Depuis "Profession du père" il séduit ses lecteurs, mais quelles sont les lectures de Sorj Chalandon ?
« Il faut que je raconte cette histoire. Il faut que j'essaie de comprendre en mettant les choses bout à bout. En rameutant les morceaux. Parce que ça ne va pas. C'est pas bon, là, tout ça. Pas bon du tout. » Ces mots sont parmi les premiers du nouveau roman de Marie Darrieussecq (roman qui s'est imposé à elle alors qu'elle travaillait sur un autre projet et qu'elle a écrit d'une seule traite, comme poussée par une nécessité impérieuse). De ce roman, ils indiquent la tonalité et le mode narratif.
C'est un roman à la première personne, où l'héroïne découvre au fur et à mesure qu'elle la raconte toutes les causes et les conséquences de son histoire.
Nous sommes donc dans une forêt (« nous » car la manière dont le livre est écrit impose une identification du lecteur). Le personnage principal, une femme qui fut autrefois psychothérapeute, s'y cache avec d'autres. D'autres ? Des compagnons de fuite, loin d'un monde qu'on devine menaçant pour eux et qui les traque. Mais aussi avec des êtres étranges, comme flottants, mais qui leur ressemblent de manière frappante, des sosies ? Leurs clones, en fait qu'ils ont emmenés avec eux dans leur fuite.
Cette dystopsie, qui se situe dans la postérité de Le meilleur des mondes, comme dans celle de 1984 ou de Fahrenheit 451, nous raconte une histoire de trafic d'organes, de gérontocratie, de totalitarisme sanitaire et politique.
Marie Darrieussecq, avec ce personnage très légèrement en retard sur les événements, et à ce titre bouleversant, renoue avec la veine de Truismes.
Depuis "Profession du père" il séduit ses lecteurs, mais quelles sont les lectures de Sorj Chalandon ?
Consternée.
C’est mon premier livre de Marie Darrieussecq, ma première expérience de son style, de son imaginaire. Et j’avoue m’être demandée si j’allais finir le livre. Il y a bien un twist final mais amené de la même manière que le reste : comme un cheveu sur la soupe.
Ce n’est pas tant le style que déjà l’effort pour comprendre comment lire son livre : j’ai cru un temps qu’elle me prenait pour une imbécile quand elle m’expliquait qui était Freud ou Vinci, oubliant qu’on est dans un roman d’anticipation (j’avais l’impression d’être nulle part) ; il n’y a pas d’histoire mais finalement si car les anecdotes introduisent la révélation finale ; impossible de savoir si Viviane (Marie) est une humaine, un clone ou un robot (zut du coup le twist final a moins eu d’impact).
Sa charge tout au long du livre contre les psys et l’EDMR m’a laissé dubitative. Serait-ce ceux qui parlent pour ne rien dire sans empathie (selon elle) versus la valorisation du « cliqueur » sorte de linguiste qui utilise le mot à l’écrit et en cherche le sens pour arriver à une émotion comme elle le fait en tant que romancière ? Cela fait très tribune.
Je ne m’attendais pas du tout au thème de la vie éternelle à tout prix traité de manière aussi superficielle et morcelée alors que ce livre est récent (2017) : peut-être parce que je suis familiarisée depuis des années avec cette thématique magnifiquement traitée dans les mangas (Galaxy Express 999, le manga et non le dessin animé ; Métropolis, etc.) mais l’actualité a aussi démontré qu’il n’y a probablement pas besoin de Centre de repos pour créer des stockages de pièces humaines de rechange et ce, posant la question bien plus terrible sur notre cruauté potentielle si la science est détournée de son but initial (la recherche sur les cellules souches ou le Génopole en Chine) ou avérée (l’horreur du trafic d’organes humains lors des guerres).
Dans un futur indéterminé, une femme psychologue est en fuite dans une forêt avec d’autres congénères.
Elle écrit dans un carnet, sa vie, ses souvenirs, sa moitié…..
On est dans un monde où les robots sont rois, où le clonage est une institution.
C’est un monde impitoyable où règne l’intelligence artificielle, où la manipulation génétique est monnaie courante.
Même si je ne suis pas fan de science-fiction, j’ai beaucoup aimé ce livre.
Particulièrement le style, le ton, l’humour, la manière familière d’écrire dans le carnet.
Comme ça, de prime abord, je l’aurais qualifié de court roman de science-fiction, ou d’anticipation.
Mais après un rapide coup d’œil sur les autres commentaires, je vois qu’on dit maintenant « dystopie ». Wouah ! ça fait genre !
Pratiquement tous les lecteurs utilisent ce terme. Et dire que je ne le connaissais pas. Quelle inculte je fais ! Mais c’est sûr, je le replacerai, rien que pour faire ma connaisseuse.
Et même le correcteur d’orthographe, il ne connait pas. Ouf, il n’y a pas que moi.
Imaginez un futur pas si lointain où les hommes ont un boîtier de contrôle implanté dans le cerveau, des puces anti-douleur et anti-émotions sous la peau, où des robots contrôlent des cliniques géantes dans lesquelles des clones d'humains attendent, endormis, le moment où leur double humain aura besoin d'un organe neuf, un monde où les appartements n'ont pas de fenêtres et les "chiens" pas le besoin de courir, où les oiseaux ne chantent plus (à part les mammouths dans les zoos et les baleines en aquarium géant, reste-t-il des animaux ?) et où les forêts ne sont plus qu'organisées et fourragères ?
Imaginez un instant qu'un élément perturbateur, un VRAI humain, vous révèle la vérité ?
Je ne suis pas fan des dystopies. A priori, puisque je le reconnais, je n'en ai lu que très peu ! J'ai donc entamé ce roman avec quelques réticences et a fortiori déroutée par le style de l'auteur (comme je ne suis pas à un aveu près, je n'avais jamais lu Marie Darrieussecq non plus !).
Pourtant...
J'ai aimé ce roman, dévoré d'une traite, happée par l"histoire, à mi-chemin entre l'effroi et la fascination (parce que ces traficotages humains sur fond de clonage et de nihilisme de la pensée individuelle nous pend au nez dans un futur sûrement proche !).
Je me suis laissée emporter par les élucubrations de Viviane, l’héroïne, cette étrange manière de retracer son autobiographie qu'elle griffonne sur un cahier, ses relations avec son clone Marie, avec "le cliqueur" son patient (elle est psy), avec le monde qui l'entoure.
J'ai été surprise par cette fin non attendue, la révélation ultime qui donne à ce court roman toute sa dimension et qui fait froid dans le dos...
Un livre intéressant, singulier, qui suscite bien des questions sur notre monde et sa destinée. Des éléments m’ont manqués dans ce récit de fin d’humanité, voire de fin du monde, pour bien comprendre le but de l’auteure.
http://www.envies-de-livres.fr/2017/11/notre-vie-dans-les-forets-marie-darrieussecq.html?m=1
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