"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans un univers sombre et magnétique, où les époques et les lieux se superposent jusqu'au vertige, Gabriel, Damien ou Natasha se débattent avec de vieilles peurs héritées de l'enfance et leurs pulsions les plus inavouables. Jérémy Fel entraîne ici son lecteur dans un imaginaire éblouissant, où cruauté et trahison règnent en maître. Comme dans un palais des glaces, les destins se répondent et se reflètent, créant un monde où visible et invisible, réel et fiction, se confondent.
Jérémy Fel revient avec un thriller psychologique redoutable qui oscille entre fiction et réalité dans ce livre sombre atypique, au fil des pages nous plongeons à l’origine du mal à travers les peurs et les pulsions cachées d’esprits tortueux. Âmes sensibles s’abstenir.
Dix chapitres, dix histoires différentes sous forme de nouvelles mais ne vous y fiez pas, ces histoires ont bien un seul même fil conducteur ! J'ai vraiment beaucoup aimé ... Au début, j'avoue je me sentais un peu perdue mais l'auteur a vite fait de me rattraper ! Il y a quelques scènes horrifiques à ne pas mettre sous tous les yeux .... Je continuerai à lire J.Fel car sa façon de procéder est très originale et très intelligente !
Comment parler de ce roman foisonnant ?
Il y est question de la dictature chilienne, de la seconde guerre dans les Vosges, de tueurs en série dont un canibale, de Jérémy et de son jumeau Gregory, de la pandémie Licin, et de Nathalie Wood.
A chaque chapitre, l’auteur nous entraîne sur une scène différente du monde et à une époque différente, avec pour fil conducteur Nathalie Wood (presque toujours) et les esprits après la mort (tout le temps).
J’ai accepté de plonger dans l’univers étrange de la famille Valdenaire qui possède un château dans la foret vosgienne.
J’ai aimé que le récit face référence à des oeuvres littéraires, des films, des musiques qu’écoutent ou lisent les personnages.
J’ai souri aux nombreuses évocations des postes à piles qu’écoutent certains personnages.
J’ai été dégouté de lire ces ventres découpés de bas en haut par un couteau (Chili, 2de Guerre Mondiale).
J’ai été intrigué par le personnage à la cicatrice sur la joue que l’on retrouve à différentes époques et dans différents lieux, Gregor Schreiber.
Un roman à l’atmosphère lourde qui fait remonter des peurs enfouis du croque-mitaine.
Un roman qui utilise la Théorie des Cordes comme possibilité d’univers parrallèles différents en fonction des choix que nous faisons.
Seule le dernier chapitre entièrement sur Nathalie Wood m’a déçu : trop solaire et descriptif alors que le reste du roman est plutôt noir.
L’image que je retiendrai :
Celle du château en ruine qui attire ou qui repousse ses visiteurs.
Une citation :
… pour saper la chose la plus précieuse qui soit, sa confiance en un avenir. (p.185)
https://alexmotamots.fr/nous-sommes-les-chasseurs-jeremy-fel/
Estomaquée.
Je ressors de cette lecture estomaquée.
La construction de ce roman est fascinante, c'est un labyrinthe de ponts, de tunnels, de raccourcis, de croisements, d'embranchements ; un peu à l'image du réseau de transports à Los Angeles (oui j'ose la comparaison qui dérange ! ).
Si la forme est admirable, le fond n'est pas en reste et j'ai adoré me plonger dans ces histoires qui se mêlent, s'entrecroisent et se répondent. Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir lu les précédents romans de Jérémy Fel, j'aurais adoré repérer toutes les références à ses anciens personnages.
Rien n'est laissé au hasard et l'occulte et le surnaturel côtoient le réalisme le plus sombre.
Et enfin et surtout Natalie Wood.
Natalie Wood comme un fil rouge, comme la lumière qui plane sur Nous sommes les chasseurs.
Merci infiniment à Jérémy Fel d'avoir agité mes neurones en tous sens, ça fait du bien.
