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On retrouve le charme indéfinissable des années 60, l'ambiance machiavélique de films tels que La mariée était en noir.
C'est un très beau suspense, distillé avec art. Un trio de femmes dont on ne sait dire laquelle est coupable, laquelle est meurtrière, laquelle est victime.
Il y a celle à qui tout sourit, qui se fiche de tout et de tous, sauf ceux qu'elle met à son service.
Il y a celle qui envie, qui aime, celle à qui tout sourit.
Il y a celle pour qui prendre soin de la princesse gâtée est un travail.
Mais les frontières entre envie, travail, amour, amitié, besoin, sont floues, mouvantes.
La tragédie redistribue les rôles. L'amnésie trouble les identités.
C'est très bien fait.
Alors, faut-il le lire ? Oui. Un roman policier du temps d'avant, avec scénario bien ficelé, mais sans tueur en série ni meurtre sanguinolent, de temps en temps ça fait du bien.
J’ai choisi ce thriller sur les conseils de la librairie @icigrandsboulevards et aussi parce que je n’avais jamais lu de Sébastien Japrisot (honte à moi). Je m’étais contentée des adaptations cinématographiques de « L’Été meurtrier » et de « Un long dimanche de fiançailles ». Curiosité récompensée. Sébastien Japrisot a l’art de tisser une toile narrative dans laquelle le lecteur se fait irrémédiablement piéger. C’est jubilatoire de reconnaître ses erreurs à la découverte d’un dénouement, de se faire surprendre, de s’arrêter dix fois pour se demander où l’auteur vous embarque, ça stimule l’intelligence. Alors on pourra faire la fine bouche. Il y a, dans la machination machiavélique inventée par Japrisot quelque chose d’improbable qu’on ne révélera pas ici. Improbable à moins de flirter avec la folie pure et ce serait trop facile : la folie ne peut être l’alibi de toutes les invraisemblances. On le pardonne volontiers. Japrisot, à la différence de beaucoup d’auteurs de thrillers actuels, soigne son histoire et son ambiance, ils deviennent des personnages à part entière du roman, comme la victime et son meurtrier. Ce thriller aborde aussi le thème de la perte d’identité, du mimétisme et la question du dédoublement de la personnalité. Ça donne envie de voir le film qu’en a tiré André Cayatte en 1965 après avoir revu Les diaboliques (1955) d’Henri Clouzot et Volte-face (1997) de John Woo. Si, après avoir lu « Piège pour Cendrillon », vous vous réveillez un matin en vous demandant si vous êtes réellement Micky, c’est que le roman vous a conquis. Ou que vous êtes fou et si tel est le cas, écrivez, vous aussi, des romans policiers.
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