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Les pays industrialisés ont entamé, depuis quelques années, un lent repli démographique. Longtemps, la France a conservé une belle natalité, mais ce n'est aujourd'hui plus le cas, et la voilà qui, lentement mais sûrement, s'approche à son tour du solde naturel négatif, avec toutes les conséquences sociales qu'on peut imaginer. Quant aux raisons de ce phénomène, chacun y va de son explication : effet des crises à répétition ? Menace écologique ? Perte de confiance dans le monde à venir ? Elisabeth Badinter pointe la dureté de la condition maternelle, principale cause du désengagement des femmes. Faire un bébé aujourd'hui, c'est accepter une moindre rémunération tout en assumant les contraintes de la double journée, c'est supporter, bien davantage que le père, le poids psychologique de la parentalité. Les mentalités évoluent, dit-on... Pas assez, et sûrement pas assez vite, et même les politiques natalistes sont insuffisantes, qui ciblent les aides à la petite enfance, alors que la charge mentale des mères se prolonge bien au-delà. Une nouvelle ère de la maternité se dessine : mieux éduquées, les femmes font vite le calcul des plaisirs et des peines. Si l'égalité entre les sexes ne progresse pas plus radicalement, et jusque dans l'intimité des couples, il ne faut pas s'étonner qu'elles refusent d'être les éternelles perdantes.
Être Femme, ou être Femme ET Mère ?
Vous avez quatre heures…
Élisabeth Badinter pose la question, face à la dégringolade de la natalité en France. Un des seuls pays européens qui conservait encore un taux de natalité supérieur à 2. Même si les pays asiatiques nous ont bien devancés...
« La natalité des pays industrialisés en Asie est beaucoup plus inquiétante.
Selon les prévisions, un 1/3 des femmes de l’Asie du Sud-est resteront sans enfant. En tête de l’infécondité : la Corée du sud, avec 0.9 enfant par femme, suivie par le Japon avec 1,3. Mais c’est Hong-Kong qui détient le record de l’infécondité en Asie : 35% des femmes nées en 1972 sont restées sans enfant. »
Un problème essentiel pour l’économie (manque de travailleurs – défaut des retraites), le renouvellement des générations mais également pour la survie des États.
Élisabeth Badinter l’explique ainsi : la charge mentale des femmes est trop lourde. C’est à la fois et souvent une rémunération moindre, mais surtout une double contrainte : celle de la carrière et celle de l’éducation de l’enfant.
Elle reconnaît les efforts des hommes, mais elle estime que ce n’est pas encore suffisant, car le poids de l’éducation repose essentiellement sur les mères. Les pères aident mais ne partagent pas encore vraiment la charge. D’où le titre de l’essai : « Messieurs, encore un effort…. »
A rapprocher du roman de Marie-Fleur Albecker : « Une maman parfaite »
« Je n’ai pas osé lui dire que tant qu’il ne s’occupera pas de Rosa autant que moi, je ne veux pas (avoir un deuxième enfant). Parce que tout le monde dit que c’est un père extraordinaire, et c’est sans doute vrai, mais ce n’est pas assez.
Moi, je veux juste un père égalitaire. »
Charge mentale amplifiée par l’évolution de l’éducation : « Si le statut de la femme a évolué depuis le siècle dernier, celui de l’enfant aussi : c’est comme si le pouvoir avait changé de camp. Et l’on aboutit à ce paradoxe que la libération de la mère ne libère pas la mère du XXIème siècle. Bien au contraire. Aujourd’hui, dès lors qu’une femme choisit d’avoir un enfant, elle éprouve un sentiment de responsabilité inconnu par le passé. Elle se doit d’être la MÈRE IDÉALE d’un enfant heureux dont il faudra développer toutes les potentialités, physiques, psychiques et créatives. »
« Les rôles sont inversés : l’enfant dans sa toute puissance ignore ses limites et devient le tyran de ses parents qui n’ont pas su lui apprendre la frustration et la loi, bref, le civiliser. »
Un propos passionnant qui traduit bien la réalité des faits. Mais…
Cet essai court (88 pages avec les graphiques à la fin) n’est pas exempt de répétitions. On va dire que c’est dans un objectif pédagogique…
Et si on cite les chiffres, mieux vaut être précis :
Page 17 et 56 – le taux de fécondité en Corée du Sud est de 0.9 enfant par femme.
