"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En Islande, les fjords et les volcans dissimulent des secrets macabres. Une seule règle : ne pas se fier aux apparences.
C'est l'été à Siglufjördur. Le climat de ce village du nord de l'Islande est si rude que le jeune policier Ari Thór voit arriver avec soulagement cette saison où le soleil brille à toute heure du jour et de la nuit. Mais le répit est de courte durée. Un homme battu à mort est découvert sur les bords d'un fjord tranquille. Une jeune journaliste vient fouiner d'un peu trop près. Que cherche-t-elle à découvrir ? Ou à étouffer ?
Surtout, l'éruption spectaculaire de l'Eyjafjallajökull recouvre peu à peu toute l'Islande d'un épais nuage de cendres. Cette étrange « nuit » - nátt, en islandais - fait remonter les secrets les plus enfouis. Personne ne sera épargné. Pas même Ari Thór, qui doit pourtant boucler son enquête au plus vite, s'il veut éviter de nouveaux crimes.
C'est l'agent d'Henning Mankell qui a découvert Ragnar Jónasson et vendu les droits de ses livres dans dix-huit pays. Né à Reykjavik, Jónasson a traduit plusieurs des romans d'Agatha Christie en islandais, avant d'écrire ses propres enquêtes. Sa famille est originaire de Siglufjördur.
Natt, Myrknoetti dans la version originale parue en 2011, traduit à partir de la version anglaise par Philippe Reilly, a été publié par les éditions de la Martinière en 2018. Le style est fluide et neutre, l'auteur se contentant d'énumérer les faits simplement, sans effet de style particulier : "Tomas, l'inspecteur de police de Siglufjordur, l'avait appelé ce matin, lui demandant de venir au commissariat plus tôt que prévu. Il se mit en route dès neuf heures, alors qu'il n'était censé prendre son poste qu'à midi. Tomas n'avait pas été bavard mais Ari Thor avait perçu de l'inquiétude dans sa voix." (Page 26).
Construction : le roman se découpe en trois parties : le jour 1 constitue la première partie ; ensuite s'intercale un interlude de quelques pages évoquant les faits et gestes d'une des victimes ; puis le jour 2 vient clôturer le récit. Certains chapitres en italique racontent une histoire survenue un an plus tôt.
Thèmes : violence gratuite ; rédemption-pardon ; krach financier de 2008 et ses répercussions.
Fil rouge: la pollution atmosphérique due à l'éruption du volcan Eyjafjafjoll: "La zone portuaire était calme, seuls quelques touristes bravaient les cendres en attendant le bateau qui devait les emmener observer des baleines ou des macareux...Le café dégageait une atmosphère accueillante et cosy avec sa musique apaisante en fond sonore, ses aménagements en bois rustiques e confortables et l'odeur voluptueuse du café chaud. La porte et les fenêtres restaient fermés pour empêcher l'air âcre d'entrer, mais la puanteur métallique des cendres parvenait tout de même à s'insinuer dans la salle." (Page 84) ..."Dans le ciel inhabituellement sombre malgré l'absence de nuages, l'épaisse brume minérale dissimulait le soleil. Isrun sentait le goût des cendres sur sa langue à chaque respiration, comme si elle avalait des bouchées de sable." (Page 87).
Presque deux ans après les événements survenus dans Snjor. Evan Fein, jeune Américain en villégiature, à la recherche de la source de Grettir, non loin de la ville de Saudarkrokur, s'arrête près d'une maison en construction afin de demander son chemin. A sa grande surprise, il découvre tout près de la maison le cadavre d'un homme allongé par terre, le visage en bouillie. A côté, un morceau de bois taché de sang.
La victime étant domiciliée à Siglu, l'enquête est menée conjointement par la police criminelle d'Akureyri assistée par les policiers de Saudarkrokur et par ceux de Siglufjordur.
Hlynur, le collègue d'Ari Thor, hanté par son passé de tyran de cour de récréation, ravivé depuis un an par des e-mails mystérieux, sombre dans la dépression. Pourtant, à son entrée à la fac, conscient que son comportement était inacceptable, il s'était libéré de sa colère et avait tenté de réparer.
