Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Quand tout est déjà arrivé

Couverture du livre « Quand tout est déjà arrivé » de Julian Barnes aux éditions Folio
  • Date de parution :
  • Editeur : Folio
  • EAN : 9782070462339
  • Série : (-)
  • Support : Poche
Résumé:

Aucun résumé n'est disponible pour cet ouvrage actuellement...

Donner votre avis

Avis (5)

  • Trois récits, trois points de vue pour une interrogation universelle : quelle est notre place dans l'univers ? C'est en tout cas comme ça que j'interprète ce recueil par l'intermédiaire duquel Julian Barnes s'attache à trouver un sens, par l'élévation de la pensée, à ce qui n'en a pas. La vie,...
    Voir plus

    Trois récits, trois points de vue pour une interrogation universelle : quelle est notre place dans l'univers ? C'est en tout cas comme ça que j'interprète ce recueil par l'intermédiaire duquel Julian Barnes s'attache à trouver un sens, par l'élévation de la pensée, à ce qui n'en a pas. La vie, la mort. En l’occurrence, ici celle de sa femme, sa compagne pendant trente ans, décédée en 2008 après une maladie à la progression fulgurante.

    Le premier récit, Le péché d'élévation, nous entraîne à la suite des pionniers aéronautes et surtout de Nadar, qui eut le premier l'idée de la photographie aérienne et l'expérimenta lors de nombreux vols en ballons. L'humour de Julian Barnes est ici au service de personnages iconoclastes, passionnés, enthousiastes et déterminés à accomplir le rêve de chaque pauvre créature terrestre : s'élever et regarder le monde d'en haut. Le second récit, A hauteur d'homme met l'accent sur ce qui est pour certains l'un des moyens de s'élever : l'amour. L'histoire très amusante des amours entre Sarah Bernhardt (qui fut d'ailleurs photographiée par Nadar, rien n'est innocent ici) et Fred Burnaby, un militaire anglais également féru d'aéronefs sert de prétexte à l'auteur pour quelques réflexions sur ce qui pousse l'humain à rechercher l'amour alors que "chaque histoire d'amour est une histoire de chagrin potentielle. Sinon sur le moment, alors plus tard". Ce qui nous amène au troisième récit, certainement celui pour lequel ce recueil a été construit, La perte de profondeur. Ou la sensation de s'écraser au sol lorsque l'amour qui nous avait permis l'élévation nous est brusquement retiré. Outre le difficile travail de deuil, Julian Barnes interroge sur le chagrin, la solitude, l'impossible perception par autrui - fut-il proche - du terrible manque de l'être avec lequel on partageait une sorte de bulle plus légère que l'air qui permettait l'élévation.

    Avec ces trois textes, l'auteur offre une réflexion à la fois profonde et émouvante, mais toujours teintée de la pointe d'ironie qui est sa marque de fabrique. Ecrit en 2012, soit quatre ans après le décès de son épouse, il contient tous les ingrédients qui ont contribué au cheminement de la pensée de l'homme devenu subitement veuf et contraint de poursuivre seul.

    Bien plus qu'un témoignage, une offrande précieuse.

    "Vous réunissez deux êtres qui n'ont encore jamais été mis ensemble.(...) parfois cela marche et quelque chose de nouveau est créé, et le monde est changé. Puis, à un moment ou un autre, tôt ou tard, pour telle ou telle raison, l'un des deux est emporté. Et ce qui est retiré est plus grand que la somme de ce qui était réuni."

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Après le sublime "Une fille, qui danse" j'avais du mal à envisager que Julian Barnes puisse aussi rapidement passer à autre chose. Mais les grands auteurs se reconnaissent sans doute à cela, cette capacité à construire leur oeuvre sans virages à cent quatre vingt degrés, ni d'écrire en se...
    Voir plus

    Après le sublime "Une fille, qui danse" j'avais du mal à envisager que Julian Barnes puisse aussi rapidement passer à autre chose. Mais les grands auteurs se reconnaissent sans doute à cela, cette capacité à construire leur oeuvre sans virages à cent quatre vingt degrés, ni d'écrire en se laissant porter par une vague empreinte de mode ou d'actualité. Avec ces trois nouveaux récits assez poreux les uns par rapports aux autres, la musique -et pas forcément petite mais plutôt grave- de Julian Barnes emporte une nouvelle fois les lecteurs acquis que nous sommes.
    Nous croisons Nadar, Sarah Bernhardt et Barnes lui-même dans une oeuvre éblouissante d'intelligence et d'émotion retenue. La hauteur et la profondeur cessent d'être des notions issues de nos vieux problèmes d'arythmétique, d'algèbre ou de géométrie (Allez savoir!) du cours moyen deux, mais deviennent des éléments de description et de compréhension du deuil et de l'absence.
    Un beau moment de littérature.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • La perte de l'être aimé est décrite ici avec beaucoup d'émotion et de finesse dans un texte d'une grande beauté. Fidèle à lui-même, Julian Barnes ne craint pas d'exprimer la douleur du manque : « Celle qui me manque le plus, Margaret Jourdain, est morte depuis seize ans, et j'ai encore des...
    Voir plus

    La perte de l'être aimé est décrite ici avec beaucoup d'émotion et de finesse dans un texte d'une grande beauté. Fidèle à lui-même, Julian Barnes ne craint pas d'exprimer la douleur du manque : « Celle qui me manque le plus, Margaret Jourdain, est morte depuis seize ans, et j'ai encore des choses à lui dire... » Depuis 2008, Julian Barnes est veuf et, dans l'aveu bouleversant de simpli­cité de son héroïne, il reconnaît un des symptômes de son chagrin : l'absence.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • Quand tout est déjà arrivé est un recueil de trois textes, qui sont plus des récits que des nouvelles, qui se répondent, mais sans se suivre réellement.

