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« Tu sais, je n'arrive pas à comprendre où et quand commençait la réalité, ce sarcophage où je suis enfermé, les résultats médicaux, le rien de ma vie. Et cet autre monde, ces autres mondes où je vivais. J'étais plongé dans des nuits multiples, comme des labyrinthes d'où je devais m'extraire. Je devais trouver la sortie.
Je la savais en moi, quelque part. »
Boris Razon a 29 ans, il est journaliste, il dirige Lemonde.fr. Il a une vie sympa, une compagne et des parents aimants, des amis fidèles.
La "métamorphose" commence un matin par des fourmis dans les doigts, puis arrive la douleur dans le dos, dans la poitrine, signes avant-coureurs non décryptés par les médecins. Il va être terrassé par une forme atypique et particulièrement grave du syndrome de Guillain-Barré. Cette maladie auto-immune qui détruit le système nerveux périphérique peut conduire à la tétraplégie. Pour Boris Razon, ce sera la lourde peine : 14 mois d'hospitalisation dont 6 mois en réanimation, quelques semaines d'emprisonnement en soi, coupé cruellement des autres et du monde, enfermé vivant dans une enveloppe inerte, perclus de souffrance, rattaché à des machines qui le maintiennent en vie, dans l'impossibilité de communiquer. Il va passer du statut d'homme debout à celui de "poulpe endormi".
Pour raconter sa plongée en enfer, l'auteur a opté pour le roman plutôt que le témoignage. Le récit est à la première personne, le narrateur s'adresse directement au lecteur en le prenant à témoin de ce qui lui est arrivé. Il installe une promiscuité en utilisant le tutoiement "il fallait que je lui parle, ça m'a permis de le faire respirer".
Après une première partie écrite en mode thriller, un compte à rebours bien ancré dans la réalité, le récit entraîne le lecteur dans un univers fantasmatique sombre et apocalyptique, créé par le malade en proie aux peurs les plus intimes. Le cœur du livre, ce sont ces hallucinations, une incursion dans les strates les plus profondes d'un être, dans ces zones ténébreuses de l'inconscient où le conscient n'a plus de prise. Dans son monde irréel, Boris fait d'étranges rencontres, livre de vains combats contre toutes sortes de créatures délirantes, il va même jusqu'à tuer pour survivre et sauver les siens.
J'ai trouvé cette deuxième partie beaucoup trop longue et sa lecture éprouvante. J'étais mal à l'aise dans ce statut de voyeuse. Je n'avais aucun doute sur la qualité de l'écriture mais je ne prenais aucun plaisir à lire ce récit déjanté, souvent gore, obscène parfois. Je tournais les pages en apnée, me raccrochant aux petits bouts de réalité que sont les extraits bruts du dossier médical qui balisent tout le livre ; je les décryptais minutieusement à la recherche du moindre indice annonçant la reddition de la maladie.
J'ai souvent décroché jusqu'à ce que la troisième partie (très courte), la remontée, le retour à la vie, récupère toute mon attention. Boris reprendra les commandes de son corps mais la métamorphose aura eu lieu...
Palladium est un livre troublant dont on ne sort pas indemne parce qu'il est porteur d'une charge émotionnelle intense et qu'il entrouvre en nous des portes que nous aurions préféré laisser fermées.
Le sidérant roman de Boris Razon s'ouvre sur un compte à rebours : 64 jours avant la "métamorphose" qui va faire de lui "un homme sans âge et un meurtrier". Alors qu’il est en voyage avec Caroline, qu’ils s’aiment et que la vie est pleine de promesses, cet homme de 30 ans, heureux, bon vivant, au corps jeune et triomphant, qui goûte le bonheur du soleil, des bains de mer et de la cigarette, puisque "fumer, c'était vivre, s'infliger soi-même du mal et en jouir", ressent les premiers symptômes – infection, virus, bactérie, maladie rare ? on ne saura jamais – d'un mal mystérieux, pernicieux, qui sans coup férir l'atteint, le paralyse de douleur, l'asphyxie. En l'espace de quelques jours seulement, le voilà perclus, inerte, privé de sensations, de paroles et de respiration, prisonnier d'un corps devenu insensible, pur esprit incarcéré dans une enveloppe de chair végétative. Une intelligence, une mémoire, une âme, avec "son corps pour sarcophage".