Isrun, journaliste free-lance, convainc son rédac chef de l'envoyer enquêter à Skagafjordur sans préciser pour quelle raison elle tient absolument à mener cette enquête : "Elle était parvenue d'être arrivée à ses fins. Bientôt, elle serait en route vers le nord. Elle avait poussé le bouchon un peu loin en inventant cette histoire de trafic de drogue, mais c'était un tout petit mensonge et il fallait absolument qu'elle travaille sur cette enquête." (Page 65). Suit-elle les traces de sa grand-mère, trop tôt disparue, qu’elle n'a pas connue mais dont elle veut reconstituer l’histoire ? A moins qu'elle ne soit motivée par tout autre chose ?
Quel lien peut-il exister entre ces différents personnages ? Quels secrets qu'ils croyaient profondément enfouis vont remonter à la surface, perçant le nuage de cendres qui peu à peu recouvre toute l’île ? Une enquête complexe pour Ari Thor qui devra empêcher que d'autres meurtres ne viennent entacher le fjord pendant la période estivale tant attendue.
L'histoire racontée par Ragnar Jonasson se situe juste après les éruptions de l'Eyjafjoll du 20 mars et du 13 avril 2010 qui ont perturbé le trafic aérien international, contraignant de nombreux pays d'Europe à fermer leur espace aérien pendant plusieurs jours. Situer une enquête policière fictive dans un contexte social aussi particulier, couplé à une économie au ralenti et les nombreuses coupes budgétaires survenues dans les services publics consécutives au krach financier de 2008, donne au roman des allures de document historique.
Le +: Ragnar Jonasson cultive une manière bien à lui de distiller au compte-goutte des bribes d'informations qu'il appartient au lecteur de réunir pour former un tout cohérent, trouver les interactions qui les unissent et reconstituer l'image complété du puzzle proposé par Natt. L'auteur manie l'art du suspense en croisant les fils d'intrigues qui semblent sans rapport apparent avec l'affaire en cours : la quête de la journaliste Isrun; le chapitre 10 qui évoque la mort d'une personne sans donner plus de détails...
Un beau titre : "NÁTT ", une période où Reykjavik se trouve dans le noir, d'un épais nuage de cendres, suite aux effets de l'éruption d'un volcan islandais, l'Eyjafjallajökull, et il n'en manque pas – des éruptions et des volcans ! –. Nous retrouvons dans la ville de Siglufjördur, une petite ville du nord de l'Islande, le policier Ari Thór.
Une atmosphère calme, mais pour peu de temps ; un étudiant en visite trouve en bordure de route, le corps d'un homme étendu par terre, le visage en bouillie sanglante. Point de départ de l'enquête de notre policier.
Et celle-ci aborde quelques sujets d'actualités : la maltraitance des enfants, l'univers prégnant du marché de la drogue, l'éloignement de la famille, le harcèlement scolaire et le caractère parfois impulsif de personnes éprises.
Nonobstant ces points forts, l'attention nécessaire se lasse au fil des pages et des personnages légèrement falots qui survolent cette énigme. Les frissons ne sont pas de mises sur ce polar, qui jaillissent au début mais ont tendance à s'émousser assez vite.
D'autant que pour connaître la suite, car je note une absence d'épilogue de ce polar, qui génère un sentiment désagréable d'incomplétude. Il conviendra, selon l'envie du lecteur, de poursuivre la lecture de cette série regroupée sous le titre de : Dark Iceland.
En finalité, une appréciation en demi-teinte de ce polar – le nuage de cendres islandais était trop épais ! –, que j'ai ressenti comme le parcours dans un labyrinthe, sans en trouver rapidement la sortie. Et bien sûr, l'inévitable déception.
Elias est mort... mais qui était Elias? Le policier Ari Thor, la journaliste Isrun enquêtent chacun de leur coté pour comprendre pourquoi Elias a été assassiné. Dans l'ambiance toujours particulière de cette Islande mystérieuse nous suivons pas à pas les deux enquêtes parallèles. Des vieux secrets surgissent à chaque chapitre, les tourments personnels des personnages viennent compliquer l'histoire et nous tiennent en haleine jusqu'aux dernières pages.
J'ai adoré ce livre et cet auteur que je ne connaissais pas.
