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Un hameau perdu en plein désert, deux boutiques, l'épicerie de Monsieur Den et le café de Dan où tous les soirs les paumés qui y végètent se retrouvent et éclusent au comptoir. De ce pays, personne ne peut sortir. Willie, qui y est né et ne connaît rien d'autre, le sait mieux que personne. Mais vient le jour où le garçon de 25 ans se pose la question, et rien ne sera plus comme avant.
Ce premier roman au climat étrange, proche de l'imaginaire du Caldwell de la Grande Dépression, ou du Mc Carthy de la Route frappe l'imagination par son évocation de personnages déchus, au bout du rouleau, ou d'innocents magnifiques dans un nulle part aride, implacable et ordinaire.
"Par ici il vaut mieux dépasser ce qu'on voit, sinon je crois bien que ce serait trop dur. Ou trop laid." C'est pourtant par la sueur, la crasse et la poisse que débute le roman, dans une langue qui râpe, qui colle et s'incruste au fil des pages avec la ténacité du désespoir. Une poignée d'âmes perdues a échoué dans une contrée mystérieuse, où le bar du coin les maintient dans un état de demi-conscience. Jamais anesthésiée, la douleur s'y serre les coudes avec l'illusion d'une peine à purger. Qui sont ces personnages et pourquoi sont-ils coincés là ? C'est ce que l'on découvrira à travers la quête de Willie, animé d'un sursaut de libre-arbitre. Un premier roman envoûtant où le sordide revêt des allures de fable, à lire d'une traite.
Un titre étrange pour un premier roman étrange et attachant dans lequel la belle imagination de l’auteur anime le théâtre d’ombres de personnages pittoresques échoués dans ce qu’il faut bien appeler le trou du cul du monde, les uns revenus de tout, les autres - dont Willie le héros - parvenus à rien mais éclairés de l’intérieur par l’innocence du bon sauvage. Les uns et les autres noient leur vide existentiel dans la boisson : « Il suffit d’une pinte pour ne plus trouver les gueules des autres trop connues, l’endroit trop puant et le soir si pareil à celui d’avant ».
Que s’est-il passé dans ce pays de coyotes perdu dans le désert ? On ne sait plus très bien mais on sait qu’il ne se passera plus rien : « le nord mène au sud qui mène au nord et l’est mène à l’ouest qui mène à l’est, où qu’on aille on se retrouve au même endroit ». Sauf que… Le lecteur découvrira que le pire n’est pas toujours certain !
Albert Camus, à l’honneur ces jours cinquante ans après sa mort, se sentait « placé à mi-distance de la misère et du soleil ». Le roman d’Estelle Nollet illustre par l’absurde que la noire misère jamais n’éteint le soleil. C’est ainsi que les hommes vivent.
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