Et si on composait un texte nous aussi ?
Si Ronce-Rose prend soin de cadenasser son carnet secret, ce n'est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu'il contient. D'après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse avec Mâchefer jusqu'au jour où, suite à des circonstances impliquant un voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d'or, ce récit devient le journal d'une quête éperdue.
Et si on composait un texte nous aussi ?
Et vous, quels sont vos coups de cœur dans la liste ?
Etrange identité pour une petite fille, l'héroïne de ce court récit de 150 pages trouvé dans son carnet secret : le journal de bord d'une drôle d'aventure .
Si de la rose, elle a la blancheur, la candeur, la pureté ; de la ronce, elle a parfois les épines car elle est délurée, rusée et débrouillarde, la mignonne !
Elle vit en compagnie de Machefer (son père?) dont le « métier » est de « faire des coups ». En compagnie de son associé Bruce , ils travaillent la nuit la laissant seule avec quelques provisions
Un jour, ils ne reviennent pas, elle part à leur recherche en sillonnant la ville , et découvre sur l'écran d'un téléviseur dans une vitrine les images d'un film intitulé « Fin d'une cavale sanglante » interprété par des « sosies » de Bruce et Machefer. Mais sa cavale, à elle, est loin d'être terminée.
Petite fille candide, elle se sent proche des animaux et ce qu'elle voit de la vie, elle l'interprète au travers des contes qu'elle connaît .
Elle aime les mots et son rêve est de devenir « ornithologue étymologiste ». Machefer la surnomme d'ailleurs : « moulin à paroles » et « raisonneuse » car elle cherche à tout comprendre, en particulier ce qui se cache derrière expressions imagées du genre : rouler quelqu'un dans la farine .
Ce court récit est plein de fraîcheur , vivant, souvent drôle et nourri du comique de l'absurde .
J'ai suivi, le sourire aux lèvres , les pérégrinations de cette petite fille, qui est tantôt une sorte de Zazie , tantôt une sorte d'Alice dont le pays n'est pas toujours celui des merveilles .
Et si elle n'était pas celle que l'on croit ? La note finale de l'éditeur pourrait le laisser supposer .
Comme quoi, la vision que l'on a d'un livre peut changer avec le temps ...
J'avais lu ce petit livre à sa sortie et sa prose avait sut me captiver et m'emmener dans une bulle à part. En ce temps de confinement j'ai voulu le relire. Eh bien, je ne vois pas ce que je lui avais trouvé de génial à l'époque. Il reste à lire, bien sur ....
"Si Ronce-Rose prend soin de cadenasser son carnet secret, ce n'est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu'il contient. D'après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse avec Mâchefer jusqu'au jour où, suite à des circonstances impliquant un voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d'or, ce récit devient le journal d'une quête éperdue.."
Ronce-Rose raconte son histoire chaque jour dans son journal. Elle écrit tout ce qu’il lui arrive dans la maison qu’elle partage avec Mâchefer, son père, et Bruce, un ami. Tous deux ont un étrange travail, en lien avec des stations-services, des bijouteries, des banques…. Ronce-Rose ne va pas à l’école, elle reste à la maison et cette situation lui convient, pourvu qu’elle ait chaque jour une culotte propre et son crayon pour écrire dans son journal. Jusqu’au jour où Mâchefer et Bruce ne reviennent pas, alors la vie de Ronce-Rose va changer, car comment et où peut-qui ne s’aventure jamais à l’extérieur.
Dans ce roman, il y a cette intrigue, comme un fil rouge qui tient le lecteur en alerte, mais il y a surtout le jeu d’Éric Chevillard avec les mots, le sens qu’on leur donne et surtout celui qu’il détourne. Car le vocabulaire devient un des éléments du récit, avec cet humour totalement décalé et en même temps tellement évident qu’on ne sait plus qui ne tourne pas rond !
Le roman est construit autour de Ronce-Rose. Et d’ailleurs, est-ce réellement une fillette ou est-ce mon interprétation ? En tout cas son univers est rempli de mésanges, d’un unijambiste à surveiller, de poissons d’or et de poésie dans un monde pourtant plutôt triste, surréaliste, désabusé. Voilà un roman qui nous fait réfléchir avec pas mal d’humour et de dérision.
Ce livre vous invite à une lecture assez étrange puisqu'il semble écrit au travers du regard d'une enfant de moins de 10 ans mais qui emploie tout de même un niveau de langage parfois bien plus élevé que son âge prétendu. Rien que ce petit détail contribue dès les premières pages à nous perturber, nous lecteur. Ensuite, il y a également l'histoire de fond qui nous interpelle : une petite fille élevée avec amour par 2 truands qui lui transmettent une vision de la société un peu particulière (sûrement dans l'optique de la protéger), l'isolent des autres et la laissent souvent livrée à elle-même. Une fois cela intégré, vous pourrez peut-être vous laisser porter par ce roman même si ce n'est pas forcément évident. J'ai eu plaisir à découvrir les aventures de cette petite fille très très débrouillarde mais l'écriture un peu trop fantasque m'a assez vite lassée. J'aurai aimé que quelques parties écrites avec le regard d'un adulte se glissent dans ce roman pour faire contre-poids. Toutefois la toute dernière page est excellente puisqu'elle remet en question tout ce que le lecteur vient de lire : réalité ou imagination ? enfant ou adulte pensant comme un enfant ? A vous de faire votre propre déduction.
Un livre plein de poésie pour conter le voyage et la quête de Ronce-Rose partie à la recherche de Mâchefer et de Bruce, ses amis.
