Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
1895. Marcel Proust et son ami, le musicien Reynaldo Hahn, passent leurs vacances en Bretagne. Ils se rendent à Belle-Ile pour saluer la grande Sarah Bernhardt puis ils séjournent à Beg-Meil, la station balnéaire de Fouesnant encore méconnue. Durant ces semaines qu'ils espèrent agréables, une succession de drames et de crimes les accompagne comme si la délinquance s'était accrochée à leurs basques. Quel est donc le plan diabolique concocté par Augustin Kérel, l'ancien bagnard ? Le docteur Motel préfère-t-il l'argent au serment d'Hippocrate ? La jeune Albertine a-t-elle raison de croire encore à l'amour ? Naufrages suspects, chasse à l'homme et meurtres sanglants jalonnent cette histoire troublante pour le plus grand bonheur de Samuel Pinkerton, le fin détective chargé de dénouer l'écheveau des passions qui conduisent au crime. Inexorablement.
En explorant le catalogue des Editions 38, j’ai découvert ce titre qui a attiré immédiatement mon attention. Ce jeu de mot avec un titre d’un roman culte de Marcel Proust ne pouvait que titiller ma curiosité, Marcel Proust devenu personnage d’un roman, ce n’est pas rien, c’est même assez culotté et risqué !
J’aime les romans policiers qui nous transportent à une époque particulière, et les années 1890 font parties de ces périodes que j’affectionne.
Dans ce genre de roman l’époque et le lieu forment un décor en arrière plan, ici les côtes bretonnes. En ce rapprochant on découvre les personnages qui forment l’ensemble dans un certain cadre social. Puis on voit apparaître le détective sur le devant de la scène, il s’agit de Samuel Pinkerton. Ce roman est le premier de la série.
Ce que j’aime dans cette période charnière de l’histoire, c’est la place des avancées technologiques qui forment un contraste entre le passé assez figé et la mise en route d’inventions qui vont en quelque sorte accélérer le mouvement. Le train, par exemple, prend son essor malgré la défiance qu’il inspire à certains, mêlée à l’enthousiasme des autres. Le chapitre 2 nous fait revivre ce voyage et cette ambiance.
Les classes sociales sont très marquées mais ce lieu « le wagon » rend perméable la rencontre de gens de niveau social différent. Le fait qu’il y ait deux artistes permet aussi ce lien.
Par contre voir Proust à 24 ans, un peu caricatural, en voyage pour raison de santé avec une dysenterie c’était plutôt gag, il serait intéressant de voir la tête des puristes ! Quant à moi j’ai surtout vu en lui un certain milieu et une époque, ainsi que des petits clins d’œil comme l’apparition d’une certaine Albertine !
Ce qui m’a plu, c’est de voir tous ses artistes converger vers certains lieux et comment la leur venue a bouleversé la vie des gens. En quelques pages, on rencontre un écrivain, un musicien, une actrice, des peintres… Ils sont en quête d’inspiration et d’ailleurs… j’ai découvert ainsi des artistes de cette période que j’affectionne et ma lecture était accompagnée par la musique de Reynaldo Hahn…
A côté de ses parisiens en quête « d’exotisme » on a les gens du cru qui vivent entre tradition et modernité avec l’arrivé de ce tourisme qui leur améliore le quotidien.
On se retrouve vite dans un milieu de marin, avec les phares, les bateaux, le brouillard, la grève, le naufrage et ceux qui en vivent.
Les passions humaines, la violence et la cupidité poussent au crime, rien de nouveau sous le soleil ! Un criminel tout désigné, des bagnards évadés et une atmosphère de suspicion vient achever le tableau. La mise en place est assez lente pour bien mettre le lecteur en condition. Le vocabulaire fait aussi parfois faire un bond dans le temps.
C’est un roman qui s’adresse à ceux qui aiment les histoires qui se déroulent sur les côtes bretonnes fin du 19 ième siècle. Cela me fait penser aux romans historiques de la collection « Grands détectives » de chez 10-18.
Pour ceux qui me suivent vous vous doutez bien que je me suis régalée avec les thématiques telles que l’eau, la lumière et la couleur. On a parfois l’impression de regarder des tableaux de Monet et des peintres de cette époque.
En 1895, le jeune Marcel Proust, à l'aube de sa carrière de romancier, et son ami Reynaldo Hahn, musicien déjà célèbre, prennent le train à vapeur pour se rendre à Quiberon. Ils doivent y embarquer pour rejoindre Belle-Ile en mer où ils souhaitent passer saluer la grande actrice Sarah Bernhardt en villégiature dans son fortin face à l'océan. Dans le train, ils font la connaissance d'un certain Tin Kerel, un jeune marin brut de décoffrage et au passé plutôt douteux. Arrivés à Belle-Ile, ils apprennent que des bagnards se sont échappés en tuant un gardien, assistent à l'incendie de l'église paroissiale et apprennent la mort du sacristain et du vicaire. Un vol de chandeliers en argent semble être le mobile de ces crimes. Un dénommé Pinkerton, détective privé de son état, cherche à les rencontrer pour pouvoir démarrer ses investigations...
Ainsi débute une difficile enquête ponctuée d'un nombre impressionnant de meurtres. Le roman ne se situe pourtant pas dans le registre du thriller, ni dans celui du roman policier classique, ni même dans celui du roman noir. On est plutôt dans le style « feuilleton rocambolesque » des bouquins de Gaston Leroux ou de Maurice Leblanc. Il semble que Serge Le Gall s'en soit grandement inspiré et qu'il soit un connaisseur de l'oeuvre et de la vie de Proust, ce qui n'est pas désagréable en dépit du petit côté kitsch et suranné de l'ensemble qui peut surprendre. Beaucoup de descriptions minutieuses de cette région de Bretagne enlèvent un peu de rythme à la narration. L'enquête se suit pas à pas, sans rebondissement ni fausse piste, ce qui est un peu dommage. Le style est de grande qualité ce qui permet une lecture agréable et donne même parfois l'impression de lire un véritable auteur du XIXème... Cette dernière remarque est à prendre comme un compliment bien sûr.
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