"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un lieu indéfini, antichambre du néant, quatre personnages liés par leur décès simultané, se retrouvent et revisitent leur vie.
Il y a là Harrison, l'homme blanc qui a hérité de la réserve africaine de son père, Juma le jeune albinos persécuté et recueilli par Harrison, N'Dilo l'ami d'enfance de Harrison devenu le bras droit d'un chef de guerre et contrebandier sanguinaire, et Pearl une éléphante très proche de Harrison depuis qu'il a sauvé un de ses petits.
La tragédie qui les tient là tous ensemble va peu à peu se dévoiler, nourrie des massacres des éléphants, de la mort de la femme de Harrison, du trafic de l'ivoire, de celui des albinos et de la manne guerrière qu'ils représentent.
L’intrigue : 4 personnages, Juma (un enfant Albinos), Harrisson (un homme blanc qui a vécu en Angleterre), N’Dilo (un homme noir) et Pearl (une éléphante) sont dans le noir complet. Ils sont morts et le savent… La lumière apparait, et sur un écran des « films » sont projetés. Films, brides de leurs vies respectives. Films qui se succèdent, qui sont liés (mais pas chronologiquement).
Je dois dire que le début m’avait laissée perplexe, n’étant pas habituée à ce style d’intrigue… Cependant, dès les pages suivantes, je m’y suis habituée ! Je pense que c’est ce qui rend ce livre original !
Au fur et à mesure des projections, on en apprend beaucoup sur eux, leur histoire, leur vie. Leur bonheur et leur malheur. Leurs amis et leurs ennemis. Ils ont tous les quatre vécus au même endroit, sur la même réserve africaine, mais ont vécus des choses totalement différentes…
On s’attache alors facilement à chacun, même s’ils sont tous différents, leurs histoires sont, chacune à leur façon, émouvantes.
Bien que ce roman, nous dévoile le lien entre les protagonistes, il s’agit aussi d’une critique sur le massacre des éléphants pour le commerce d’ivoire, et sur le commerce des albinos…. En outre sa fonction narrative, ce roman est très instructif, nous montrant les côtés positifs (descriptions de paysages…) autant que les côtés négatifs (différences entre les couleurs de peaux, braconnages, trafics…).
On ne s’y perd jamais en lisant ce roman, la lecture enivrante se fait doucement et nous emporte en Afrique
Bref, un voyage, une découverte, des sentiments, un côté très humain… C’est un roman qui vaut vraiment le coup !!!
Quand j’étais vivant, d’Estelle Nollet est particulièrement étonnant. Fort bien écrit, même si l’on peut considérer que le verbe est dur, vif et en tous les cas sans complaisance, ce roman est magnifiquement agencé.
Encore une fois, il me semble dommage de dévoiler l’histoire magnifiquement agencée. Sachons seulement qu’elle narre les destins croisés de quatre personnages : Harrison, un homme blanc, N’Dilo, son ami d’enfance noir, Juma, un jeune albinos persécuté et recueilli par Harrison et Pearl, une éléphante qui voue un amour infini à l’homme blanc qui a sauvé son petit.
C’est très violent, la mort est omniprésente et l’auteur s’y entend pour décrire la violence, la brutalité, les émotions tant des hommes que des bêtes. Elle y parle sans langue de bois du trafic de l’ivoire, de celui des Albinos et de la manne financière que représentent ces commerces. On y voit une Afrique à la frontière du ciel et de l’enfer, entre merveilleuse savane et calvaire d’animaux traqués. Sans langue de bois aucune, Estelle Nollet nous fait prendre conscience de l’horreur et donne à réfléchir.
Le récit de ces quatre vies gâchées par l’appât du gain est très réussi et offre un beau moment de lecture.
Un très bon roman sur un sujet dont on ne parle pas souvent.
Au coeur de cette histoire, un trafic d'ivoire et des personnages hauts en couleur.
À lire !
Quatre personnages se retrouvent après leur mort enfermés ensemble dans une salle où sont projetés des extraits de leur existence, dans une réserve africaine.
Le procédé est ingénieux et intriguant : on se prend au jeu dès les premières pages, et l'on a hâte d'en savoir plus sur chacun des protagonistes, de comprendre quel événement a pu les conduire à mourir prématurément.
L'environnement de la savane est par ailleurs excellemment décrit, que ce soit dans la faune ou dans la flore, dans les espèces qui y cohabitent, et dans les pratiques des hommes qui exploitent les ressources qu'ils y trouvent. Certaines dialogues autour des enjeux de cette exploitation sont passionnants, et donnent au récit un relief particulier, une profondeur et une portée intéressantes.
Cette lecture a été pour moi une splendide découverte!
Ma chronique complète est ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2016/02/quand-jetais-vivant-estelle-nollet.html
Le début du roman nous apprend d'emblèe que l'histoire à venir se terminera mal. C'est inattendu. Ce qui l'est davantage encore c'est que malgré cette connaissance du dénouement, il ne nous vient jamais à l'idée d'abandonner la lecture. Mieux encore : on se prend à espérer qu'un ultime retournement conduira vers une autre fin !
Oui, on sait immédiatement qu'Harrison, le blanc, propriétaire d'une réserve en Afrique, viscéralement engagé pour la survie des espèces menacées et dans la lutte contre les braconniers, que son ami d'enfance, son presque frère, N'Dilo, le noir devenu trafiquant d'ivoire, que Juma, l'enfant albinos et Pearl, l'éléphante sont morts et se trouvent réunis dans un espace et un temps indéterminés où ils ne peuvent que revoir leurs souvenirs.
Si la fin du roman nous semble connue, il reste à élucider les circonstances qui ont mené les protagonistes dans ce lieu peu à peu habité par leurs vies "d'avant".
