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Algérie, années 1990. Elles ont été des milliers à être enlevées, violées, parfois assassinées, les filles de la décennie noire. Ces très jeunes filles, à qui l on a demandé de pardonner, se sont tues et ont ravalé leur honte. Tandis que résonne le cri de l une d entre elles, la narratrice raconte sa culpabilité d avoir choisi l exil et trouvé le bonheur. Deux voix de femmes en écho qui prennent la parole haut et fort, en mémoire de toutes les autres. L écriture pour vaincre les silences. Un roman contre l oubli.
Je ne pouvais pas faire l'impasse sur ce roman et ne pas vous en parler.
Il est basé sur des faits réels, abordant un sujet grave qui me touche particulièrement : la violence faite aux femmes !
Des jeunes femmes devenues des objets sexuels pendant la guerre qui sévit en Algérie dans les années 1990. Elles sont enlevées, torturées, violées et assassinées. Certaines survivantes ont pu raconter leurs calvaires. On leur demande même aujourd'hui de se taire et de pardonner !
C’est un témoignage poignant mais essentiel. On se doit de connaitre la vérité sur ces années atroces qu'on subit ces milliers de femmes. Pour ne pas oublier...Pour leur courage et pour leur rendre hommage tout simplement.
"Combien de maris ai-je eus finalement ? Je ne saurais le dire ; après plusieurs nuits d’horreur, j’ai appris à m’en aller."
"C’est h’ram de se refuser à son époux, tu ne voudrais pas mourir dans le péché, non ? Je suis entaillée, je suis une brebis qu’on s’apprête à dépouiller. Je crie… Il ouvre la porte. Non, ce n’est pas lui. Un autre (…), le même souffle, le même dégoût, la même fatiha pour un autre mariage et une autre souffrance plus crue. "
Prix Senghor du Premier Roman Francophone 2010
http://leslecturesdeclaudia.blogspot.com/2018/09/nos-silences-les-blessures-du-silence.html
Un pays. Deux femmes. Deux voix. Deux douleurs.
L'une est enseignante, l'autre est sa brillante élève. La première a quitté l'Algérie, a choisi l'exil pour échapper à la violence. La seconde n'a pas eu le choix et a subi les coups et les viols à répétitions d'hommes qui au nom d'un idéal corrompu s'arrogent le droit de salir, d'avilir, de soumettre.
La première souffre de cet exil forcé mais salutaire. A la nostalgie de son pays s'ajoute la culpabilité d'avoir abandonné à leur terrible sort toutes ces jeunes femmes qui sont ses soeurs, d'avoir baissé les bras, d'avoir échoué à enseigner la tolérance, d'avoir trouvé le bonheur loin de toutes ces horreurs.
La seconde souffre dans sa chair et dans son corps de tous les sévices qu'elle a endurés, mais aussi dans sa tête et dans son coeur de devoir se taire et, au nom de la réconciliation nationale, de devoir pardonner même.
Quand on lit la biographie de Wahibi KHIARI, on imagine que son roman est largement inspiré de sa propre vie. Comme son héroïne, elle est enseignante et a quitté l'Algérie. C'est par l'écriture qu'elle a apaisé ses souffrances. C'est ainsi qu'elle a pu donner une voix à toutes ces femmes algériennes qui durant les années 90 ont subi de plein fouet la haine et la violence qui sévissait dans leur pays. Ces femmes enlevées, violées, assassinées, reniées par leurs familles qui n'ont eu que le silence pour répondre à leurs douleurs, silence qu'on leur a imposé et silence qu'on leur a opposé.
Ce livre est un témoignage fort et poignant mais plein de pudeur où deux femmes se racontent au nom de toutes les autres femmes.
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