"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand la narratrice, Laure, se résoud à ouvrir les cartons que Léo lui a légués, elle y découvre tous les textes qu'ensemble ils avaient travaillés et déclamés dans la troupe fondée au lycée. Léo a fait du théâtre son métier et, même si Laure a renoncé à jouer, leur lien a perduré. Parmi ces précieux ouvrages, dessinant une géographie de leur amitié, elle trouve un exemplaire de La Chartreuse de Parme, dont ils n'avaient jamais parlé. « Un projet pour le paradis », se dit-elle. Le nom de l'édition, Delmas, lui est familier, on lui avait offert la même pour ses quatorze ans. Dès la lecture des premières pages, une image enfouie la ramène à ce dernier été chez sa grand-mère, sur une plage de Normandie, lorsqu'un homme de l'âge de son père lui avait demandé s'il pouvait lui lire son livre à haute voix, comme il le faisait pour sa fille disparue. Submergée par l'émotion, elle se souvient que, la veille de son départ, il lui avait murmuré :
« Quand vous serez plus grande, vous irez à Parme, il faut lire ce roman de Stendhal à Parme. » Des années plus tard, elle décide d'obéir à cette affectueuse injonction : en souvenir de son lecteur de la plage, et de Léo, à qui elle n'avait jamais révélé cette scène.
Laissant perplexe l'homme qu'elle vient de rencontrer à Paris, à qui elle confie son projet, elle prend le train pour l'Italie, en com- pagnie de ces deux ombres que relie le roman de Stendhal. Dans la sereine ville de Parme, la ferveur de ses préparatifs s'est évanouie.
Mais, quand elle pénètre dans la salle du beau théâtre Farnèse, son voyage soudain prend un autre sens : sur la scène vide, défilent les silhouettes absentes dont les spectacles lui ont tout donné. Patrice Chéreau, Philippe Clévenot, Václav Havel, Tadeusz Kantor, Peter Brook et tant d'autres l'emportent dans une belle sarabande. Plutôt que celles, bien loin, de La Chartreuse de Parme, elle est venue suivre ici les traces d'un passé qui lui est essentiel.
Le théâtre dès lors guide sa mémoire, envahit son séjour, l'apaise, et l'entraîne vers le présent. Quand, sur une impulsion, elle invite son amant parisien à la rejoindre, un autre voyage peut commencer...
Bien dans la manière de Michèle Lesbre, dont l'écriture incite à se glisser dans les labyrinthes de la mémoire, Rendez-vous à Parme sonne comme une invitation à vivre, comme au théâtre, tous les possibles.
Le bleu de parme, l’azur de la mer, le lapis-lazuli des souvenirs, encore une fois je suis tombée sous le charme de la lumineuse écriture de Michèle Lesbre. Nul besoin de fantaisie littéraire ou d’effet de style, Michèle Lesbre réussit à capter l’instant dans le ronde incessante du temps et c’est divin.
Pour Laure, la narratrice, cet instant précieux sont les retrouvailles d’une ancienne édition de la Chartreuse de Parme dans les cartons que lui a laissés son ami Léo, l’ami d’enfance, le compagnon de théâtre dont la mort lui cause un profond chagrin depuis un an. En relisant les premières lignes, Laure se souvient et des images lui reviennent pêle-mêle, sa rencontre avec Léo, leur amour commun pour le monde du théâtre. Défile aussi dans sa mémoire l’époque bien précise où adolescente elle passait ses vacances au bord de mer chez sa grand-mère en y faisant une rencontre déterminante. Mais à 14 ans elle ne le savait pas encore.
Rendez-vous à Parme est un douloureux désir d’éternité. Un beau voyage physique et mémoriel vers le point de gravité des origines où « le temps n’existait pas, ou plutôt il était le présent chaque jour renouvelé ». Une belle invitation à se connecter intiment avec soi-même pour mieux ensuite se relier avec ce qui fait notre commune humanité.
Lire ce court roman m’a procuré un profond délassement comme une séance de relaxation même si le timbre de la voix est mélancolique, il est doux et mélodieux pour moi. Il m’a rappelé un voyage à Rome fait il y a quelques années. Me sont revenus le parfum unique de l'Italie, la beauté des fontaines, le cinéma et le charme de Marcello Mastroiani.
Ce roman m’a transporté vers un temps perdu fait de disparus mais magnifiquement recomposé dans ce texte en forme d’adieu grâce à la sublime métamorphose des sensations en mots simples et forts qui m’ont imprimé le cœur.
https://leblogdemimipinson.blogspot.com/2019/02/rendez-vous-parme.html
Laure, la narratrice ne se doute pas que la banale ouverture d’un carton de livres légués par un ami de longue date l’entrainerait, bien malgré elle à Parme…
A l’origine, le roman de Stendhal dont la narratrice retrouve une édition dans le legs de Léo. Léo était un amoureux de théâtre ; c’était son métier, et Laure l’a pratiqué avec lui dans sa jeunesse.
Découvrir un exemplaire de la Chartreuse de Parme rappelle à Laure un épisode très précis de sa vie d’adolescente en vacances chez sa grand-mère ; alors qu’un vieux monsieur lui en lisait des passages sur la plage, il lui laisse pour seul viatique « soyez heureuse et, quand vous serez plus grande, vous irez à Parme, il faut relire ce roman à Parme. »
Ce voyage, Laure le fera ; mais plus tard, bien plus tard ; à l’ouverture du mystérieux carton de livres.
Il est en effet bien curieux ce voyage ; d’abord sans grand but précis, mais surtout sur fond de relation amicalo -amoureuse difficile, ou du moins complexe à laquelle la narratrice semble vouloir échapper.
Tout n’est qu’imprévu, mais surtout résurgence des vieux fantômes auxquels se confronte Laure ; tout ce qui l’a construite : le théâtre, les auteurs et metteurs en scène qu’elle aime et qui l’ont nourri.
Sila ville ne la séduit pas plus que cela, le souvenir de Léo et du vieux Monsieur de la plage l’accapare, tout comme la réflexion autour de sa relation avec Jean.
Voilà un roman singulier, remarquablement écrit, mais pour lequel j’ai souhaité (et c’est extrêmement rare de ma part) une seconde lecture à distance de la première tant il me semblait être passée à côté de beaucoup de choses.
C’est une littérature d’atmosphère qui se laisse apprivoiser parce qu’elle est brève et parce qu’on s’y attarde une seconde fois laisse son petit sillage, et ce même si le théâtre n’est pas un centre d’intérêt que je qualifierais de majeur en ce qui me concerne.
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