"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce roman nous emmène dans un village de Prusse envahi par les nazis. Il nous montre comment les jeunes étaient manipulés et formés au nazisme dès le plus jeune âge. Entre fervents partisans du régime et prisonniers de guerre moins mal lotis que bien d'autres, nous découvrons la vie de ce village et de ses habitants jusqu'à la débâcle du régime.
Il n'est pas aisé de résumer ce roman si dense et intense. Sa construction complexe lui apporte pourtant une fluidité et une beauté peu commune.
Il débute par une terrible scène de viol perpétrée par les Russes "libérateurs" de la région.
Elise est l'une des 15 victimes de cette barbarie. Toutes étaient goûteuses d'Hitler quand il séjournait dans la région. Emprisonnées dans une école et utilisées par les soldats russes, elles sont tuées l'une après l'autre lorsqu'elles n'ont plus d'utilité ou se révoltent, leur sinistre décompte s'égrène de chapitre en chapitre.
Les chapitres suivants consacrés au viol de ces femmes sont en grande partie remplis des souvenirs (heureux pour la plupart) d'Elise dont l'esprit quitte le corps pour moins souffrir et s'extraire de son terrible présent.
D'autres chapitres intercalés entre les précédents sont consacrés aux pérégrinations de François, un prisonnier français qui a connu Elise alors qu'elle était employée par une noble habitant le château du village. Cette noble, cantatrice à la base, formait Elise au chant lyrique tandis que François, accordeur de pianos, venait régulièrement accorder le piano du château, avant de devenir le pianiste des 2 chanteuses.
D'autres chapitres encore sont de la voix de François qui part dans une sorte de pèlerinage, dans les années 1970, car il veut savoir pourquoi Elise, avec qui il a vécu une histoire d'amour interdite alors qu'il était prisonnier, a crié Heil Hitler avant d'être assassinée par les soldats russes qui en avaient fini avec elle et ses compagnes d'infortune.
Durant son périple dans les pays de l'est, il est confronté à la police secrète, ses bagages sont fouillés, il est interrogé, et autres mésaventures. Les Soviétiques veulent à tout prix cacher ce qui s'est passé lorsqu'ils ont libéré l'Allemagne et empêcher quiconque, dont François, de révéler les exactions dont ils se sont rendus coupables à l'époque.
J'ai beaucoup aimé ce roman, bien difficile à résumer. D'une rare puissance, il prend aux tripes dès les premières phrases et nous emmène sur les traces d'un autre volet de la guerre que nous connaissons peu.
L'écriture de l'auteur sert à merveille ce récit en plusieurs volets.
Je l'ai d'ailleurs tant apprécié que c'est pour lui que j'ai voté dans la sélection des 5 livres du Prix horizon du 2e roman organisé le week-end dernier (21/05/2022) à Marche en Famenne, Belgique. Ce prix décerné par des lecteurs belges, français et luxembourgeois a finalement consacré Constance Joly pour Over the rainbow, mais il nous a permis de découvrir 5 superbes romans, tous méritants, dont celui-ci.
Sans ce prix, je n'aurais certainement jamais lu ce magnifique roman ni les 4 autres sélectionnés, ce furent donc de très belles découvertes.
Maurice « Momo » est un adulescent, qui écrit, dessine, visite des expositions à travers l’Europe, mais il ne travaille pas, c’est un artiste, il en est « incapable ». Quand Le Père lui annonce qu’il doit écrire un roman, sous peine de se voir couper les vivres, il se sent pris au piège de ce père insensible, distant et manipulateur. Dos au mur, soit il n’a plus rien pour vivre, soit il se met à l’ouvrage et est rémunéré 30€ par page écrite.
La deuxième option s’impose rapidement. Il n’a qu’à ressortir ses cahiers de notes, ceux qu’il avait quand Giorgio « Nono », son grand-père, lui a raconté l’histoire de Rosa, sa femme, la grand-mère de Momo.
C’est l’Histoire de l’Italie, à la fin des années 20, au tout début du fascisme. C’est l’histoire des juifs italiens, qui peuvent « être discriminés mais pas persécutés ». Car Rosa est juive, par sa mère. Rosa fut fasciste, comme beaucoup de jeunes italiens à l’époque, mais résistante aussi, ce qui lui valut d’être déportée.
