Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
Comme dans le précédent volume paru en 2007 dans la Blanche, ce nouveau « Microfictions » est un livre hors normes qui rassemble cinq cents petites histoires. Les textes sont classés par ordre alphabétique, d'«Aglaé» à «Zéro baise». Le livre juxtapose le banal de vies ordinaires tout à la fois touchantes, cruelles, monstrueuses, à travers, par exemple, le drame d'un couple qui élève une enfant autiste, le quotidien d'un enseignant désabusé par ses élèves, les hallucinations d'une femme qui voit un ange se poser sur son épaule avant de l'emporter vers l'au-delà, un père et sa fille atteints tous les deux d'un terrible cancer, un banquier qui a raté sa vie, le combat d'un vieil homme qui ne veut pas que son fils l'euthanasie pour se débarrasser de lui... C'est également la description surprenante de personnages pris en étau dans notre époque, des histoires à la fois édifiantes et dérisoires, un directeur de maison de retraite aux méthodes peu conventionnelles, une femme qui est privée de la garde de ses enfants à cause de ses addictions, le directeur d'une clinique de chirurgie esthétique fasciné par les qualités de ses prothèses sexuelles, un couple qui exploite le manège du Luxembourg jusqu'à s'en rendre malade, ou un enfant mal aimé qui poignarde sa mère... Des situations banales qui dérapent en fait divers, des personnages ordinaires qui sont autant d'incarnations successives d'une humanité minée par la mégalomanie, le désespoir, et qui pourtant se bat et continue d'espérer en une situation meilleure.
Avec ce livre, l'auteur renoue pleinement avec la fiction. Le dispositif mis en oeuvre ici s'apparente au précédent « Microfictions ». On traverse le livre comme on traverse une foule.
On y reconnait les multiples visages de notre contemporain, comme autant de fragments de vie compilés. Régis Jauffret recherche l'effet d'accumulation pour amplifier le réel. Il fait jaillir du drame, le cocasse, ou de l'amour, la cruauté. Dans ces « mircrofictions 2018 » on perçoit les nouveaux contours de ce monde qui a été presque totalement arraisonné par le numérique depuis dix ans et où les situations les plus ordinaires menacent en permanence de déraper dans le conflit et l'absurde.
Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
En lecteur admiratif des Microfictions de 2007, je me régalais de ce nouveau pavé. J'ai été satisfait de retrouver tous les codes du premier "tome", mais pourtant je suis déçu. Je crois que l'on peut estimer qu'il est moins réussi que la livraison 2007, en tous cas pour un lecteur qui a précisément lu cette première livraison.
Dans cet opus 2018, sexe, mort et cancer se succèdent sans grande nouveauté. Pour l'aspect sexuel, on penche de plus en plus vers San Antonio, et j'ai trouvé cela décevant. Bien sûr, on jubile à certaines phrases parfaitement outrancières, uniques, et typiques de Jauffret. Mais sinon, on a le sentiment de ne pas progresser. A chaque microfiction, on repart de zéro, et on ne va pas plus loin que la microfiction précédente. D'où un sentiment de patinage. Même si c'est souvent fort agréable, on fait du sur-place.
Pour ceux qui ignorent ce qu'est une microfiction sauce Jauffret, on peut prendre l'exemple du texte "Crache, ma fille, crache" (p. 149). Un couple et leur fille. La femme est adultère, et pour un mot du mari, elle se jette sur lui pour lui arracher les yeux. Il la frappe, elle tombe à terre, la fille lui crache dessus pour la réveiller. La mère se jette sur sa fille pour lui faire du mal. Le père intervient et finalement le gratin est réchauffé pour terminer la soirée "cahin-caha". Voilà l'ambiance Jauffret, mais c'est tellement bien écrit qu'on éclate de rire et qu'on se convainc que tout le reste de la littérature française n'est que fadeur.
En bref, un livre à conseiller, mais peut-être pas aux lecteurs de la livraison 2007, sous peine d'indigestion.
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