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Aurélien Delsaux dépeint une année dans la vie de Luky, Abdoul et Diego, trois ados d'un quartier HLM de province isolé du centre-ville, trois grands mélancoliques assoiffés de vie et qui portent l'immense poids de l'avenir qui s'étale devant eux. On devine leurs crises de peur profonde et l'on voit leur coeur se replier secrètement dans un coin d'enfance qu'ils ne voudraient plus quitter.
Pour Luky est un roman sur la grande amitié, la fraternité choisie. Il nous parle de vocation, de diversité, de la fin des illusions et du vacarme de la vie qui donne le vertige mais fait naître aussi de grandes espérances. En filigrane, le roman nous raconte également la ville, les différences sociales et l'injustice. Tendre et bouleversant.
Luky, Abdoul et Diego traversent ensemble leur année de seconde dans un lycée d'une petite ville de province. Les filles, les profs, le temps qui passe et l'enfance qui s'enfuie. L'heure des premiers choix surtout.
Ce livre recèle une véritable tendresse. Ma propre adolescence m'est revenue en arrière-plan de la lecture et j'ai trouvé les personnages particulièrement attachants (surtout Abdoul!). C'est certainement ce qui m'a permis de surmonter le style de l'auteur. J'ai énormément de mal avec les retranscriptions du langage parlé mais les personnages ont suffi à porter ma lecture.
A lire en se souvenant de ses quinze ans.
https://animallecteur.wordpress.com/2020/02/21/pour-luky-aurelien-delsaux/
Dans un style oral, avec beaucoup de justesse et de tendresse pour ses personnages, Aurélien Delsaux raconte l’histoire, la vie ordinaire de trois jeunes qui vivent en périphérie, en banlieue, loin de la ville et de la vie. C’est le quotidien d’une bande de potes rythmé par l’ennui et le désir de voir ailleurs, le rêve de sortir de leur médiocrité quotidienne qui se déroule sur une année scolaire. Ce n’est pas l’année qui va changer leur vie, c’est juste une année parmi d’autres avec ses joies, ses peines, ses inquiétudes et ses questionnements où l’auteur révèle l’extraordinaire de ces vies ordinaires.
L’écriture est fluide, les phrases et les chapitres sont courts et incisifs. C’est un ado d’une quinzaine d’années qui s’exprime sans caricature. On sent que l’auteur du fait de son métier de professeur, sait observer les ados avec bienveillance. Et tout comme l’auteur, les garçons du roman sont entourés d’adultes eux aussi bienveillants, empathiques, qui ont un regard positif sur eux et leur avenir. Un avenir flou puisque Luky, Abdoul et Diego n’y pensent pas, n’en rêvent pas et vivent au jour le jour. Ils aiment la vie et en profitent, ils baignent dans leurs incertitudes d’ado et essaient de se construire dans cette période fragile entre l’enfance et l’âge adulte. C’est une jeunesse paumée mais qui vaut tellement mieux que ce qu’on veut nous faire croire.
Ce roman est tendre et touchant. On y découvre les troubles de Luky depuis la mort de son grand-père, le nouveau compagnon de Mother (la mère de Luky), les amours successifs d’Abdoul et un événement qui s’est déroulé dans la classe d’Aboul qui l’a marqué, des balades dans la campagne, un conseil de discipline et plein d’événements banals qui marquent le quotidien de ces jeunes.
Luky est un des trois ados que j'ai suivis en lisant ce roman hors normes d'Aurélien Delsaux. Hors normes par son style et son écriture qui collent à la façon de parler de Luky, Abdoul et Diego qui vivent aux Renarts, quelques immeubles au bout d'une route où il n'y a rien à faire.
Tout se passe en Isère, près des Chambaran, pas très loin de Voiron.
Je pense qu'il faudrait lire la plupart des pages à voix haute mais en dévorant ce livre découvert grâce à Babelio (Masse critique) et aux éditions Noir sur Blanc, j'entendais parler ces jeunes, ces trois amis aux prises avec les difficultés de la vie et de ce qui les attend. Leurs tics de parole et leurs formules toutes faites sont bien rendues.
Si Luky est le personnage central, Abdoul réussit en classe, s'en donne la peine, alors que Diego n'en fiche pas une, cherchant surtout à séduire les filles.
Enfin, voilà Luky qui apparaît à la mort de pépé dont il aurait bien aimé toucher le cadavre, caresser la joue mais Mother – oui, c'est comme ça qu'il nomme sa mère, une femme qui l'élève seule – le lui a interdit. Depuis ce décès, Luky entend des voix mais personne ne le prend au sérieux sauf, au début, ses deux copains. Luky est gentil, ne fait de mal à personne mais déclare qu'il ne veut rien. À ceux qui veulent à tout prix qu'il formule un projet, il annonce qu'il veut être le dernier. En famille, il avait sidéré tout le monde en annonçant son intention de devenir éboueur.
J'ai aimé lire ce roman qui se passe dans une région proche de la mienne, un roman qui permet de comprendre ce que vivent et ressentent nos ados au quotidien. Leurs études se déroulent cahin-caha et j'ai bien apprécié les débats du conseil éducatif où Luky réussit à dominer celles et ceux qui veulent à tout prix le forcer à décider de son avenir.
Aurélien Delsaux, ici, fait preuve d'un talent étonnant pour faire parler ados et adultes, jouant avec les temps de ses verbes et avec les mots, mais aussi pour délivrer de superbes passages pleins d'une poésie bienvenue pour respirer dans les moments difficiles.
