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Ce volume contient :
Du côté de Portnoy et autres essais - Parlons travail - Explications.
«Me voilà, sans mes tours de passe-passe, à nu et sans aucun de ces masques qui m'ont donné toute la liberté d'imaginer dont j'avais besoin pour écrire des romans.» Cette compilation d'essais et d'entretiens a été conçue par Philip Roth comme le chapitre final de son oeuvre, celui où le romancier, qui avait publiquement annoncé la fin de sa carrière littéraire, contemple le fruit d'une vie d'écriture et se prépare au jugement dernier. Il y dévoile les coulisses de son travail, revient sur ses controverses et livre de nombreuses anecdotes où le goût de la fiction le dispute à la stricte biographie. Au fil des trois sections du recueil (dont la dernière, Explications, est inédite en France), chaque page démontre l'acuité et la force de persuasion de celui qui fut un des auteurs essentiels du XXe siècle. Et ne vous laissez pas berner par la promesse initiale : la sincérité avouée de Roth n'est pas la moindre de ses ruses...
Pourquoi lire Pourquoi Ecrire ? Pour quatre raisons principales.
La première, pour prolonger encore un peu la fréquentation de ce grand écrivain et passer quelques heures en sa compagnie en balayant une œuvre de cinquante-sept ans dans une vie de quatre-vingt cinq, de 1933 (il rappelle que c’est l’année de l’arrivée au pouvoir d’Hitler) à 2018.
La seconde pour lire son admiration pour Kafka, l’influence de celui-ci sur son oeuvre et les commentaires tirés de ses cours et de son essai Regards sur Kafka.
La troisième, pour l’écouter s’expliquer sur certains de ses livres les plus emblématiques, Portnoy et son Complexe, tout d’abord. Occasion, pour lui, de réfuter l’accusation d’avoir ainsi attisé l’antisémitisme. Ce reproche semble lui avoir été d’autant pénible qu’il l’estimait injuste et qu’il provenait, pour l’essentiel, de la communauté à laquelle il appartenait.
Les lecteurs de Portnoy et son Complexe y glaneront de précieuses et enrichissantes précisions sur les intentions de l’auteur et la genèse du roman. Les lecteurs de Pastorale Américaine découvriront si oui ou non « le Suédois » a vraiment été inspiré par un de ses condisciples de Wheequahic, ceux de La Tache sauront qui a réellement inspiré le personnage principal et ceux du Complot contre l’Amérique saisiront le pourquoi du choix de Lindbergh pour cette uchronie. Quelques critiques et quelques articles de Wikipedia seront légèrement égratignés.
La quatrième raison concerne les entretiens qu’il a eus dans la seconde moitié du vingtième siècle avec des écrivains du calibre de Primo Levi, Isaac B. Singer, Kundera, S. Bellow ou certains autres qui m’étaient inconnus comme Appelfeld, Klima, O’Brien ou Malamud et que ces entretiens donnent envie de découvrir.
De Kundera, « Le romancier apprend au lecteur à appréhender le monde comme question. Il y a de la sagesse et de la tolérance dans cette attitude. Dans un monde construit sur des certitudes sacro-saintes, le roman est mort. Le monde totalitaire, qu’il ait pour base Marx ou l’islam, est un monde de réponses plutôt que de questions. Le roman n’y a pas sa place. En tout cas, il me semble qu’à travers le monde les gens préfèrent aujourd’hui juger plutôt que comprendre, répondre plutôt que demander, si bien que la voix du roman peine à se faire entendre dans le fracas imbécile des certitudes humaines. »
De Klima, « A la question : « Pourquoi Kafka a-t-il été interdit par les régimes communistes ? » le héros de mon roman Amour et ordures répond en une phrase : « Le trait le plus saillant de la personnalité de Kafka, c’est son honnêteté. » Un régime fondé sur la tromperie, qui demande aux gens de faire semblant, qui exige leur aval de pure forme sans se soucier de leur intime conviction, un régime qui a peur de tous ceux qui s’interrogent sur le sens de son action, ne peut pas permettre à un auteur dont la véracité atteignait un absolu aussi fascinant, voire terrifiant, de s’adresser au peuple. »
Ajoutons qu’au fil de cet ouvrage, on découvre aussi le regard qu’il porte sur son œuvre et son métier, la différence qu’il établit entre être politisé, ce qu’il était, et faire de la politique avec ses romans, ce qu’il n’a jamais voulu faire ; son souhait d’être considéré non pas comme un écrivain juif américain mais comme un écrivain américain et son regard acerbe sur la culture américaine et les lecteurs dont il déplore le nombre décroissant … « Je doute que la capacité d’appréciation de l’esthétique littéraire… ait beaucoup d’avenir dans ce pays. Dans deux décennies, le nombre de lecteurs amateurs capables de prendre plaisir à lire avec discernement des œuvres littéraires sera égal au nombre de ceux qui lisent aujourd’hui de la poésie écrite en latin. »… ainsi que de nombreuses anecdotes ou révélations comme celle concernant Eric Duncan, cet auteur qu’il a bien connu et dont la carrière ne fut pas ce qu’elle aurait pu être. On ressort de cette lecture avec l’impression de connaître un peu mieux Philip Roth et l’envie de lire ceux de ses romans qui nous sont encore étrangers. Même s’il la joue modeste en reprenant à son compte une des rares déclarations du modeste d’entre les modestes qu’était le champion de boxe Joe Louis « J’ai fait de mon mieux avec ce qui m’était donné », on referme ce dernier livre avec la pensée réconfortante qu’à travers ses quarante-quatre livres il a conquis une étincelle d’éternité.
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