"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«J'avais été jadis un voyageur insouciant. Je devins un lecteur de grand chemin, toujours aussi rêveur mais un livre à la main. Je lus, adossé à tous les talus d'Europe, à l'orée de vastes forêts. Je lus dans des gares, sur de petits ports, des aires d'autoroute, à l'abri d'une grange, d'un hangar à bateaux où je m'abritais de la pluie et du vent. Le soir je me glissais dans mon duvet et tant que ma page était un peu claire, sous la dernière lumière du jour, je lisais. J'étais redevenu un vagabond, mal rasé, hirsute, un vagabond de mots dans un voyage de songes.» Ce roman est le récit d'une vie d'errance et de lectures, aussi dur que sensuel, aussi sombre que solaire. Le chaos d'une vie, éclairée à chaque carrefour périlleux par la découverte d'un écrivain. René Frégni, conteur-né, ne se départit jamais de son émerveillement devant la beauté du monde et des femmes. Fugueur, rebelle, passionné de paysages grandioses, qui restent pour lui indissociables des chocs littéraires. Un homme qui marche un livre et un cahier à la main.
Minuit dans la ville des songes m’a emporté sur les pas de René Frégni, cet homme si chaleureux, à l’écriture qui prend aux tripes grâce à sa franchise et à sa spontanéité.
Ce roman est plutôt un récit, celui de sa vie, une vie pleine de rebondissements pour ce gamin, ce minot de Marseille, le pire cancre de la ville qui évoque Sartre, brillant élève à Paris, lui.
S’il est poussé vers les mots, René Frégni doit attendre car, à 12-13 ans, il traîne avec les voyous de Marseille, une bande d’Apaches qui va au ciné à l’œil et commet des larcins sans négliger les filles dites de joie.
Ce garçon a été renvoyé de quatre collèges. Il fait le désespoir de sa mère qu’il aime tant et qui tente de l’inscrire dans le privé sans plus de réussite. À 16 ans, il tire un trait définitif sur l’école même si sa mère tente une dernière option : les cours par correspondance. Cela aura au moins le mérite de déceler une énorme déficience de son œil gauche ; René a absolument besoin de lunettes pour lire…
C’est toujours aussi bien raconté. C’est vif, précis, percutant, plein d’émotion et je suis absorbé par cette histoire dont je vous passe les détails pour arriver à la convocation pour le service militaire, direction Verdun… sauf qu’il se présente à la caserne avec quelques semaines de retard. Aussi, direct au cachot, à 19 ans, où, surprise, il retrouve Ange-Marie Santucci, camarade des mauvais coups, à Marseille. Ces retrouvailles sont fondamentales pour René Frégni car Santucci lui parle du pouvoir des mots et lui fait apporter des livres et ses lunettes par l’aumônier. Or, le premier roman qu’il lit, c’est Colline de Jean Giono, livre qu’il dévore en une journée.
Vient alors une série impressionnante de livres dont il parle avec Ange-Marie Santucci. Grâce à un dictionnaire de poche et un petit carnet, toujours au cachot, René Frégni progresse rapidement. Santucci lui explique Camus. Il découvre Hemingway, Boris Vian, bien d’autres et livre un texte éloquent, prenant, émouvant, très bien écrit, à propos du pouvoir des mots et de la lecture.
Si Santucci le fait rêver de Bolivie et du Che, voilà l’auteur obligé de passer par un régiment disciplinaire. Ses réflexions à propos de la guerre sont si justes qu’il est inconcevable de voir que les êtres humains continuent encore à guerroyer.
De son écriture délicieuse, imagée, directe et tellement touchante, René Frégni me fait passer dans des lieux comme Forcalquier, Manosque, Bastia. C’est une véritable ode à la littérature avec, chaque fois, en quelques mots, l’essentiel du livre qu’il vient de lire et ce qui l’a le plus touché. S’il gagne Nice puis l’Italie, je me retrouve en plein thriller qui m’emmène jusqu’à Istanbul avant de retrouver Manosque où Jean Giono vit encore, dans sa maison, sur un flanc du Mont d’Or.
Quand on est fidèle aux Correspondances de Manosque, c’est un vrai régal de lire cet épisode traité avec humour, une grande délicatesse et le sens de la formule. Loin de se calmer, René Frégni continue d’accumuler les expériences, aime les filles du Midi, et je suis très étonné par l’endurance et la force de cet homme qui doit vaincre quantité d’obstacles, se faire éditer pour réussir à devenir ce qu’il est aujourd’hui : un écrivain reconnu. Il écrit la nuit, dans sa tête, et, le matin, sur son cahier rouge, tout ce qui a traversé son subconscient prend forme.
