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Paysans ? Agriculteurs ? Chefs d'entreprise ? C'est en arpentant les campagnes européennes à la rencontre de ces nouveaux paysans qui construisent un autre rapport au temps, à l'espace et aux autres que l'agronome et sociologue Estelle Deléage s'interroge, depuis plus de dix ans, sur le devenir de l'agriculture.
Dans Ravages productivistes, résistances paysannes, elle revient sur les raisons pour lesquelles le développement de la technoscience et du capitalisme dans l'agriculture assure à une minorité le maintien de sa domination économique et politique et accélère l'éviction des paysans de la société. Considérés de manière dominante comme une classe objet, selon l'expression de Pierre Bourdieu, les paysans ont en effet constitué et constituent encore aujourd'hui, un peu partout sur la planète, un réservoir de main d'oeuvre pour l'industrie en pleine expansion. C'est donc bien la poursuite du projet d'artificialisation de la nature qui se joue ici avec comme élément central à la réalisation de ce projet, la dépaysannisation de la planète (relégation, pauvreté, suicides des paysans, etc.).
Pensée majoritairement comme une nécessité historique, la dépaysannisation a été organisée dans l'ignorance - souvent volontaire - des nombreuses résistances et luttes paysannes qui ont jalonné l'histoire. Plus près de nous, dans un contexte de mondialisation des échanges et de standardisation de la consommation alimentaire, ces luttes sont portées, comme le montre Estelle Deléage, par ces nouveaux paysans qui construisent des alternatives pour penser autrement notre rapport à la terre et aux autres. Loin des utopies technoscientifiques ou d'un retour à la communauté villageoise, ils dessinent les contours d'une société du bien-vivre ensemble qui rompt avec l'unidimensionnalité de l'agriculture productiviste et l'ère de l'obsolescence programmée, en particulier des denrées alimentaires.
Ils interrogent à nouveaux frais la question de la division du travail dans l'agriculture qui, comme l'écrivait déjà Karl Marx dans Le Capital, en s'entretenant par « l'intermédiaire de l'échange des marchandises a pour base fondamentale la séparation de la ville et de la campagne ». Ils participent à la mise en oeuvre d'une consommation engagée qui favorise une agriculture de terroir, localisée et ce, dans un contexte de poursuite de la déstructuration des habitudes alimentaires, qui participe au déploiement de la société de consommation.
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