il va devoir mériter ses rentes et lui demande d’écrire un livre. Maurice y voit l’occasion de régler ses comptes avec son père. Il se lance donc dans l’écriture de la biographie de sa grand-mère dont l’histoire lui a été transmise par son grand-père des années auparavant. On découvre donc le parcours d’une jeune femme vivant dans l’Italie fasciste de la fin des années 30. Le récit se veut très descriptif autant des personnages que des lieux. Je me suis senti transporté dans ces petits villages de pêcheurs perchés à flanc de falaise sur la côte méditerranéenne. Même si l’issue tragique de Rosa se fait rapidement sentir, on sent que l’auteur a richement documenté son récit lorsqu’il évoque la délicate position des juifs en Italie pendant la seconde guerre mondiale. La structure du récit n’est cependant pas aisée. L’histoire est remplie de flashbacks qui ne sont pas toujours bien délimités. Il en résulte cependant que Marcel Sel nous propose une histoire touchante au-travers de laquelle le lecteur à l’impression de faire des allers-retours entre un quartier populaire de Bruxelles des années 2000 et l’Italie des années 1940.
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