Le plein de belles découvertes au milieu d'une rentrée littéraire foisonnante !
Joséphine est prof de philo dans un lycée de Drancy. Elle mène sa vie entre Xanax, Tupperware en salle des profs, et injonctions de l'Éducation nationale qui lui ôtent le sentiment d'exister.
Sauf que.
Chaque nuit, Joséphine devient Rose Lee. Elle s'effeuille dans un club de striptease aux Champs-Élysées. Elle se réapproprie sa vie, se réconcilie avec son corps et se met à adorer le désir des hommes et le pouvoir qu'elle en retire.
Sa vie se conjugue dès lors entre glamour et grisaille, toute-puissance du corps désiré et misère du corps enseignant.
Mais de jouer avec le feu, Rose Lee pourrait bien finir par se brûler les ailes.
Récit d'un affranchissement, réflexion bouleversante sur l'image de soi et le rapport à l'autre, ce premier roman hors norme de Ketty Rouf fait voler en éclats les préjugés sur le sexe et la société.
Le plein de belles découvertes au milieu d'une rentrée littéraire foisonnante !
Une belle manière d'apprendre à aimer son corps, à s'aimer. Une belle manière de faire tomber les barrières. Mélange de dépravés et d'intellectuels. Mélange du monde de la nuit et de la philosophie le jour. Je retiendrai "vivre, ce n'est pas vouloir mourir"
Joséphine est prof de philo dans un lycée de ZEP. Quotidien dénué de plaisir où la morosité de ses collègues rivalisent avec le désintérêt de ses élèves. Se fondre dans la masse, ne pas faire de vague (surtout !), telle est l’obsession qui rythme les journées de Joséphine. Pourtant, quand cette dernière décide de s’inscrire à un cours d’effeuillage (rien à voir avec un atelier de fleuriste ! On parle bien là de se déshabiller), c’est le coup de foudre. Premier pas vers un échappatoire où Joséphine laisse place à son double noctambule Rose Lee. Au sein d’un night club où les femmes dansent nues, Rose Lee vit, enfin !
Grâce à On ne touche pas, Ketty Rouf obtient le prix du Premier roman 2020, prix amplement mérité pour ce roman singulier qui bouscule.
Par le biais de cette héroïne et de sa double vie, l’auteure interroge sur le rapport au corps et l’image de la femme dans la société. Femme respectée, femme moquée, femme désirée, femme puissante... Corps imparfait qu’on n’assume pas, corps raillé qu’on préfère cacher, corps désiré avec qui on se réconcilie, corps aimé, esprit apaisé.
Ce roman trouble par sa vérité crue. Je ne m’attendais pas vraiment à ce ton, cette ambivalence entre le quotidien morne de Joséphine et les nuits délurées de Rose Lee. Moi qui aime être surprise, c’était donc une très belle découverte.
Une belle lecture pour moi, un contemporain qui me faisait de l'œil depuis sa sortie et que je me suis enfin décidée à le prendre. On y découvre Joséphine professeur de philo dans un lycée, complétement engourdie par son quotidien, peu à peu au fils des pages nous découvrons en même temps qu'elle le monde de la nuit, de la danse sensuelle et l'effeuillage, peu à peu elle se construit Rose-Lee et rééquilibre son quotidien.
Ce n'est pas une lecture coup de cœur, mais j'ai aimé beaucoup de choses: Joséphine change beaucoup, elle prend confiance en elle et en son corps grâce à la danse et l'effeuillage. J'ai trouvé qu'il y avait de belles touches de poésies dans les scènes de danses, les gros plans sur le corps étaient magnifiques, l'ivresse qu'y découle d'etre en position de pouvoir est décrit avec beaucoup de justesse et de beauté. Finalement à la fin du livre nous avons l'impression d'avoir assisté à un moment de sa vie, une parenthèse qui l'a changé.