C'est l'été en Islande mais le soleil ne brille pas à Reykjavik. La ville subit encore les effets de l'éruption du volcan Eyjafjallajökull. le ciel n'est que cendre, l'air est irrespirable. Heureusement, le Nord de l'île est épargné et, à Siglufjördur, Ari Thor profite de la douceur de la saison, lui qui supporte si mal le rude hiver de ce coin du pays. Mais la douceur de la saison n'empêche pas le crime et l'on retrouve le cadavre d'un homme battu à mort à Saudarkrokur. L'affaire ne concerne pas directement le poste de police de Siglufjördir mais comme l'homme était officiellement domicilié dans la ville, Ari Thor et son chef Tomas sont associés à l'enquête. Les deux hommes entament leurs recherches sur le défunt alors qu'ils sont tous deux perturbés par leur vie privée. Ari Thor ne se remet pas de sa rupture avec Kristin, son chef déprime depuis que son épouse a repris ses études à Reykjavik, et leur collègue Hlynur ne leur est d'aucune aide : il vit la peur au ventre depuis que des mails anonymes le rappelle à un passé peu glorieux.
De son côté, Isrun, journaliste à Reykjavik, est bien décidée à obtenir un scoop à propos d'Elias Freysson, l'homme assassiné. Son job est en jeu mais elle a aussi des raisons personnelles de se confronter à cet assassinat.
L'Islande...une île si paisible... Siglufjördur, une ville si paisible...Et pourtant c'est bel et bien la violence qui est au coeur de ce polar venu du Nord. La violence sous toutes ses formes : harcèlement scolaire, harcèlement au travail, maltraitance de l'enfant, viol, exploitation sexuelle, etc. Et bien sûr tout ce qui en découle : encore plus de violence, le désir de vengeance, les vies brisées.
Mais cette noirceur est diluée dans un récit un peu brouillon qui multiplie autant les pistes que les personnages. Ari Thor, censément héros de la série, se montre sous son plus mauvais jour, malade de jalousie à propos d'une femme qu'il a lui-même allègrement trompée. Il est entouré de collègues dépressifs et d'une foule de suspects qui nous font perdre le fil de l'enquête. le mort est lui aussi des plus antipathiques, à tel point qu'on n'est pas trop pressé de voir le meurtrier arrêté. Quant à la journaliste, son histoire vient parasiter un récit qui était déjà mollasson au départ.
Bref, Jonasson fait le job mais ne révolutionne pas le genre. Espérons que la suite soit un peu plus pêchue et originale...
Quel plaisir de retrouver Ari Thor et sa vie à Siglufjordur. Et surtout quel plaisir de retrouver cette ambiance nordique, ces paysages si prégnants dans l'intrigue et cette nouvelle enquête qui permet de déterrer des secrets et de faire plus ample connaissance avec les habitants de cette ville. Pour ce troisième tome des enquêtes de Ari Thor, l'auteur nous offre quelque chose de plus sombre, de plus oppressant mais également de plus dynamique.
Oui, vous avez bien lu, j'ai bien dit dynamique.
Déjà car le livre est court ce qui donne un rythme soutenu au livre sans être non plus un page turner tous les trois chapitres.
Dynamique également par l'utilisation des différents points de vue des protagonistes donnant toujours plus de rythme et évitant ainsi à l'histoire de s'essouffler trop vite. Cela permet également au lecteur de connaître les raisons et aboutissants du crime commis mais pas que. C'est quelque chose que fait l'auteur depuis le début avec Snjor mais je trouve qu'ici on est monté un cran au-dessus. Ceci est sûrement lié au fait que l'on a plusieurs points de vue concernant le meurtre et pas seulement de celui qui a commis le crime.
Et il y a un dynamisme par l'ambiance qui y est installée. Placer une intrigue, une enquête juste après l'éruption de l'Eyjafjallajökull (à vos souhaits!) et jouer sur cette atmosphère pesante, lourde et qui impacte nos protagonistes à plusieurs niveaux... je trouve que cela entraîne un certain rythme car comme nos personnages, on est happés malgré nous par ce nuage de cendres même si tous ne sont pas touchés de la même façon.