Minuit dans la ville des songes m’a passionné, intrigué, fait trembler, ravi, fait rêver de bout en bout tout en m’apportant de merveilleuses définitions de la lecture puis de l’écriture. De plus, René Frégni a su parfois m’emmener en pleine nature, au hasard d’une balade, pour un vrai bain de fraîcheur et de poésie.
Cette lecture dont je n’ai évoqué qu’une petite partie, m’a profondément marqué et je la recommande chaleureusement comme je le fais aussi pour Les vivants au prix des morts et Dernier arrêt avant l’automne.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/10/rene-fregni-minuit-dans-la-ville-des-songes.html
Que je suis heureuse d'avoir lu ce livre et d'être allée à la rencontre de René Frégni, par les mots et en vrai à l'initiative de la Librairie Claudine de Wavre qui l'a invité dernièrement.
Ce roman est magnifique, poétique. René se raconte à nous sans filtre, il nous raconte l'enfant qu'il était, lui qui détestait l'école et trainaît dans les rues de Marseille. Lui qui a eu un destin chaotique, déserteur à l'armée, rêveur, voyageur, enfermé en prison, où paradoxalement il a trouvé la liberté dans ce qui lui semblait être une torture enfant. C'est là qu'il a découvert le pouvoir des mots, grâce à Ange-Marie...
Pendant toute mon enfance et mon adolescence, les livres et les cahiers avaient été des machines de torture, ils devenaient brusquement des machines d'évasion.
La vie ne tient parfois qu'à un fil, son destin aurait peut-être être tout autre si le regard des autres, ces fichues lunettes épaisses qu'il ne voulait pas porter enfant, qui lui empêchait de découvrir les mots.
Les mots qu'il aimait pourtant quand sa maman - pour qui on ressent l'immensité de son amour à travers le récit - lui lisait les trois romans qu'ils possédaient.
C'est "Colline" de Giono, son premier livre lu qui lui apprend le pouvoir des mots, l'évasion,
Par quel tour de magie cet homme m'emportait dans le Sud brûlant où j'avais grandi. Mon corps était traversé de bruits, d'odeurs, de silences, de souvenirs, d'émotions... La journée précédente avait duré cinq ans, celle-ci avait filé comme la lumière et le vent. Chaque mot que j'avais lu avait aboli, les barreaux, les murs, la cour de la prison.
A partir de ce moment il va continuellement être un livre et un carnet rouge à la main. Il sera en fuite, se réfugiera en Corse pour une des plus belles années de sa vie, la description de la nature est juste magnifique. On ressent la mer, l'odeur des fleurs, du maquis, on visualise les magnifiques paysages décrits. Une plume poétique et enchanteresse.
René nous partage sa vie et l'importance des livres toujours en toutes circonstances, et comment il est devenu écrivain. C'est un merveilleux conteur, en toute simplicité et humanité. Une plume à découvrir absolument.
Ma note : Immense coup de ♥♥♥♥♥
https://nathavh49.blogspot.com/2023/12/minuit-dans-la-ville-des-songes-rene.html
C'est un livre qui ne peut que ravir un lecteur. René Frégni y fait à travers le récit de sa vie l'éloge des livres.
Ces livres qu'il va découvrir en prison militaire, grâce à un ami et un aumônier bienveillant : ces livres qui lui donnent chaque jour l'évasion, ces livres qui lui font oublier là où il est, ces livres qui feront que jamais aucune journée ne ressemblera à la première :
« La journée précédente avait duré cinq ans, celle-ci avait filé comme la lumière et le vent. Chaque mot que j'avais lu avait aboli les barreaux, les murs, la cour de la prison.»
Il chante la liberté, la révolte, la non-obéissance. Il chante aussi la nature, celle du Sud, écrasée par le soleil en été, parfois glaciale sous le mistral en hiver, si douce quand le printemps revient, celle où il fait si bon marcher. Celle qui lui permet aussi d'organiser ses pensées, de trouver les mots qu'il écrira ensuite sur une petite ligne violette.
Il raconte aussi sa mère, celle qui lui évita sans doute de finir aux Baumettes, minot, celle qui a toujours envers et contre tout cru en lui, celle dont il a fait blanchir les cheveux, celle qui a été si fière le jour où il a été publié, qu'elle est restée une journée à contempler le livre de son fils dans une vitrine.
« Ce livre, dans la vitrine d'une librairie, un jour de septembre, c'était une façon de dire ce que l'on n'ose plus, quand on est devenu un homme, dire tout simplement « je t'aime plus que tout, maman », comme on le faisait, chaque jour, quand on était enfant.»
Un livre comme un hommage aux mots par celui qui a lu un livre presque chaque jour de sa seconde vie, qui commença dans une cellule de Verdun. Par celui qui même devenu écrivain célèbre se revendique avant tout lecteur :
« Je fais partie de ce peuple anonyme des lecteurs. Chacun de nous est assis dans sa chambre, un livre à la main, et nous voyageons dans un immense train qui n'existe pas.»