Jusqu’à maintenant je ne connaissais Jeremy Fel que de nom, j'entendais beaucoup parler de lui sur les groupes de lecture consacrés aux romans noirs, et surtout de son premier roman Les loups à leur porte. Je n’avais encore pas eu l’occasion de le lire, mais quand j’ai appris qu'il sortait un nouveau roman, son troisième, cet automne, je me suis dit qu'il fallait réparer cette lacune et le lire enfin. Et franchement, je me demande pourquoi je ne l’ai pas fait plus tôt. Je pense que c’est la première fois que je lis un tel roman, et pourtant je lis beaucoup, mais là, je suis épatée par la construction de l'histoire, par le contenu, et par cette façon qu'a l'auteur de balader le lecteur entre plusieurs univers. J'en suis sortie toute chamboulée. Il y a du Stephen King dans Jeremy Fel, car certaines scènes sont très marquantes par la violence qu'elles rejettent. Mais alors moi, qui d'habitude, ait beaucoup de mal avec la violence justement, qui me ferait abandonner un livre, ici, c’est passé tout seul. Sûrement parce que ces scènes sont englobées dans un tout, et que je savais qu'elles auraient lieu. Et ce n'est finalement pas ce que je retiendrais le plus de ce livre.
D’habitude, lors de mes chroniques de mes autres lectures, je vous fait un résumé de l'histoire. Là, cela va être impossible. Ce livre forme un tout qu'il est impossible de résumer sans être obligé de révéler des faits importants. Et surtout cela gâcherait la surprise et la façon dont l'auteur a voulu que vous découvriez l'histoire.
La première originalité de ce roman est qu'il est construit sous forme de 10 chapitres qui sont tous des histoires presque indépendantes, même si au fur et à mesure, on se rendra compte que tout est lié. 10 histoires comme 10 nouvelles, de très courtes d'une dizaine de pages à de très longues d'une centaine ou deux centaines de pages. Les courtes sont fulgurantes, percutantes, comme des coups de poings, les plus longues sont plus insidieuses, plus lentes à amener les faits mais tout aussi foudroyantes à la fin. Ces histoires nous emmènent dans différents pays, du Chili à l'Allemagne en passant par la France, à des époques différentes, la nôtre actuelle, ou pendant la seconde guerre mondiale, ou les années 60. Un lieu revient très souvent, un manoir isolé dans une forêt, lui aussi on le verra à des moments différents, habité ou pas.
Bien sûr, il y a des personnages. On les découvre petit à petit, au fur et à mesure des chapitres. On en suit un, puis un autre, et encore un autre, et à un moment, on se rend compte que celui qu'on est en train de suivre est déjà apparu à un autre moment de sa vie dans un autre chapitre. Puis tout se construit petit à petit, comme un puzzle, on le voit doucement prendre forme, on voit l'image finale apparaître, tout s’emboîte et on comprend alors la finalité de tout le roman. Et là, je n'ai pu qu’être épatée par l’ingéniosité de Jeremy Fel. J'ai lu une interview de lui où il disait qu’il n'avait pas de plan, qu'il se laissait guider par ses personnages, qu’il avait des scènes qui lui venaient et les façonnait au fur et à mesure. Et en lisant ce livre, j’ai pourtant eu l’impression que tout était construit méticuleusement, pour être aussi bien relié et ficelé. Je suis vraiment époustouflée !
Je me suis attachée à ses personnages, à Gabriel, Lucas, Grégory, Ambre, Natasha, Damien…et pourtant certains sont loin d’être des bisounours. Parmi eux, il y a des manipulateurs, des violents, des psychiquement instables, y a des gentils aussi, mais au final, je les ai tous aimés, malgré leurs actes. Et c’est là, à mon avis, la grande force de Jérémy Fel, il arrive à faire aimer chacun de ses personnages même si leurs actes sont répugnants. Il montre à travers eux toute la complexité de l'humain, tiraillé entre le bien et le mal, et il montre qu'en chacun de nous demeure une certaine noirceur, qui, si elle est titillée par des drames, peut ressortir et s’épandre autour de nous. On sent que l'auteur a mis de lui dans certains de ses personnages, je ne connaissais pas son histoire personnelle, après quelques recherches dans des interviews de lui, je me suis rendue compte que ce qui était évoqué dans le livre était vrai. Il a donné la parole à des personnes qui ont existé pour lui dans sa vie, ils leur parlent, se dédoublent, on ne sait plus ce qui est vrai ou faux, j’ai eu alors l'impression de rentrer dans la tête de Jérémy Fel. Il est habité par ses démons intérieurs, ses fantômes, ses esprits, est blessé en lui-même, et c’est tout cela qu'il fait passer dans ce livre, dans ses personnages. Et qu’est-ce que j'ai aimé !