D'un autre côté j'ai trouvé certains moments maladroits, cru sans que ce soit vraiment nécessaire, les danses privés par exemples m'ont semblées un peu long à la fin. Cependant j'ai terminé ce livre avec une impression d'espoir, il existe un lien fort entre les femmes que Joséphine rencontre et avec qui elle partage ses nuits, une certaine libération du corps et acceptation de ses désirs. La plume est parfois légère, parfois philosophique, souvent humoristique, parfois crue et agréable à lire en fin de compte.
chornique issue de :
https://hanaebookreviews.wordpress.com/2020/11/18/on-ne-touche-pas-ketty-rouf/
J’ai longtemps éprouvé mon corps sans chercher à le ressentir. D’abord dans le sport où j’ai intégré les espoirs français de gymnastique. La puissance physique, la contorsion ou la souplesse : j’utilisais mon corps comme un outil avant de m’y intéresser comme un allié. En grandissant mon corps a changé et j’ai continué de le négliger. Il est devenu la palette de ce qui n’allait pas, la chose sur laquelle je pouvais exprimer ce qui me tourmentait : une place de jeune fille sage qui n’était pas la mienne, la pression des études, la quête du succès, le sexe, mon rapport aux hommes et mes désirs artistiques refoulés par une voie scientifique qui était « la bonne chose à faire ».
Je l’ai compris très tard : le corps est notre meilleur allié. Mens sana in corpore sano (un esprit sain dans un corps sain).
Ketty Rouf, je l’ai écoutée au live Rentrée littéraire Albin Michel. Son livre, je l’ai de suite désiré. Elle mène cette vie à plusieurs facettes qui dérange ceux qui aiment mettre les gens dans des cases. Comme moi elle aime la nuit, le monde des cabarets, la danse et le lâcher prise qu’offre l’opacité du soir. Mais elle a aussi cette rigueur de vie dans un métier plus classique qu’est l’enseignement.
Dans son livre elle réussit le combo idéal : parler du corps et du vécu tout en distillant des passages philosophiques plus cérébraux. Toutefois, comme le roman souligne la complexité de la Femme et la difficulté de conjuguer intellectuel et sensualité dans sa vie, il m’a manqué une nuance dans le regard porté sur les hommes.
Son personnage, Joséphine s’inspire des facettes de sa vie. Prof de philo au lycée, elle s’éteint dans cet environnement terne où les élèves sont lassés et irrespectueux et où les profs, noyés par le xanax, oublient qu’ils avaient une passion. Le vendredi soir est plus vif que le reste. Elle l’attend avec impatience pour prendre des leçons d’effeuillage. Un soir, elle entre dans un club de strip-tease, s’effeuille sur scène et devient Rose Lee. Commence une valse entre le jour et la nuit.
Le jour, elle s’efface, met Rose Lee aux placards avec ses sacs de marques que son salaire de prof ne lui permet pas. La nuit, elle flamboie. Elle accueille le regard des hommes, découvre le plaisir de séduire et joue du contrôle qu’elle exerce sur eux.
Le contraste interroge. Josephine se ranime à travers Rose-Lee. En choisissant d’exposer son corps et de le monnayer, elle se le réapproprie, découvre un plaisir qu’elle ignorait et une image qu’elle renvoie sur les hommes. Est-ce plus digne d’être professeur ? Qui dois-je être et qui suis-je vraiment ? L’irrespect des élèves, les faibles salaires et la dépression du corps enseignant sont-ils plus nobles qu’un effeuillage grâce auquel elle se réapproprie sa chair, se sent revivre physiquement et lie de nouvelles amitiés ?
L’arrière-scène où les filles se confient et se soutiennent est la belle surprise du livre. On y découvre d’autres vies que celle de Joséphine, d’autres motivations, d’autres corps et d’autres manières de l’utiliser.
Le roman interroge aussi sur l’égalité des sexes, la monétisation du corps et le rapport à l’argent et l’équilibre de la Femme entre son corps et son esprit.
Alors que l’Education nationale est vue dans toute sa noirceur – un système qui cultive l’incompétence des élèves et qui détruit la vocation des professeurs – l’échange épistolaire entre Joséphine, la prof, et son élève Hadrien est une lueur d’espoir écrite avec finesse.
Un bémol cependant. La vision des hommes est peu nuancée. Certes, l’auteur décrit les hommes clients du club de striptease et l’échantillon est donc restreint. Toutefois, j’ai eu l’impression dérangeante que les hommes, tous confondus, s’ennuyaient dans leur couple, subissaient une routine où le sexe devient trop plat et cherchaient le plaisir ailleurs, par besoin de voir autre chose, sans avoir l’impression de tromper.