Il espère bien provoquer Le Père par ce roman qui mêle grande Histoire et secret de famille, et par là même se venger de ce père qui mettait à la poubelle les poèmes qu’il laissait, enfant, sur le bureau du paternel.
Maurice se prend au jeu. Lui qui pensait honorer une commande pour (sur)vivre, devient le biographe de Rosa. C’est du travail les recherches, la documentation pour évoquer les lieux (Cinqueterre, la vallée d’Airole), les ambiances (la Marche sur Rome, les jeunesses fascistes ...), et à force de chercher, de se renseigner, il se retrouve aussi face à lui-même et se rend compte de la futilité de sa vie « Je me suis simplement rendu compte que j’écrivais une histoire forte, avec des gens étonnants, courageux, et que, par contraste, ma vie était insipide ».
Ce roman historique est aussi une très belle histoire d’amour, une histoire de famille, une histoire de non-dits. J’ai aimé sa construction qui alterne l’instant de l’écriture avec les émotions et sentiments de Momo, le narrateur-écrivain, ponctué des notes laconiques du Père associées au décompte des pages rémunérées et l’histoire de Rosa. J’ai aimé les détails distillés au fil des pages qui nous tiennent en haleine et nous empêchent de fermer le livre avant la fin. J’ai aimé l’écriture, empreinte d’une tendresse et d’une pudeur incroyables. Bref j’ai adoré !
Gros coup de cœur !
« Tu vas écrire un roman, qu’il m’a dit. C’était un ordre » Ainsi commence « Rosa », l’écriture d’un roman imposée par le père et l’humiliation du fils, le narrateur de cette histoire. Car oui, il va l’écrire, ce roman, et noircir ses pages pour toucher la rétribution que lui verse ce père autoritaire. Et c’est là qu’entre en scène la seconde histoire de « Rosa », à la fois histoire familiale et fresque historique et qui va retracer grâce à l’enquête du narrateur la destinée dramatique de sa grand-mère Rosa. Juive italienne, Rosa est une jeune fille au caractère bien trempé, elle n’hésitera pas à embrasser le parti des Garibaldi qui se battent contre le fascisme de Mussolini..Peu à peu, sous la plume du fils, se révèle ce secret de famille muselé par le père.
Le récit de la vie mouvementée de Rosa dans les années trente s’intercale avec bonheur et intelligence avec les propres aventures du narrateur dans un quartier populaire de Bruxelles des années 2000.
A travers le destin de Rosa, c’est une traversée de l’histoire européenne des années trente à nos jours que nous offre Marcel Sel. Parfois tragique, souvent drôle et jamais ennuyeuse, cette histoire m’a charmée.
Les personnages sont bien campés et, le livre refermé, j’ai longtemps gardé l’image de Rosa.
La construction, ingénieuse, et le style, limpide et tonique, contribuent au plaisir de la lecture
C’est bien documenté, avec quelques passages inspirés d’histoires réelles, mais tout cela reste crédible.
Un beau roman
Tout commence dans les années 2000 à Bruxelles où Maurice, fils d’un riche patron d’une société d’import-export vit grâce aux revenus que son père lui fournit. Un jour ce dernier décide qu’il va devoir mériter ses rentes et lui demande d’écrire un livre. Maurice y voit l’occasion de régler ses comptes avec son père. Il se lance donc dans l’écriture de la biographie de sa grand-mère dont l’histoire lui a été transmise par son grand-père des années auparavant. On découvre donc le parcours d’une jeune femme vivant dans l’Italie fasciste de la fin des années 30. Le récit se veut très descriptif autant des personnages que des lieux. Je me suis senti transporté dans ces petits villages de pêcheurs perchés à flanc de falaise sur la côte méditerranéenne. Même si l’issue tragique de Rosa se fait rapidement sentir, on sent que l’auteur a richement documenté son récit lorsqu’il évoque la délicate position des juifs en Italie pendant la seconde guerre mondiale. La structure du récit n’est cependant pas aisée. L’histoire est remplie de flashbacks qui ne sont pas toujours bien délimités. Il en résulte cependant que Marcel Sel nous propose une histoire touchante au-travers de laquelle le lecteur à l’impression de faire des allers-retours entre un quartier populaire de Bruxelles des années 2000 et l’Italie des années 1940.
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