Difficile de raconter se livre écrit sous la forme d’un journal d’une petite fille (un petite fille? à voir….) qui vit dans son monde. Un monde parfois onirique qui pourtant est bien le nôtre. Ce qu’elle voit n’est pas ce que nous aurions perçu. C’est ce qui fait la beauté de ce livre. A chacun son regard.
C’est un livre surprenant, original et au final assez captivant. A lire plus qu’à décrire…
Oh que j'ai aimé ce roman ! Quelle poésie et quelles trouvailles littéraires au fil des pages. Roman émouvant et innovant, au style bien marqué, j'ai aimé suivre cette petite fille Ronce-Rose qui tient son journal et par lequel le lecteur accède à une réalité, sa réalité. Jouant avec la candeur, et les doubles sens, l'auteur crée une ambiance toute particulière où l'imagination est belle et bien au coeur du roman.
Vif, tendre et improbable, ce livre possède un très fort potentiel pour vous surprendre et vous amener là où vous ne vous y attendez pas.
Coup de coeur !
Le 39e livre d’Éric Chevillard est dans les librairies et nous offre à nouveau de plonger dans cette littérature du rien qui est aussi celle du tout, celle où le langage prévaut sur l’histoire, celle où la recherche du mot juste peut dynamiter le récit.
Après les les réflexions post-mortem d’Albert Moindre, spécialiste des ponts transbordeurs dans Juste Ciel, voici celles d’une petite fille baptisée Ronce-Rose. Si l’auteur n’a pas dû aller chercher très loin l’inspiration pour son héroïne, étant lui-même père de deux filles de six et huit ans, il a en revanche construit un scénario entre le roman d’initiation, le polar et le conte philosophique. Belle gageure relevée haut la main, notamment par le choix de laisser la parole à Ronce-Rose et à son journal intime. Car ainsi les trouvailles littéraires, la vision naïve – ou poétique – des choses peuvent éclore en toute liberté. C’est ce qu’il a expliqué à François Caviglioli dans l’Obs, dévoilant par la même occasion son projet: « Beaucoup de gens ne disent rien d'intéressant après huit ans, dit Chevillard. Ils ont eu ce génie, ces trouvailles un peu maladroites, mais l'ont oublié avec la maîtrise. L'écrivain est celui qui ne s'arrête pas à la panoplie des mots suffisants pour traverser la vie tranquillement. Il amène une contre-proposition. Je ne vois pas l'intérêt d'écrire un livre pour répéter ce que tout le monde dit déjà. »
Voici donc ce monde de Ronce-Rose – piquant comme la ronce, beau comme la rose – qui est à la fois le nôtre et, à travers le regard de la petite fille, une sorte de royaume de tous les possibles. À l’exemple de la profession de Mâchefer et de son ami Bruce, qu’elle détaille ainsi : « Quand Bruce vient dîner, ensuite habituellement ils partent sur un coup avec Mâchefer, c'est leur métier. Ils travaillent avec les banques, les bijouteries, les stations-service. Ne me demandez pas exactement ce qu'ils font, mais ils sont responsables d'un large secteur et ils couvrent une large zone géographique, si bien qu'ils restent parfois absents deux ou trois jours. Ils partent avec leur voiture de fonction qui change tout le temps et je ferme à clé derrière eux. Je ne dois ouvrir à personne. Le monde est plein de brutes, dit Bruce. J'ai des provisions. De quoi tenir une semaine, mais il ne leur est jamais arrivé de partir si longtemps et il reste toujours plein de charcuterie quand ils rentrent. Tout est bon dans le cochon, c'est la seule parole d'évangile que j'aie jamais entendue sortir de la bouche de Bruce et elle y entre plus volontiers mais au moins il vit en accord avec sa foi. Il le dévore entier et il ne laisse pas d’orphelins. »
Très libre et beaucoup plus fûtée qu’on peut le croire de prime abord, Ronce-Rose est une autodidacte curieuse qui se destine à une prefession qu’elle a elle-même inventée : Ornithologue étymologiste.
C’est qu’elle aime beaucoup les expressions et les mésanges: « Toutes les expressions que je connais, c’est Mâchefer qui me les a apprises. Les autres choses aussi, parce que nous avons jugé préférable que je n’aille pas à l’école, voyez-vous. Mâchefer trouve que ce n’est pas un endroit pour les enfants. »
Avec une telle éducation, le lecteurs va se retrouver confronté à quelques mystères qui ne vont toutefois pas l’empêcher de comprendre qu’une sortie nocturne a mal tourné. Ronce-Rose découvre dans la vitrine d’un vendeur d’électro-ménager un sosie de Mâchefer sur tous les écrans de télévision avec ce titre «fin de cavale sanglante».
Dès lors quel sort est réservé à la petite fille ? Sa voisine, Scorbella la sorcière, va bien tenter de se transformer en bonne fée, mais cela ne suffira pas à ramener Mâchefer. Voilà donc notre héroïne partant à la recherche de l’homme de sa vie et de ces réponses si difficiles à trouver.
« Les questions les plus intéressantes, on n'a pas le droit de les poser. Mâchefer dit que les réponses me blesseraient, que 'en serais meurtrie comme une pêche dans un panier de coings et qu'il vaut mieux quelquefois ne rien savoir. Mais quand je tâte mon front, c’est dur, plus un coing qu’une pêche, mon pouce ne s’enfonce pas. Je l'ai dit à Mâchefer, que je préférais quand même connaître les réponses. Il m’a expliqué qu’il ne les avait pas toutes, que beaucoup de choses restaient mystérieuses. »
Lire Chevillard est à chaque fois s’offrir une belle récréation. Évadez-vous ! http://urlz.fr/4XKF
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