Un beau roman sensuel qui dénude les tabous sur le monde de la nuit, le sexe et la société. Et vous ? Quelle image avez-vous de votre corps ? Quel est votre rapport à l’autre ? Comment faites-vous pour allier le corps avec l’esprit ?
Extrait d’une lettre de Joséphine à Hadrien
« Oui, Hadrien, la philosophie ne fait pas le bonheur puisque si philosopher peut être un bonheur, ce n’est pas parce que nous philosophons que nous serons heureux.
Tu l’as bien compris, au commencement de toute philosophie, il y a quelque déception orginelle, un malheur.
Allongée, immobilisée par une cheville foulée, tu penses.
C’est quand tu ne tiens pas debout – est-ce donc la vie qui ne tient pas debout, ou peut-être toi ? Nous tous ? – que tu te mets à penser. Etrange n’est-ce pas ? Peut-être est-ce l’esprit et le corps qui boitent. Beaucoup moins la vie.
Cher Hadrien, j’ai envie de te dire que la vie est passionnante, irrésistible, qu’il fait s’y abandonner, la savourer, l’aimer tous les jours, à chaque instant et de plus en plus fort. Mais je me dois de te rappeler aussi qu’elle est triste, répétitive, traversée par la vulgarité, la laideur, la médiocrité. Menacée par la maladie, mise en échec par la mort.
C’est la philosophie qui m’a appris qu’il y a des idées qui sauvent, et d’autres qui peuvent nous perdre. Savoir vivre, c’est choisir les idées qui ne nous perdront pas. Voilà en quoi la philosophie peut nus sauver du malheur d’exister. »
Ce livre est une belle surprise. Waouh, quelle claque, je me suis prise. C'est d'une beauté tant pour l'écriture que pour l'histoire. Les phrases sont courtes, efficaces et percutantes. C'est beau, sensuel et magnifiquement écrit. Les mots sont crus mais sans aucune vulgarité. Pour son premier roman, Ketty Rouf a choisi de mettre en exergue les difficultés rencontrées dans le milieu scolaire tels que : les conditions de travail des enseignants, les rapports avec les élèves, le fait que les enseignants ne sont pas assez soutenu par leur hiérarchie en cas de souci : la dure réalité du métier, hélas. En parallèle, l'auteure nous parle du monde de la nuit fait de paillettes, de strass et de dessous affriolants. Un monde victime encore aujourd’hui de préjugés. Nous avons donc Joséphine, mal à l'aise dans son corps, qui se camoufle pour aller travaille. Elle en peut plus de cette vie là et cherche une échappatoire, un moyen d'exister. Elle rêve juste de liberté ! J'ai ressenti tout son mal être et cela rend son personnage attachant. J'ai été envahi par pas mal d'émotions. Elle veut se sentir utile, faire ce qui lui plait, se sentir femme, être désirée et convoitée par les hommes. J'ai trouvé qu'elle avait tout de même une sacré dose de courage pour faire ce qu'elle fait. Personnellement, j'ai compris les choix de Joséphine et elle les fait avec élégance. Ce livre est une ode à la féminité et à sa sexualité. Il est plein de réalisme et il m'a beaucoup touché : C'est un gros coup de cœur ! C'est un roman qui aborde l'acceptation de soi, les préjugés, le désir de liberté et l'amitié (il y en aura une de belle, d'ailleurs).
Joséphine va apprendre à se réconcilier avec son corps, elle et son corps ne feront qu'un. C'est elle qui est aux manettes : qui charme et donne du désir. Joséphine ou plutôt Rose-Lee revit et se dévoile la nuit.
En bref, ce roman est une réussite et il est à découvrir d'urgence !
Ce roman trouve sa force dans l’antagonisme des vies du personnage. En effet, la narratrice est professeur le jour et stripteaseuse la nuit.
Le matin, elle se lève et va enseigner la philosophie à des élèves guère réceptifs. Elle prêche dans le désert. Quand il arrive un incident avec l’un d’entre eux, elle n’est pas soutenue par sa hiérarchie. La consigne est toujours à l’apaisement pour ne pas brusquer et ainsi éviter les conflits. On assiste donc avec elle à des scènes saisissantes dans lesquelles l’adolescent est roi. De plus, elle communique très peu avec ses collègues et est un peu isolée.
Lorsque le soleil se couche, elle devient une autre. Elle exhibe son corps et fait valoir ses atouts. Les hommes sont envoûtés et lui obéissent au doigt et à l’œil. Elle entre dans une communauté d’amies qui se soutiennent les unes les autres dans les moments difficiles.