Au Sud de l'Afrique, la réserve d'Harrison a vu se nouer et se dénouer la trame de leurs vies. Contraints de se replonger dans leurs souvenirs projetés comme des films sur un invisible écran, forcés de fouiller non seulement leur propre mémoire mais aussi celle des autres et donc d'en accepter le point de vue, ils revivent ensemble des évènements qu'ils ont déjà vécus seuls.
La situation initiale donne une tonalité déchirante à ces séquences d'un passé perdu où tout pouvait encore basculer du côté du bonheur et de la vie : les amitiés, les soupçons, les trahisons réelles ou supposées, les amours se confondent dans une nasse de méprises et de malentendus souvent dérisoires.
Cet aspect romanesque - au meilleur sens du terme - est porté par la flamboyance de la vie sauvage qu'Estelle Nollet excelle à décrire dans toute sa beauté et sa cruauté. A la brutalité de la nature répond la férocité mesquine des hommes. Car "Quand j'étais vivant" est aussi un livre militant, qui attire l'attention sur tout ce que l'homme élimine par sa vénalité.
Finalement, NOUS prenons la place d'Harrison, N'Dilo, Juma et Pearl et contemplons comme dans une atroce anticipation les désastres causés par bêtise, ambition, avidité. Alors on voudrait revenir en arrière, on souhaiterait corriger, modifier le cours des choses, effacer les erreurs. On voudrait tout recommencer, avoir une autre chance. Mais le livre se referme et il est trop tard...
Le roman d'Estelle Nollet m'a beaucoup touchée et a suscité une révolte impuissante. J'en avais des sanglots de colère retenue à la fin ! Vraiment j'ai beaucoup aimé et il faut découvrir ce roman, qui faisait partie de la sélection des 30 livres en lice pour le Prix Orange, et dont j'estime que l'on n'a pas assez parlé !
Quatre personnages qui ont vécu dans l'Afrique profonde et réunis par un même évènement dramatique se retrouvent ensemble dans un lieu "post mortem"... L'homme blanc propriétaire d'une réserve, très investi dans la protection des animaux; son ami d'enfance, avec qui il a été élevé, noir de peau, devenu braconnier; un jeune garçon albinos, mutilé; une éléphante protégée et suivie de près dans la réserve. D'emblée nous sommes interpellés par cette situation étrange qui va se dévoiler au fil du récit.
Ces personnages dialoguent entre eux, cherchent à comprendre les évènements qu'ils ont partagé, et les scènes évoquées sont projetées sur les murs de ce lieu imaginaire.
Se déroulent alors "devant nos yeux" la splendide beauté de la nature sauvage d'Afrique, mise en danger par la cupidité des braconniers qui recherchent le profit de l'"or blanc", le précieux ivoire.
Massacres de bêtes sauvages, trafics divers, rapports de force, plongée au cœur de la vie en pleine brousse : les récits sont vifs, toniques, en prise directe avec l'émotion, l'amitié, la cruauté.
Un livre d'aventures, animé par le respect des beautés du monde.
Un éléphant qui discute avec un braconnier, un responsable de réserve africaine et un albinos mutilé en regardant des souvenirs qui s'affichent sur de murs invisibles...Pourquoi pas puisque tout ce beau monde et bien mort et que les souvenirs en question en disent énormément sur l'Afrique, les hommes, les blancs comme les noirs et cette nature indissociable de leur destin commun. Il y a du Romain Gary dans cette fable, de par son style mêlant adroitement tragique et comique, sur fond de vanité et cupidité humaine et quelques petites flammes d'espoir.
Très juste cette histoire de temps retrouvé dans sa vérité grâce à une vue cavalière de la mémoire mais que la vie, dans son quotidien, avait occultée.
Très justes aussi chacun des mots, chacun des détails (dont aucun n'est inutile) forts, drôles, tendres ou dramatiques qui donnent à ce roman l'authenticité d'un reportage captivant sur les drames qui se jouent en Afrique.
A travers ces 4 destins croisés et brisés, sont mis en scène avec beaucoup de sensibilité : les mutilations d'albinos, le sanglant et juteux commerce de l'ivoire qui mène les éléphants à leur extinction et alimente via le commerce des armes la plupart des conflits.
Cette évocation à 4 voix de l'Afrique est dense, pleine d'empathie et d'amour pour la nature, les êtres humains, les animaux.
Le regard affûté de l'auteure rend terriblement humaine chaque séquence de ce film projeté sur l'écran des consciences : les regrets, les incompréhensions, les superstitions, les bonnes intentions, les fausses certitudes sonnent comme un immense gâchis.
J'ai été transportée par cette prose rythmée, ces images vibrantes de poésie et de vérité.
Je souhaite ici partager mon intérêt pour ce vivant plaidoyer ainsi que l'émotion éprouvée à sa lecture.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !
Même opinion que Sophie Gauthier dans le commentaire précédent.
Sous la trame romanesque, l'intrigue, le suspens imaginés pour éveiller la conscience d'un large public, Quand j'étais vivant, loin d'une fiction est hélas un reportage, un "film" documentaire qui mériterait un prix pour toutes ses réelles qualités et pour lui assurer une large audience notamment auprès des jeunes (ce livre devrait d'ailleurs figurer dans tous les CDI) d'autant qu'au-delà de la protection des espèces en voie d'extinction, de la dénonciation de crimes abominables, il soulève maints problèmes actuels de l'Afrique, le déterminisme des vies et des évènements, les erreurs de jugement liées à l'ignorance, au manque d'information, les incompréhensions qui mènent aux drames.
Des causes défendues avec talent, force et humanisme.