Je suis totalement admirative devant un tel roman. Il est atypique, sort des sentiers tout tracés, est inclassable. Il mélange plusieurs genres, le thriller, le noir, l’anticipation, la fiction, l’autobiographie, le fantastique, le surnaturel …C’est formidablement bien écrit. L'auteur mélange aussi les codes, les narrations, les styles, et ce avec beaucoup de finesse et d'adresse. Aucune longueurs, aucune lourdeurs, le texte se lit sans accrocs, avec une certaine avidité. Car on veut savoir, on suit le fil rouge, on cherche. J'ai pris des notes, j’ai relevé le nom des personnages, quand je commençais un nouveau chapitre, je me demandais où il allait me mener, je cherchais le rapport entre les personnages, quels indices je pouvais récolter pour m’aider à relier le tout. Et quand je suis arrivée au chapitre 9, tout s'est enfin révélé petit à petit, tout s'est relié et le chapitre 10 a clos parfaitement le tout. Et je suis ressortie époustouflée d'un tel roman. Le titre prend alors tout son sens, et en effet, nous sommes tous les chasseurs de quelqu'un d'autre ou de quelque chose d'autre. Et la première chose que j'ai eu envie de faire en fermant le livre, c’est de recommencer ma lecture au début, avec tout ce que j'avais appris en tête, avec tout ce que je savais, pour avoir une autre vision d’ensemble. Je manque de temps pour le relire, malheureusement, mais je le ferai tout de même plus tard. Tout est tellement marquant que je m’en souviendrai sûrement.
J'ai lu ce roman sur plusieurs jours. Il faut dire aussi que c’est un beau bébé de plus de 700 pages. L'histoire est très prenante et j'avais envie de savoir, mais je ne voulais pas le lire vite, je voulais prendre mon temps. Je voulais le déguster, m’imprégner de son ambiance, des personnages, des époques. C’est aussi un roman très dense, très approfondi, qui fait réfléchir, avec beaucoup de ramifications, qui poussent à chercher où et quand on a vu un personnage ou un fait. Je pense que c’est un livre qui doit se lire lentement, et surtout pas à la légère si on veut comprendre la globalité. Il faut aussi accepter de ne pas toujours tout comprendre, de laisser planer le mystère. Tout se résout, mais il faut laisser planer une part d'ombre.
Je pense aussi que les ressentis de lecture seront différents d'un lecteur à l'autre. Jérémy Fel a fait ressortir des images personnelles et des émotions lointaines. C’est ce qui fait la richesse de ce roman, chacun aura une façon différente de le percevoir selon son propre vécu. Mais je pense que l'on sera tous touchés dans nos cœurs. Les valeurs sur la famille que ce roman dégage sont fortes, le poids du passé, des faits commis par nos ancêtres, la résilience, la grande force qu'a l’humain de se reconstruire, même sur des cendres. Tout cela m'a ramenée à ma propre histoire où je m’étais déjà rendue compte que des faits passés chez mes ancêtres se répétaient chez moi. C’est assez perturbant parfois de se dire que tout est toujours un éternel recommencement.
Je ressors très agréablement surprise de ma découverte de Jérémy Fel. Et j'ai maintenant envie de découvrir ses autres romans, ce que je vais faire sans tarder. Et je lirai son prochain à venir aussi. Ce roman est pour moi un « OVNI littéraire » comme on dit, inclassable, et tellement marquant. Certaines scènes sont dures, très dures, choquantes, à se demander comment va l'auteur psychiquement. Je pense surtout à celle avec un micro-ondes (je ne dirais rien de plus). Je suis pourtant une âme sensible, à abandonner un livre s'il est trop violent, mais j'ai tellement été bluffée ici par la construction du roman et l’originalité du récit, que j'ai continué ma lecture jusqu’au bout.
Si vous êtes lecteurs de romans noirs, avec des touches de surnaturel, de fantastique, ce roman est fait pour vous. Et pour les autres, je vous dirai d'essayer de tenter cette lecture, car au-delà des scènes terrifiantes, les messages sur la famille sont plus forts que tout
Cerveaux trop cartésiens, habitués des routes bien droites, amateurs de démonstrations évidentes et d'intrigues transparentes, passez votre chemin. Si vous connaissez un peu Jérémy Fel (Les loups à leur porte, Helena) vous savez son goût pour l'exploration du mal et ne serez donc pas surpris de replonger ici, ni d'y retrouver, au fil des pages quelques petits cailloux qui relient ce troisième roman aux deux précédents. Les obsessions, ça a la vie dure, et c'est peut-être aussi ce qui sert de socle à un écrivain. Chez Jérémy Fel, le socle est solide, suffisamment pour lui permettre de déployer à présent toute son ampleur. Ses personnages font souvent des cauchemars, et moi, ils ne m'ont pas quittée depuis que j'ai tourné la dernière page, y compris aux heures les plus profondes de la nuit. Pas de cauchemar néanmoins, mais une immersion au cœur des options dessinées par l'auteur, celles d'univers parallèles, d'espace-temps alternatifs, où tout est possible.