«La métamorphose avait eu raison de moi. Je m'étais presque entièrement éteint, maintenu en vie par trois tubes et un petit fil logé dans mon cerveau. Et maintenant, en cet instant, je revois ma famille et mon amoureuse ce jour-là [...]. Je me disais : “Ils vont partir ou mes yeux vont se fermer. Bientôt je ne les verrai plus”...»
Sauf que Boris Razon narre ce cauchemar comme une épopée et qu'en définitive, c'est lui, l'homme-sarcophage immobile, qui met les voiles pour une longue traversée en solitaire, qui sous sa plume devient un récit épique, une descente aux enfers chimérique, envahie d'hallucinations et de dangers, de visions d'épouvantes, de réminiscences, de bruits environnants... La déchéance physique n'est que la partie apparente de la "métamorphose" subie. Loin du monde "réel", enfermé dans une "semi-conscience psychotique", il découvre, dans les abysses les plus profondes de son psychisme, une autre réalité, à plusieurs dimensions, dans une sorte de fête en son honneur peuplée d'inconnus menaçants et peu recommandables.
Tout ceci ressemble à un chaos, aux cercles de l'enfer de Dante, à une lutte intime mais à travers cette chute, se joue aussi une métamorphose spirituelle, quelque chose d'un rite initiatique, qui passerait par l'épreuve, l'abandon, la confrontation avec le mal, la traversée des ténèbres, comme si, au pays de la douleur, l'auteur visitait son inconscient empli d'angoisses archaïques, une contrée étrange où tout est à la fois dangereux, hostile, bizarrement obscène. De cet univers parallèle, il est tenu en vie par la présence solaire de Caroline, qui fait tout pour le sortir de sa capitale de douleur en l'attirant à elle. Comme nous, avec nous, Caroline détaille les dossiers médicaux, égrenés en marge du récit, un enchevêtrement de tests, d'analyses et d'observations cliniques dans lesquels on tente de déceler le moindre signe de l'amélioration de l'état de Boris.
La lecture de Palladium nous confronte au huis-clos infernal d'un homme enfermé en lui-même, hanté par la peur de mourir, habité par la honte de ne plus s'appartenir, dévoré par la solitude et la douleur. C'est une lecture intense, tendue, éprouvante, violente qui nous entraîne loin en nous-mêmes, dans la complexité des êtres humains, trop humains que nous sommes.
"C'était lui ou moi, lui et sa beauté solaire, sa joie de vivre, son plaisir débordant à fumer, à boire, à prendre ce qui était devant lui [...] ; ou moi, boiteux, handicapé, insensible, perdu dans d'insondables abîmes..."
Imaginez... vous avez trente ans, une femme que vous aimez et dont vous êtes aimé en retour, deux jolies belles-filles, un job passionnant, lorsque subrepticement un malaise s'installe, votre corps se fige peu à peu jusqu'à vous laisser exsangue, paralysé, enfermé dans votre propre corps sur un lit d'hôpital, sans même que vous sachiez pourquoi. Vient alors la transformation, la traversée du miroir.
C'est un récit aussi fort que bouleversant que nous livre Boris Razon dans ce premier roman, compte rendu à l'écriture magnétique de la terrible expérience qu'il a vécue : se retrouver pris au propre piège de son corps. Palladium n'est en aucun cas une autofiction tout ce que rapporte ici Razon est la stricte narration de son ressenti pendant ce mois de captivité intérieure.
Ce fascinant premier roman se présente comme un kaléidoscope entremêlant des extraits bruts de son dossier médical fil conducteur de l'enquête menée par la médecin pour tenter de comprendre le mal dont il est atteint mais aussi de sa vie intérieure, celle de son esprit plongé dans un monde de douleur, de violence et de sexe. Cette construction habile qui laisse voir au lecteur ce qui passe simultanément autour du corps du narrateur et dans son espace psychique fait de Palladium un roman qui n'a strictement rien à voir avec la littérature parfois misérabiliste de la maladie.