Dans les passages à l’école, on sent toute l’impuissance des enseignants à faire leur métier face au nouveau système éducatif. Sur un podium, on constate toute la puissance des femmes face au comportement des hommes. Malgré les préjugés des bien-pensants, Joséphine est donc étriquée dans son rôle public et libérée dans son rôle caché. Son histoire permet de mettre le doigt sur les dysfonctionnement de notre société, sur la place des femmes d’aujourd’hui et sur leur rapport à leurs corps.
En douceur, Ketty Rouf bouscule le politiquement correct pour glorifier une certaine liberté de la gente féminine. Son premier roman est une claque littéraire qui remet un peu les choses en place. Sans prendre de gants, elle redonne une vérité au rôle de la femme, loin des préjugés ancestraux et du jugement patriarcal. C’est à la fois rafraichissant et grave quand on laisse au « deuxième » sexe le pouvoir de s’exprimer !
http://leslivresdek79.com/2020/09/17/582-ketty-rouf-on-ne-touche-pas/
Décidément, les premiers romans semblent bons cette année ! Après Ohio et Marilou est partout, c'est au tour du roman de Ketty Rouf, On ne touche pas, de me séduire.
Joséphine est professeure de philosophie dans un lycée en banlieue parisienne. Élèves désintéressés, discipline absente, sa vie se déroule dans l'attente d'une mutation, entre crises de panique et arrêts maladie, dans une sorte de ronron monotone et continu.
Un jour, après avoir pris des cours de danse, elle ose passer un casting pour être danseuse dans un club de strip-tease.
De là, naît Rose Lee, celle qu'elle devient la nuit lorsqu'elle est sur scène.
Avec un pitch pareil, la couverture aurait pu s'orienter vers l'aspect plus racoleur du monde de la nuit. Mais ces couleurs douces font honneur à la grâce et la délicatesse contenue dans le roman de Ketty Rouf.
Car c'est bien de la délicatesse que l'on retrouve dans l'histoire touchante de Jo, qui commence par se réconcilier avec son corps, qui apprend à s'aimer, à s'accepter.
Loin de descriptions sordides, il y a de la finesse dans ce roman, sans pour autant édulcorer quoi que ce soit.
Il y a de la tendresse également, une amitié qui naît entre deux "strippeuses" ou un sentiment protecteur vis-à-vis d'un élève, Hadrien, dont le H est à lui seul un ancrage dans la culture.
À cette lecture, on se prend à penser que le milieu scolaire peut parfois être plus hostile que le milieu de la nuit.
Dans "On ne touche pas", Joséphine enseigne la philosophie à des classes de terminales dans un lycée de Drancy, le jour. La nuit, elle est stripteaseuse pour échapper à un quotidien "métro-boulot-dodo", un quotidien d'une platitude totale.
Chaque nuit, Joséphine devient Rose Lee, elle découvre les paillettes, le glamour, les marques de luxe, le pouvoir de son corps exercé sur les hommes. Mais, tout bascule une nuit, une nuit qu'elle pensait originaire ; l'un de ses élèves entre dans le club de striptease et la reconnaît.
Un premier roman hautement mené entre deux univers complètement différents : celui de l'enseignement avec les difficultés actuelles et celui de la nuit. Une prof dégoutée d'un système qui ne lui permet pas d'enseigner correctement car ne peut exercer son autorité et sa façon pédagogique. A bout de ce quotidien, elle décide de devenir stripteaseuse. Et là, née deux âmes dans un seul même corps.
Ketty Rouf livre l'envers d'une société normée, aussi bien du monde de la nuit, de son image vulgaire aux préjugés grandissants, qu'au niveau du système éducatif.
Une plume qui allie à merveille des antipodes, car Ketty Rouf alterne un style humoristique et philosophique à al fois, avec ce petit quelque chose de léger mais toute en profondeur. Car l'auteure interroge son lecteur sur nos choix, nos préjugés et l'image de la femme.
Un portait touchant d'une femme quelconque qui va prendre sa vie en main et se réconcilier avec son corps.
Un premier roman réussit, éblouissant, flamboyant, sensuel mais sans aucune vulgarité. Ketty Rouf bouscule, libère, captive !
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