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Dans les tourmentes de la Révolution bolchevique, d'une guerre à l'autre, Moura a traversé mille mondes. Aristocrate d'origine russe, elle s'est appelée Maria Zakrevskaïa, Madame Benckendorff, la baronne Budberg... et elle a bien existé. Elle a été la passion d'un agent secret britannique, la muse de Gorki, la compagne de H.G. Wells, l'égérie de l'intelligentsia londonienne. Elle a côtoyé tous les grands du XXe siècle, le Tsar, Staline, Churchill, de Gaulle. Les uns chantèrent son courage, sa chaleur et sa fidélité. Les autres dénoncèrent ses mensonges. Tous s'entendirent néanmoins sur un point : Moura incarna la vie, à tout prix.
Alexandra Lapierre a travaillé pendant plus de trois ans pour reconstituer le destin d’une personnalité haute en couleur : Moura, née Zabreskaïa, puis von Benckendorff puis baronne Budberg, aristocrate russe qui traversera la révolution bolchevique, sera la passion d’un agent secret britannique, la muse de Maxime Gorki, la compagne d’H.G. Wells… Séductrice, complexe, chaleureuse, pétrie de contradictions : Moura déchaîne les passions aujourd’hui encore : était-elle une espionne bolchevique? Un agent double au service des occidentaux? Comment expliquer ses fréquentations des plus hautes sphères, de part et d’autres des lignes de front? Impossible de savoir, les renseignements secrets de l’époque n’ont jamais pu tirer l’affaire au clair. On est tenté de suivre l’opinion de l’auteure, Moura était avant tout une survivante. Survivre à la tempête bolchevique, bien qu’aristocrate russe et incarnation même de la classe honnie, Moura réussira à être libérée à chaque emprisonnement dont elle fera l’objet. Une faculté d’adaptation formidable, une aptitude à se rendre indispensable auprès des personnalités clés, une intelligence remarquable et la maîtrise de plusieurs langues sauveront Moura des tourmentes du XXe siècle. L’écriture d’Alexandra Lapierre est très fluide, on saute de pages en pages sans même s’en rendre compte (et cela vaut mieux, le livre fait plus de 700 pages). Les mots sont à hauteur de l’héroïne, cela tourbillonne, flamboie, c’est enlevé et passionné! Par contre, c’est par moments trop romanesque, les pensées de Moura sur ses déchirements sentimentaux sont un peu exagérés. L’auteure est totalement investie par ce personnage et manque peut-être d’un peu de recul. Ce livre a reçu le Grand Prix de l’Héroïne Madame Figaro 2016, et cela semble lui aller comme un gant. Moura est incontestablement une héroïne, éprise d’aventures, même à quatre-vingts ans quand l’ennui la pousse à commettre des larcins dans des magasins de luxe londoniens, elle ne manque pas de panache : « A la figure du policier qui la prend en flagrant délit de vol, elle brandit une pelle à tarte, un bouchon à champagne et un gobelet à vodka. Quand il l’interroge et s’étonne du choix de ces objets qu’elle aurait les moyens de s’offrir, elle lui rit au nez et lui lance, superbe : « Mais, darling, c’est cela l’aventure! » Difficile de résister à ce personnage haut en couleur, doté d’une pulsion de vie qui renversa tous les obstacles.
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