De plus, ce que j'apprécie réellement dans ces livres, c'est le développement autour des personnages et le fait qu'on partage un bout de leur quotidien avec leurs joies, leurs galères, leurs emmerdes. Ca crée une proximité avec eux mais surtout on perçoit à quel point leur vie personnelle influe sur leur travail d'enquêteur. Et pour le coup, ici, ça touche nos trois policiers et pour des raisons complètement différentes.
Ce ne sont pas que des supers flics islandais mais des humains avec leurs failles. Surtout que rappelons-le, l'Islande est censé être le pays où il y a le moins de crimes commis, alors c'est assez facile de se retrouver au dépourvu quand on est pas rodés à ce genre de choses.
Et l'auteur ainsi que le traducteur, à ne pas oublier, amènent et imbriquent ces bribes de vies à l'enquête entraînant forces et faiblesses.
Ainsi l'intrigue n'est pas seulement tournée vers le meurtre mais aussi sur ce touche de près ou de loin nos habitants de Siglufjordur.
Concernant le dénouement de l'intrigue principal, celui-ci se met en place sur la deuxième moitié du livre, et là... impossible de le lâcher. Natt vous happe dans sa nuit brumeuse, fumeuse et ne vous laisse pas ressortir indemne. Je peux dire qu'ici l'auteur n'épargne pas vraiment ses personnages. Et j'ai envie de dire tant mieux car ça ne les rend que plus humains.
Avec Natt, j'ai trouvé que l'on s'éloignait un peu plus de l'effet huis clos au sens pur, que j'ai pu trouvé au début tout en gardant cette ambiance pesante, oppressante. Une ambiance fortement lié à l'environnement, aux descriptions qui laissent libre cours à l'imagination tant elles sont fortes de détails. Et c'est tout ça qui fait que j'aime me replonger dans l'univers de Ari Thor.
En bref,
Ragnar Jonasson me réconcilie vraiment avec le polar islandais. Même si on se centre autant sur l'intrigue que sur l'environnement dans lequel évolue nos personnages, je trouve que cela amène un véritable plus. Là où au début je trouvais que les polars nordiques s'appesantissait un peu trop sur le décor, aujourd'hui je trouve que cela fait partie intégrante de l'intrigue, que l'on pourrait parfois le considérer comme un personnage à part entière tant il joue, il influe sur l'histoire. Aujourd'hui, je m'intègre plus facilement à l'histoire et je me prends d'affection pour chacun de ces personnages. Plongez dans Natt, savourez et procurez-vous vite la suite.
Après Snjór et Mörk, le lecteur retrouve le policier Ari Thór pour une nouvelle enquête qui ne laisse aucun répit ni à l'équipe de policiers ni aux lecteurs.
Il y a plusieurs personnages principaux qui ont chacun leur propre histoire à démêler, j'ai d'ailleurs eu un peu de mal avec tous les noms et prénoms à mémoriser.
Néanmoins, l'auteur ne se perd pas dans les fils de la toile de l'histoire de chacun et parvient à expliquer le tout en un détricotage au timing parfait.
Un peu plus de 330 pages de chapitres courts et d'une taille de caractère agréable à lire.
Il est vivement conseillé de lire les enquêtes dans l'ordre chronologique sinon le lecteur perd le suivi du personnage principal Ari Thór.
Ragnar Jónasson reste fidèle à son style. Tout partira d'un meurtre dans la ville de Siglufjördur. Qui a assassiné Elias? Une jeune journaliste va enquêter en parallèle à la police et trouvera l'identité du coupable non sans remuer certaines histoires du passé de la victime, et du sien mais aussi celui d'un des policiers. On apprendra un peu plus sur la victime et sur ses activités un peu plus sombres. Plusieurs histoires personnelles seront mises en parallèle, on jongle entre chaque personnage chacune de leur histoire.
Le coupable est trouvé, certaines plaies sont plus ou moins pansées... l'histoire se termine quand même sur un goût d'inachevé mais c'est ce qui caractérise l'auteur (cf #ladamedereykjavik )
Commencé dimanche matin, terminé dimanche après-midi, que dire d'autre sur ce roman passionnant qui s'écoule lentement jusqu'à l'apogée finale en feu d'artifice?
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