Dans ce roman de l'expérience et de la métamorphose dont le processus d'écriture semble presque relever de la catharsis, Boris Razon met en mot sa vie intérieure, ces moments de délire hallucinatoire, ce monde fantasmagorique peuplé de putes japonaises et de mercenaires qui veulent sa peau. Car c'est un véritable champ de bataille qu'est devenue la vie psychique de l'auteur, habité en permanence par la violence et un sentiment de persécution qui ne lui laissent aucun répit. Razon parle à son lecteur, lui donne, les clefs de ce monde, tente de le rassurer et de lui faire voir les dédales effrayants qu'il a traversés avant d'entamer ce qu'il qualifie de véritable transformation.
Car ce calvaire prendra heureusement fin, peu à peu Boris Razon reprendra possession de son corps, mais ressortira complètement métamorphosé de cette expérience traumatique, c'est un nouveau lui qui naît, un homme différent qui a parfois du mal à comprendre ce nouveau lui-même qu'il est devenu.
L'on ne peut que ressortir profondément bouleversé, étourdi de la lecture de Palladium, tant elle retrace avec force l'expérience profondément marquante, déstabilisante qu'à vécu l'auteur. Certes, certains passages s'avèrent trop longs, parfois presque impudiques, mais l'on oublie vite ces quelques défauts tant ce premier roman, cette expérience brutale hypnotise, touche et émeut.
Boris Razon n’a que 29 ans quand sa vie bascule dans l’horreur. Jusqu’à présent, la vie l’avait gâté : un métier passionnant, une femme qu’il aime, l’avenir devant lui. Quand il commence à ressentir des douleurs dans le bas du dos et des picotements au bout des doigts, il s’inquiète forcément mais son entourage le rassure. Boris est hypocondriaque, il s’agit sûrement de symptômes qu’il s’invente, comme souvent. Pourtant, son état de santé se dégrade; la souffrance devenant intolérable, il est hospitalisé. Sans que les médecins ne trouvent la moindre explication, Boris se paralyse peu à peu. Bientôt, il n’est plus qu’un corps mort, incapable de bouger, de manger ou de respirer sans machines. Seul son mental tient le coup et lui permet d’explorer son univers intérieur, de maintenir la vie et l’espoir.
Des 64 jours qui ont précédé sa paralysie jusqu’à sa « résurrection », Boris RAZON raconte l’angoisse, la frayeur, l’impuissance, la folie, tous les sentiments qui ont été les siens à mesure que son corps lui échappait. Mais que l’on ne s’y trompe pas ! Palladium n’est pas le récit larmoyant d’un homme qui aurait frôlé la mort et vu la lumière au bout du tunnel. Non, c’est une histoire vibrante de vie qui raconte le combat intérieur de l’auteur pour quitter son corps-prison, son corps-tombeau. Manger, fumer, faire l’amour…des choses que l’on fait sans s’en rendre compte, des choses qu’il veut encore faire.
Cette maladie dont la cause reste inconnue -peut-être une intoxication alimentaire- a métamorphosé Boris RAZON. L’homme qui s’est relevé ne sera plus jamais le même. Dans son enfermement, il a connu un autre lui-même, le combattant qui a vaincu le sort, la bête qui sommeillait. Guéri, il lui faudra cohabiter avec ce double fantasmé.
Un récit puissant qui ne laissera personne indifférent.
Angoisse, stupeur, on reste suspendu au récit de cette lente déchéance physique. Impossible de s'arracher à cette lecture, désir impérieux d'avancer et de comprendre ...
Cher ami, puisque c’est ainsi que l’auteur/héros de ce roman s’adresse à son lecteur, je suis heureuse d’être enfin arrivée au terme de cette longue lecture. 473 pages pour décrire 14 mois d’une lente agonie/résurrection, délires poussés à l’extrême, tous plus incroyables les uns que les autres, dans un style clair, précis, entrecoupé de bulletins médicaux quasi journaliers – le lexique en fin de roman est plus que bienvenu -. Toutes les sensations se mêlent à la lecture de ce roman : incrédulité, admiration, compassion, stupeur, frayeur, absurdité, drôlerie ... L’heureux dénouement fait accepter quelques longueurs parfois un peu ennuyeuses, mais globalement, j’ai aimé cette lecture. Boris Razon est un auteur à découvrir, ce premier roman ne sera probablement pas le dernier.
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