L'auteur m'a plongé dans un de ces quartiers dits périphériques, nombreux en France, pas seulement dans la région parisienne. Pour Luky est un livre à lire pour comprendre ce que vivent ces jeunes et, pourquoi pas, tenter d'inventer d'autres issues, d'autres voies pour sortir de la médiocrité quotidienne.
Au travers de la mort de son pépé, je me rends compte de la rupture trop brusque, trop dommageable entre une vie rurale envoyée brutalement aux oubliettes et ce que nous offrons à des jeunes complètement coupés de leurs racines.
Cette belle paire de jumelles qui orne la couverture du livre, m'a permis de voir de plus près une réalité pas très réjouissante mais dont il faut parler. En lisant le petit mot de remerciements de l'auteur, je découvre que Luky, Diego et Abdoul existent, tout comme M. Lesélieux, le prof de français qui a su donner envie de lire, d'écrire et d'apprendre à Abdoul. Un grand moment d'espoir comme cette scène pleine de tendresse qui conclut l'histoire…
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Pour luky, signé Aurélien Delsaux chez Noir sur Blanc (2020), est une réussite. Incontestablement, l’auteur connait le public des jeunes qu’il met en scène. Luky, Abdoul et Diego, trois adolescents d’une petite ville de province, ne savent pas encore construire leurs avenirs alors que déjà se détricotent les certitudes et les rêves d’une enfance de banlieue qui se meurent, aussi bien l’enfance que la banlieue.
Ce sujet, maintes fois traité dans la littérature, sort du lot par le style inventif de l’auteur qui a su parler et écrire comme ces ados, sans jamais tomber dans la caricature et le dénigrement. A côté de ces jeunes qui se mêlent volontiers les pinceaux dans les règles grammaticales et la concordance des temps, Aurélien Delsaux place sur leur route quelques adultes, enseignants, qui par amour du métier et empathie avec ces jeunes, promesses d’avenir, portent un regard positif sur eux et cherchent à les aider à se sortir de la nasse où ils se sentent pris.
Sous peine d’ulcère, le lecteur amoureux du respect de la langue et de ses règles, devra vite oublier les pieds dans le tapis des règles grammaticales et les outrages à la concordance des temps qui s’empilent dans ce roman. Moyennant cet oubli, il entrera facilement en résonnance avec le monde de ces jeunes et leur vision très limitée de l’avenir. En effet, ce roman est une invitation à voir les jeunes comme capables de quitter leur adolescence d’albatros cloués au sol pour prendre, enfin, leur envol vers une vraie vie, la leur, celle de demain.
Ce roman, loin d’être noir, morbide, sinistre est aussi un livre de tendresse. Celle de Luky pour son Pépé mort qu’il n’a pu toucher. Celle pour sa capacité à rêver, à se téléporter dans un monde plus accueillant et celle, sans mièvrerie, de l’enseignant, M. Lesélieux qui pousse Abdoul à poursuivre des études littéraires. C’est lui qui écrit ce livre. Lui, Abdoul qui a longuement hésité à quitter ses copains pour les Lettres… mais qui sait qu’il doit le dire à ses copains, à Luky, au moins.
Un livre curieux, un livre qui touche. Un livre qui pose de vraies questions et qui expose tous les Luky, Abdoul ou Diego à nos regards qui pourraient être davantage bienveillants. Un livre qui parle beaucoup à l’enseignant que j’ai essayé d’être… Merci aux Editions Noir sur blanc et à Babelio pour la belle découverte de ce titre « Pour luky ».
Luky cherche sa voie, et il entend des voix- à le rendre fou. C’est un adolescent en plein questionnement (pléonasme). Aurélien Delsaux nous propose de suivre la trajectoire de Luky et de ses deux meilleurs amis, Abdoul et Diego. Tout y passe, l’appréhension de l’altérité, la compréhension des adultes, la découverte de la sexualité, les dérèglements psychologiques, l’insouciance, l’échec scolaire, le sens de la vie et du monde. Le thème de l’adolescence n’est certes pas nouveau mais le ton de l’auteur est très personnel, avec parfois de jolies formules (« les légendes, c’est d‘la vérité qui se déguise ») et des scènes criantes de vérité (ex : le professeur en larmes pendant le cours suite à l’assassinat des enfants juifs de Toulouse). Et puis, pour une fois, voilà un écrivain qui prend la peine de comprendre et d’écrire ce qu’un jeune arabe de culture musulmane peut ressentir dans une société qui le regarde avec plus de suspicion que de curiosité. On sort enfin des clichés et des préjudices habituels. Cela suffit-il à en faire un livre inoubliable ? Malheureusement non. Il manque à cette histoire de jeunes une force, un souffle que j’ai pu retrouver récemment chez Sofia Aouine ou Maria Pourchet. Là, j’ai eu l’impression de lire une leçon bien apprise, un carnet intime minutieusement rédigé. C’est difficile de traiter l’adolescence après toutes les œuvres, notamment cinématographiques, qui l’ont brillamment racontée. Il suffit de penser à Truffaut, Dolan, Kéchiche, Sattouf, Gus Van Sant, Reitman ou Larry Clark. Et on dira ce qu’on voudra, le manque de culture des protagonistes rend leurs errements moins intéressants. Pour Luky, c’est le Cercle des poètes disparus, mais sans l’érudition.
Bilan :
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