Restons encore un peu dans ce train avec vous , monsieur Frégni.
lecture très agréable de cette biographie de Rene Fregni.
Avec poésie et un rythme rapide,l'auteur raconte
des épisodes de son existence mouvementée de rebelle dans les années 68, son entrée en lecture puis en écriture.Il rend aussi un vibrant hommage à sa mère , une femme protectrice, qui fait confiance à son fils déserteur , fière de lui quand il publie son premier roman Les chemins noirs.
Dans ce texte, René Frégni raconte sa vie : de l'enfant aux 400 coups qui aime surtout l'école buissonnière à son premier roman édité et son engagement à promouvoir la lecture et l'écriture. Quelle vie !
On suit cette histoire comme un roman d'aventures, avec ces rencontres, ces choix, es rebondissements, ces errances, ces fuites, ces amitiés, ces découvertes ... une histoire où se mélange la vie d'un homme avec l'histoire d'une époque. Une histoire où l'on voyage au travers la Provence, l'Europe et la littérature.
Un très beau récit que j'ai lu en quelques heures, tout en finesse avec une écriture poétique et descriptive. On sent les odeurs de la Provence, l'air marin de la Corse, l'humidité des cachots, le froid des hivers meusiens, et l'amour d'une mère.
Juste beau.
Si je n'ai rien trouvé d'exceptionnel sur un plan récit dans ce livre la qualité de l'écriture est exceptionnelle.
Certaines pages sont des tableaux tant les mots sont colorés et précis et emplis souvent de poesie
J'adore cet homme, René Fregni.
J'ai lu la plupart de ses livres et ai été à chaque fois touchée.
Et là encore, sous le charme.
Il se raconte dans cette autobiographie sincère, authentique, modeste.
Une enfance rebelle, plus souvent dans la rue qu'à l'école.
Une adolescence voyageuse.
Une désertion qui lui vaudra bien des tracas.
Une mère merveilleuse
…....................................
Et, par la découverte des mots et des livres, une existence en parfaite harmonie avec ce qu'il est vraiment.
Un homme libre, amoureux de la nature, épris de littérature.
Littérature qui a bouleversé et orienté sa vie.
Même dans les périodes noires de sa vie, il reste lumineux.
C'est un homme vrai, sincère, sans compromis, qui va au bout des choses, au bout de ses convictions.
Un véritable conteur qui sait toujours sait toujours s'émerveiller et nous émerveiller.
Avec talent il nous raconte les épisodes de sa vie, nous fait partager les paysages qu'il aime, nous fait découvrit les livres qui l'ont construit.
Un excellent moment passé à lire cette autobiographie humble et pudique mais surtout pleine de lumière.
Merci René Fregni de nous avoir fait partager ces moments de votre vie.
Lu dans le cadre des Prix des Lecteurs du Var 2022.
De son enfance à Marseille, René Frégni a gardé le goût de la chaleur, de la lumière et de l’insouciance avec les copains. Peut-être aussi un attrait pour l’ailleurs et les voyages.
Lorsque lui est envoyée sa feuille de route pour son service militaire, il est en Espagne. C’est avec dix jours de retard qu’il se présente à la caserne du 150ème Régiment de Verdun. Il va débuter sa vie de soldat par un séjour en cellule : du soleil du Sud, il passe au ciel basde la Meuse et au gris des murs de sa cellule.
Là, contre toute attente, il retrouve un ami d’enfance, Ange-Marie, qui va lui faire découvrir le pouvoir d’évasion de la lecture et réveiller chez lui un désir de ne pas rentrer dans le rang et d’oser exprimer sa révolte.
Les livres ne le quitteront plus. La découverte de la puissance des mots guidera dès lors chacun de ses pas d’autodidacte.
René Frégni nous raconte sa vie, ou plutôt ses vies : déserteur, voyageur, étudiant, infirmier psychiatrique. Jusqu’à son rêve le plus profond qu’il a réussi à réaliser : devenir écrivain. Un très bon écrivain. J’ai particulièrement apprécié la langue simple et poétique avec laquelle il nous entraîne sur les chemins de traverse qu’il a empruntés.
» Je n’essaie pas de raconter dans ce cahier les aventures de ma jeunesse, je l’ai fait ailleurs, souvent. J’essaie de dessiner à la pointe de mon stylo ce grand voyage de mots, d’émotions, de paysages imaginaires qui estompaient ceux que je traversais. Je n’étais jamais seul, quelqu’un était dans ma poche puis dans ma main, avec qui je dialoguais, un compagnon de route. Je veux parler de tous ces écrivains qui furent mes professeurs. J’ai évoqué Giono, Dostoïevski, Rimbaud… Tant d’autres qui vinrent bouleverser le cours de mon existence. J’allais devant moi, sans programme scolaire, projets de lecture. »
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