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Samuel se rend dans un centre de dépistage du sida pour faire une prise de sang. Commence dès lors l'attente des résultats du test. Trois jours pendant lesquels Samuel est en proie aux fantasmes les plus fous, tout en se livrant à des recherches approfondies sur la maladie et sur le mystérieux « patient zéro » à l'origine du fléau. Mais aussi trois jours d'amour fou avec Léna, une jeune femme que Samuel vient de rencontrer et dont il est éperdument amoureux. Des images mortifères s'emparent de lui aux moments les plus intenses de leur relation sexuelle. Le sexe et la mort se frôlent, offrant le spectacle d'une danse macabre, d'une intensité saisissante. Si tout peut prendre fin très vite, vivre est une urgence, une brûlure.
Dans ce premier roman écrit à l'image d'une course contre la montre, Joachim Schnerf explore l'angoisse d'un jeune homme saisi par deux mouvements contraires : l'anticipation de sa propre mort et une furieuse envie de vivre jusqu'au bout cette histoire d'amour.
Lien : http://www.livresselitteraire.com/2018/05/mon-sang-letude-de-joachim-schnerf.html
Samuel, né le 07/02/1988, pénètre dans le centre. Un patient parmi les autres. Un code, presqu’un numéro. L’appréhension qui monte dans la salle d’attente. Ne pas regarder les autres, rester droit, digne. Laisser les mains expertes, habituées, serrer le garrot, tapoter peut-être un peu pour trouver la veine. Enfoncer l’aiguille. Laisser le sang se déverser dans les tubes.
Samuel, né le 07/02/1988, 26 ans, donne son sang à l’étude. Et patiente. Dans trois jours il saura. Il saura si les larmes de spermes, les larmes de sang, les larmes tout court changeront à tout jamais son existence. Positif, négatif. Cette attente insoutenable qui angoisse, pousse à imaginer le pire. Que dire aux proches ? Que dire à celle qui accompagne ses nuits, Léna ? Que dire à ce corps qui fait vibrer le sien ?
Samuel attend la sentence. Comme on peut attendre dans ces cas-là. En s’inventant des rencontres avec le « patient zéro », en se gavant d’informations, de statistiques, de littérature en lien avec le virus. En tentant d’oublier aussi parfois ce « test », quel drôle de mot pour définir la maladie qui plane et rode. Alors danser, boire, manger une tarte au citron meringuée. Danser sur le fil, imaginer ce qu’il dira. Danser avec l’ivresse. Chercher le réconfort dans le corps de Léna, l’aimer, elle qui ignore tout. La posséder sensuellement. Comme une urgence. Avant la possible mort.
Et Léna comment perçoit-elle ce jeune homme qui semble si insaisissable et s’évapore une fois que les corps ont expulsé l’érotisme qui les dévorait ?
Dans ce court récit, Joachim Schnerf nous entraîne dans les quelques jours d’attente qui précèdent les résultats du test du Sida. Le « gay cancer » comme il était appelé à une époque… Ce virus toujours aussi redouté. Bien sûr il y a la prévention, primordiale, qui se développe, prend de plus en plus d’ampleur mais parfois même avec cela, on peut déraper « le serment à la capote peut-être, balayé par l’alcool et la soif rageuse de sexe. ». Et qui en parle de cela ? Qui ose en parler surtout ? Il y a la honte qui s’immisce. Il y a la sensation que le monde entier nous regarde, suspicieux. Ils savent. Ils savent et nous on attend. On se cache. On se fait petit. Aussi petit que l’on peut. On poste un message et puis on coupe le téléphone. On sait ce que ça déclencherait. Un raz de marée.
Joachim Schnerf, lui, ose en parler, sans détour, sans pincette. La mort et le sexe dansent ensemble durant trois jours. Dans cette angoisse permanente qui ne nous lâche pas. Qu’on a peut-être un jour nous aussi ressenti. Et il retranscrit cela, pour nous, à la perfection.
C’est le souffle court que j’ai lu les quatre-vingt-dix pages. Deux fois même ce qui ne m’arrive jamais. Dans la crainte, l’inquiétude, la projection. Mais aussi dans la beauté d’une relation naissante. De celle où l’on avance à tâtons. Sans savoir s’il faut aborder ou non le sujet. Partager entre la retenue et le désir ardent d’un toucher que l’on guette, d’un regard que l’on pose sur l’autre sans qu’aucun mot n’ait besoin d’être prononcé, sur une piste de danse – et tant pis s'ils dépassent les limites de la bienséance –, dans un taxi ou dans l’intimité d’une chambre. Le rythme s'accélère et l'on passe alors de la chaleur de l'un à celle de l'autre. C’est érotique, c’est animal, viscéral. Mais jamais vulgaire. Il y a juste cette urgence. Humaine. Dans laquelle, je pense, nous pouvons tous nous retrouver.
Oui, Mon sang à l’étude est très différent de Cette nuit par son thème évidemment mais par son écriture également, plus exaltée, plus sensuelle et charnelle aussi mais toujours intime. Et qui me fait dire que l’auteur sait jongler avec habilité autour de thèmes universels.
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 3 jours
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 6 jours
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