Dix chapitres comme autant de romans qui pourraient vivre indépendamment mais dont l'auteur tisse habilement les fils qui les relient, donnant à voir une cartographie du mal dans ce qu'il a de plus quotidien et dans ce qui le nourrit. On y croise des vrais salauds, parfois pas tout à fait inconnus, mais aussi des lâches. Des légendes ancestrales, des demeures hantées qui n'ont rien de folklorique, au cœur de la forêt jurassienne. On s'y promène, du Chili à Paris en passant par la Franche-Comté et les États-Unis. Il sera question d'un virus qui cible ses proies, des dictatures, de la barbarie nazie et de la manipulation mentale. L'auteur joue avec les temporalités pour mieux explorer les racines du mal, interroger la nature humaine, n'hésitant pas à creuser des pistes visant à montrer que les puissances à l’œuvre ne sont pas forcément maîtrisables. C'est le privilège de l'écrivain, et c'est peut-être tout le sujet de ce livre qui offre une mise en abyme renversante.
Jérémy Fel prend son temps. Sa plume épouse les contours d'une caméra, scrutant le moindre geste, alternant plans larges et resserrés sur un visage ou une main qui tremble, n'hésitant pas à recourir à quelques effets spéciaux de toute beauté. Ce n'est pas anodin, le cinéma est omniprésent dans la vie des personnages et de leur créateur, pour ceux qui le suivent un peu sur les réseaux sociaux. Il faut donc lâcher prise et se laisser aller, accepter d'entrer dans le jeu des images impulsé par l'auteur. Ainsi que dans le monde parallèle dans lequel il invite ses lecteurs. Là encore, si l'on connaît un peu l'auteur, impossible de ne pas être touché par ce qu'il met de lui, de sa vie, dans ce texte où se découpent en filigrane le thème du double et celui de la figure maternelle. Chez moi, le trouble est né de l'émotion bien plus que des cauchemars.
Si l'on questionnait Jérémy Fel, sans doute répondrait-il que l'écriture lui est nécessaire pour affronter ses démons et qu'elle offre le plus beau des privilèges, celui de ramener à la vie les êtres que l'on aime. Au-delà d'une formidable démonstration de l'écrivain démiurge, son livre est une ode remarquable à la puissance de la fiction et à son pouvoir d'apaisement autant que de jouissance.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Je crois n’avoir jamais lu aussi assidûment un roman de 715 pages ! Il m’a été totalement impossible de le lâcher – si ce n’est pour effectuer les gestes strictement indispensables du quotidien – ces deux derniers jours, tant j’ai été subjuguée par la construction, le style et l’écriture de ce(s) brillant(s) (et très noirs) récit(s) !
C’est du « lourd » ce nouvel ouvrage de Jérémy Fel, avec son premier chapitre chilien sur le régime de terreur du détestable général Pinochet, en place dans les années soixante-dix … Ça ne se relâche pas dans le second, qui débute en Allemagne et nous promène entre les deux guerres mondiales, puis sur un siècle complet, d’un pays à un autre … Ainsi en ira-t-il, au fil des pages – articulées telles des nouvelles – plus ou moins longues. Autant d’intrigues hallucinantes, mêlant inceste, crimes atroces, fantômes, démons et sorcières … ou encore de tristes faits divers qui nous ont marqués et dont l’auteur revisite chaque scénario … Il suffit juste que Jérémy Fel mette le bout de son nez (et son grain de sel …) dans une illustre affaire : dès lors, son incroyable (et inquiétante ?…) imagination s’occupe du reste ! À moins qu’il ne soit simplement à la recherche de la vérité ?…
C’est beau et effrayant, lucide et complètement perché, génial et monstrueux, lumineux et anxiogène, intime et imaginaire ! Un pot pourri entre réalité et fiction, passé et futur … Il nous ré-écrit le destin brisé des uns, l’histoire improbable des autres … Le lecteur devra s’armer de patience avant de découvrir la relation existante entre hier et aujourd’hui, ou celle reliant les personnages récurrents, tels que Gabriel, Grégory, Damien, Lucas ou Natasha … J’en suis ressortie totalement sonnée ! Et pas tout à fait indemne non plus …
La littérature de Jérémy Fel n’a rien à envier à celle de son idole américain ! (Stephen King) J’imagine d’ailleurs fort aisément une préface de ce dernier pour une prochaine traduction outre-Atlantique !
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