"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'ai la chance d'avoir eu une enfance voyageuse, aérienne comme un palmier. Mais je n'ai pas connu d'odyssée plus intense que celle de parent. Le bonheur et l'exigence d'être un père dans une époque où tout se consommait : les histoires d'amour, les mariages, les divorces, les égo. Une époque aussi où tout se consumait : le sacré, les forêts, la mémoire et même les livres.
L'enfance est un paquebot. Il faut prendre la mer malgré les tempêtes. Où vont les fils ? se demandent les pères inquiets de les perdre de vue sur la ligne d'horizon. » O. F.
Olivier Frébourg nous livre un récit très personnel où il nous raconte l’histoire douloureuse d’un père de 3 enfants quitté brutalement par sa femme sans qu’il n’ait rien vu venir. Son chagrin passe par différentes strates, les mêmes que celles du deuil qu’il doit faire : « Un divorce, c’est 7 deuils en même temps : deuil d’un amour, deuil de la confiance, deuil de l’amour propre, deuil d’une vie de famille, deuil des enfants, deuil du présent, deuil de l’avenir ».
Dans ce livre, l’auteur évoque la famille, le couple, la paternité, les enfants, l’amour, la transmission.
Il se demande ce que ressentent les enfants lors de la séparation/tremblement de terre.
Il s’interroge sur le fait d’être un père dans ces conditions-là, en tenant à la fois les deux rôles de père et de mère au quotidien, et sur le « comment s’occuper des enfants, seul ».
Mais surtout il se demande quoi leur transmettre désormais.
Il écrit sur l’explosion de la sphère privée, et décrit la nostalgie du bonheur familial, de sa propre famille qu’il s’est évertué à construire malgré son travail très prenant de grand reporter, sa distance instaurée avec ses enfants lors de ses voyages ; sa nouvelle solitude, avec en leitmotiv la mer, toujours présente. A travers ce texte, Olivier Frébourg utilise un vocabulaire maritime : il nous livre des pages sur la mer, les frégates, l’Atlantique, les voyages maritimes, mais aussi sur l’horizon, les naufrages, les tempêtes, les ouragans. Il se sert de métaphores maritimes pour illustrer ses propos : « il faut prendre la mer malgré les tempêtes ».
On peut aussi citer les phrases suivantes pleines de sens :
« L’enfance est un paquebot ».
« Mes trois enfants ont connu le naufrage du beau navire »
« Où vont les fils ?» est à la fois un livre sur la mémoire, sur la génération d’après mai 68, sur l’avenir de la planète et de notre monde moderne aux prises du numérique, du changement climatique, de la robotisation, du consumérisme à outrance, de l’ubérisation.
Olivier Frébourg nous livre une succession de moments : de son enfance en Martinique auprès d’un père capitaine au long cours, une enfance qu’il qualifie lui-même de « bleue outremer », à ses premiers voyages en tant que grand reporter au Cambodge avec Mary Ellen Mark photographe, au Vietnam, à ses débuts d’entrepreneur lorsqu’il crée sa boite d’Edition de livres. Ces souvenirs sont parsemés d’anecdotes, d’ironie, d’humour.
Puis il nous dévoile ses angoisses face au monde actuel, à notre société qui a tellement changé en mal, au péril des réseaux sociaux. Son postulat porte sur l’avenir incertain, l’oubli de la mémoire (exemple des albums photos), la robotisation à haute dose, le dérèglement climatique avec la perte de forêts, d’animaux et de végétaux.
Il nous parle des souvenirs avec ses fils qu’il a et qui remontent dans sa tête : une sortie au manège, un dimanche après-midi au centre culturel à écouter son ainé jouer de la guitare, les soirs où il doit relire sans cesse le même livre pour enfant « devine combien je t’aime » avec petit lièvre brun et grand lièvre brun, les courses dans les grandes surfaces sordides de grande banlieue ou de province, les anniversaires dans le jardin…
Il écrit de très belles pages sur les films de Claude Sautet qui dépeignent si bien le quotidien des années 80, les divorces, les failles des gens, la vulnérabilité de la vie. Sa vie s’imprègne si bien de ces films qu’elle s’insinue dans chacun. C’est toute une époque, tout un contexte, toute une mélancolie. Ces pages sont mes préférées. Cette époque c’est la mienne, son histoire c’est mon histoire de mère devenue célibataire avec enfants à charge, sa douleur c’est ma douleur. Ses tristesses, ses inquiétudes, ses angoisses, je les comprends pour les avoir vécues.
Ce récit s’adresse d’abord, bien sur, aux hommes, aux pères qui se retrouvent seuls avec les enfants. Mais il nous parle également, à nous les femmes. Sans entrer dans le pathos grâce à l’utilisation avec parcimonie de traits d’humour, ce court récit de 155 pages nous plonge dans les choses de la vie, celle d’Olivier Frébourg, mais aussi la notre. Du coup, ce récit est à double tranchant, on compatit, mais si on a vécu cela en tant que femme, on trouve cela juste qu’un homme « subisse » aussi ces douleurs et qu’il se pose ces questionnements. Egalité homme-femme dans la séparation.
Néanmoins je reste réservée sur la critique à donner, car même si ce livre est bien écrit, il n’exploite pas à fond les sentiments ressentis, il survole la destination première promise en fourmillant de souvenirs personnels. Le début est long et brouillon. Par la suite, on comprend ce qui se passe, et on lit avec plus de plaisir. La deuxième partie est plus structurée, plus organisée, comme la vie qu’il instaure avec ses fils. Ecriture donc inégale pour moi, qui me fait baisser la note et trouver donc l’ensemble moyen, avec des phrases superbes mais également des pages inintéressantes, et une fin décevante pas vraiment inspirée.
Olivier Frébourg se retrouve seul avec ses trois fils, séisme qui laisse ses enfants hors de l’innocence. Son documentaire s'interroge sur la transmission : que laisse-t-on à ses enfants ?
Pour répondre à cette question, Olivier Frébourg replonge dans sa propre enfance, ses premières années en Martinique. Une enfance qui laisse à l’auteur une envie d’ailleurs qui voyage avec les films de Claude Sautet, les chansons de Nino Ferrer, d’Alain Souchon et de Téléphone.
Il y a un air nostalgie qui congédie de notre monde actuel. Le monde de l’immédiateté, de l'obsolescence programmée, sans mémoire, un peu à la Souchon.
Justement, Souchon est passé avant et l'a tellement mieux dit en chanson dans Foule Sentimentale.
Je n'ai pas trouvé de lignes directrices nouvelles dans ce documentaire.
Je n’ai même pas trouvé un intérêt documentaire, l’ensemble manque de profondeur, de précision.
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