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L'institution sportive, cette honorable société, avec ses hiérarchies, ses codes, ses hommes d'honneur, est la plupart du temps considérée comme un modèle idéal de « vivre ensemble ». Pourtant, les rapports de socialisation qu'elle produits reposent avant tout sur les notions de production de performances, de mises en concurrence, de sélection et de hiérarchisation, qui sont la réplique exacte de la rationalité capitaliste.
Pour rendre acceptable et légitime ce mode de « vivre ensemble », l'institution sportive mobilise tout un arsenal idéologique qui permet de masquer la réalité de ce qu'elle met en jeu en valorisant à l'extrême des caractéristiques et des modes de fonctionnement certainement les moins utiles à l'avènement d'une société hostile à la prédation, à savoir démocratique et juste. Le modèle idéal, le champion et le héros, cumule en effet quelques traits de caractère, à travers lui valorisés, qui rendent bien compte de la continuité et de la cohérence qui lient le système sportif, le système capitaliste et le système mafieux.
Cet opuscule, composé de trois parties, s'ouvre sur la question « Du déni intellectuel de la banalisation du mal sportif ». C'est notamment la prose de Jean-Claude Michéa que l'auteur prend à contre-pied, en ce que la posture de cet « intellectuel pourtant engagé » est exemplaire de la volonté obstinée de « culturaliser » et de « folkloriser » le mal sportif.
L'analyse de l'auteur se poursuit par une partie consacrée à la critique de la valorisation populaire du héros sportif, ce prédateur des temps modernes, visant à dévoiler la dimension cachée du narcissisme autoritaire qui caractérise si souvent ces hommes et femmes d'honneur. Ce sont notamment les témoignages et expériences de nombreux champions repentis qui servent de matériau à l'analyse.
La dernière partie de l'ouvrage, « De l'omertà ou de l'art de taire l'essentiel », rend compte d'un aspect important, tant du mal sportif que des comportements typiquement mafieux, et tend à dévoiler le sens caché du silence et de la virilité qui caractérisent si bien l'omertà, notamment ce qu'elle implique du point de vue de la négation de la pensée dans l'institution sportive.
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