Page 78 – il est de 0,78 en 2023.
Sans doute, les premiers chiffres cités étaient antérieurs à 2023 …
Un livre facile à lire, fluide et en même temps pédagogique et bien documenté.
Merci à Babélio et aux éditions Flammarion Plon
https://commelaplume.blogspot.com/
Un essai très documenté sur les mères, sur la difficulté d’être mère dans notre société, sur le choix qu’ont les femmes d’être mère en Europe, sur l’évolution de la démographie et du nombre d’enfants par femme.
Un essai très dense qui analyse la dénatalité en France, qui cherche à l’expliquer et qui tire une sonnette d’alarme sur l’évolution de la population.
Il y est également question de la fameuse charge mentale des femmes, et de la régression du rôle de la femme qui a pu être constatée au sein des familles pendant les confinements liés à la pandémie.
Cet essai est une analyse très juste de la maternité contemporaine et de son évolution. Il s’adresse à toutes les femmes mères, ou non, à tous les hommes en leur rappelant qu’il y a encore du progrès à faire dans la considération du rôle de la mère, et du rôle de la femme.
Après le succès de son dernier livre « Le Conflit, la femme et la mère » paru en 2010, Elisabeth Badinter revient avec un essai percutant » Messieurs, encore un effort… » aux éditions Flammarion Plon.
Femme de lettres, philosophe, féministe, femme d’affaires française et spécialiste du Siècle des Lumières, Elisabeth Badinter interpelle les hommes à une volonté et un investissement concret et durable au sein du couple et de la famille.
P. 76 : » Les femmes du XXIe siècle ont changé. Elles en appellent silencieusement à l’égalité des sexes au sein de la famille et à la responsabilité des pères. «
Pour l’auteure, le postulat est inquiétant. En effet, l’indice de fécondité des pays riches est en nette diminution.
P. 10 : » Cette tendance continue préoccupe de plus en plus le monde économique et les politiques. Dans certains pays, la mortalité l’emporte sur la natalité et les Etats redoutent de manquer de travailleurs, de ne plus pouvoir assurer le paiement des retraites, le renouvellement des générations et, à plus long terme, leur survie. «
Il est donc nécessaire de s’interroger sur les moyens mis en oeuvre pour limiter, voire inverser cette courbe et éviter ainsi le déclin brutal que connaissent les pays industrialisés en Asie de l’Est.
P. 11 : » Les femmes détenant l’ultime pouvoir de décision à l’égard de la reproduction, il est à craindre que certains Etats leur fassent payer la note de la dénatalité, notamment en s’appuyant sur des principes d’ordre religieux. «
C’est un constat accablant, si ce n’est de la régression, tout du moins de la non-évolution de la persistance des stéréotypes de genre et d’un lourd passif à domination patriarcale.
P. 20 : » C’est aussi en tant que féministe que je m’inquiète : si la condition maternelle n’est plus si enviable, c’est que le combat pour l’égalité des sexes n’est pas achevé. «
L’explosion des réseaux sociaux et des mouvements féministes ont cependant permis la libération de la parole des femmes. Elles veulent avoir la pleine liberté de disposition de leur corps, et donc du choix de la maternité.
P. 36 : » Aujourd’hui, dès lors qu’une femme choisit d’avoir un enfant, elle éprouve un sentiment de responsabilité inconnu par le passé. Elle se doit d’être la mère idéale d’un enfant heureux dont il faudra développer toutes les potentialités, physiques, psychiques et créatives. Et gare à l’échec ! «
De plus en plus apparaît une volonté de prioriser l’épanouissement personnel, une sorte de « moi d’abord » par la levée des tabous et une stricte évaluation des plaisirs et des peines avant de s’engager dans l’aventure de la maternité.
https://missbook85.wordpress.com/2024/05/02/messieurs-encore-un-effort/
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