    Le premier, Le péché d’élévation, nous parle du XIXe siècle, d’aéronautique, du vol en ballon de Sarah Bernhardt, de Fred Burnaby et de...
    Voir plus

    Quand tout est déjà arrivé est un recueil de trois textes, qui sont plus des récits que des nouvelles, qui se répondent, mais sans se suivre réellement.

    Le premier, Le péché d’élévation, nous parle du XIXe siècle, d’aéronautique, du vol en ballon de Sarah Bernhardt, de Fred Burnaby et de Monsieur Tournachon, qui va devenir le célèbre photographe Nadar.

    Dans le deuxième récit, A hauteur d’homme, on retrouve une nouvelle fois Sarah Bernhardt et Fred Burnaby, Julian Barnes nous racontant alors leur rencontre et leur « relation » amoureuse.

    Ces deux textes ont un caractère très documentaire et factuel, et on se rapproche beaucoup plus de l’essai historique que de la fiction romancée. Alors que le précédent roman de Julian Barnes, Une fille, qui danse, nous avait emporté, ces deux textes, au contraire, nous ont laissé à terre et on n’a pas réussi à le suivre dans ses deux voyages.

    Le troisième en revanche, La perte de profondeur, est un très bel écrit, beaucoup plus personnel et beaucoup plus intéressant. Lorsque Julian Barnes raconte la perte et le manque de la personne aimée disparue, il nous a semblé plus juste et plus pertinent, plus impliqué, et nous a plus touché.

    Ce dernier texte a permis de compenser la déception liée aux deux premiers, qui restent malgré tout bien écrits et historiquement intéressants.

    thumb_up J'aime comment Réagir (0)
  • A Paris, le 6 avril 1820, naît Gaspard-Félix Tournachon. Vingt ans plus tard, il se nomme Nadar pour l’éternité. Dans un premier temps, journaliste, puis caricaturiste, photographe, aéronaute … c’est un homme avide à qui le hic et nunc semble trop exigu pour y séjourner. Il aime son temps, la...
    Voir plus

    A Paris, le 6 avril 1820, naît Gaspard-Félix Tournachon. Vingt ans plus tard, il se nomme Nadar pour l’éternité. Dans un premier temps, journaliste, puis caricaturiste, photographe, aéronaute … c’est un homme avide à qui le hic et nunc semble trop exigu pour y séjourner. Il aime son temps, la modernité naissante, mais surtout il aime ses amis dont il tire le portrait. Plus il côtoie de célébrités (dont Sarah Bernhardt), plus il devient un homme de cœur. Un homme d’avenir. Mais le monde ne le sait pas. Pour cette raison, il le survole.
    A Paris, le 25 septembre 1844, naît Sarah Bernhardt. Vingt-cinq ans plus tard, elle est surnommée « la Scandaleuse » pour la postérité. Fille sans père, elle fait tout pour attirer sur elle le regard des autres. Tuberculeuse, elle se repose très souvent dans son cercueil capitonné. Elle aime le théâtre, les auteurs de son époque mais surtout, elle aime ses amis. Jean Cocteau la baptise « le Monstre sacré ». Elle est une femme de cœur. Une femme de courage. Tout le monde le sait. Pour cette raison, elle le survole, une fois, en compagnie d’un bel officier anglais, entièrement sous son charme.
    La troisième partie est consacrée à l’expérience que vit Julian Barnes lui-même, celle de la perte de l’être cher. Ainsi va la vie. Il ne veut pas la perdre mais la perd quand même. Elle le laisse seul. Et il se retrouve, tel Nadar perdu dans les airs, tel Sarah Bernhardt isolée sur scène. Mais les sentiments que suscite l’éternelle absence sont ici exprimés avec délicatesse et sensibilité, sans aucun apitoiement, tout en retenue. Il souffre. Personne ne le sait. Tout le monde le lit. L’amour nous rend plus fort, nous grandit, nous permet d’envisager la vie différemment, sous un autre angle. Là-haut, par exemple … Pourtant, toujours trop lourd, le corps retombe. A un moment ou à un autre.
    Julian Barnes, que je découvre ici (merci, Sylvie, pour ce cadeau !), se révèle un grand écrivain, parvenant à mêler le particulier, l’intime et l’émotionnel à l’Histoire plus universelle. La résonnance de l’expérience personnelle se traduit dans la construction de l’ouvrage : deux premières parties, plus légères, plus « aéronautiques », oserais-je dire, servent de prélude à la plongée au cœur de la noirceur de la vie. Aimer ne suffit jamais à vaincre la mort.

    thumb_up J'aime comment Réagir (1)

Donnez votre avis sur ce livre

Pour donner votre avis vous devez vous identifier, ou vous inscrire si vous n'avez pas encore de compte.