"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Pour les chats, j'étais au courant. J'avais dû me débarrasser du mien qui avait eu la mauvaise idée de naître blanc, taché de noir. C'est vrai que la surpopulation des chats devenait insupportable et que, d'après les scientifiques de l'État national, il valait mieux ne garder que les bruns.Pour les chiens, ça m'avait surpris un peu plus ... » Dans cette fable coup de poing, les petits arrangements cèdent la place aux compromis de tous les jours puis, peu à peu, à l'impasse totalitaire.Associé aux superbes peintures murales de C215, Matin brun, qui a fait le tour du monde, descend dans la rue et nous interpelle, tous, quel que soit notre âge ou notre expérience.
Mon opinion sur l’œuvre de Franck Pavloff reste inchangée : la démonstration est brillante et la conclusion d’une efficacité redoutable. En revanche, je ne suis pas là aujourd’hui pour juger le texte, je l’ai déjà fait, mais l’ouvrage proposé par les éditions Albin Michel qui mêle le texte de Franck Pavloff et des œuvres de C215. Avant ma lecture, je pensais que l’artiste avait illustré la nouvelle mais ce n’est pas du tout le cas : ce sont des peintures murales réalisées au pochoir et préexistantes qui viennent en vis-à-vis du texte. Sincèrement, je ne comprends pas vraiment l’objectif. Les peintures de l’artiste de street art ne sont bien sûr pas dénuées d’intérêt, mais je ne trouve pas qu’elles soient très cohérentes avec le texte. Il n’y a d’ailleurs aucun commentaire, aucune indication sur ces illustrations. On peut bien sûr voir dans ces portraits un panel représentatif de l’humanité et de sa diversité : certains donnent à voir la fragilité, d’autres l’engagement, d’autres encore le désespoir. Mais est-ce que cela offre une valeur ajoutée au texte ? Je ne le crois pas…
COUP DE COEUR pour ce court roman qu'il faut absolument faire lire au plus grand nombre adolescents et enfants y compris, pour que jamais on ne revive certaines atrocités du passé.
C'est un livre coup de poing et qui donne à réfléchir, je pense sincèrement qu'il devrait être étudié dans les collèges et lycées. J'ai aimé l'écriture aussi incisive, claire et précise tout en émotion. C'est un livre qui interroge, faut-il se fondre dans la masse ? faut-il ne pas réagir aux injustices ? faut-il accepter l'inacceptable ? A travers cette dystopie l'auteur nous met face à nos petits actes de lâcheté quotidiens sans pour autant nous prendre en otage. le ton n'est pas du tout moralisateur, on nous raconte une et à chacun d'en tirer ce qu'il veut
C'est une histoire très actuelle, quand on voit comment la liberté de penser et d'expression sont mutilées , muselées on peut que craindre qu'un Matin brun arrive. Ca montre bien que ne pas se poser de questions et ne pas réagir à ce qui se passe autour de nous peut mener à la dictature. L'auteur signe ici une fable sociale contemporaine qui n'est pas sans rappeler l'excellent Farenheit 451, une dystopie très réussie que je recommande chaudement.
Franck Pavloff avait écrit ce texte après la révélation d'alliances de candidats de partis classiques avec le Front National au deuxième tour des élections régionales. Matin brun c'est le refus du conformisme, refus de la pensée unique, refus de la dictature, du prêt à penser, refus de la censure et droit à la différence et liberté de pensée. Que des thèmes qui me sont chers et qui me parlent. Je ne pouvais qu'être conquise par le texte servis par les illustrations au pochoir de C215 dont j'adore le travail, l'humanisme et la simplicité, dont les sujets de prédilection sont l'enfance, les laissés-pour-compte. Des dessins puissants et saisissants qui sont en total adéquation avec la puissance du texte.
Un beau livre qui est mon premier coup de coeur pour 2015 c'est poignant, humaniste et universel.
VERDICT
A SE PROCURER D'URGENCE !!! tout le monde devrait l'avoir lu, à offrir à des ados c'est un beau cadeau. A méditer. Il n y a aucune excuse il n'est pas onéreux et pas long à lire.
Ce conte philosophique est, semble-t-il, un classique du genre mais je ne l’avais jamais lu. N’en avais même jamais entendu parler. Non, si ce petit livre est, aujourd’hui, le sujet de cette critique, c’est surtout et avant tout grâce aux œuvres de Christian Guémy dit C215. Derrière ce pseudonyme, se cache un artiste du Street Art, né en France, en 1973. Le public le connaît surtout pour ses figures de chats, laissées sur des murs de Paris à Tunis. Aujourd’hui, cet artiste expose également dans des galeries en France et dans le monde entier. Je ne peux que vous conseiller de visiter son site officiel : www.c215.fr. ici, pour illustrer ce texte très fort l’auteur d’origine bulgare, Franck Pavloff, ce sont surtout, et pour cause, des figures humaines, beaucoup d’enfants, qui ont été choisies. Au pochoir et à la bombe (non détonante mais très percutante), ce sont autant de portraits, de la vieille au soldat, en passant par le prisonnier et le policier.
En effet, ce texte court, à l’écriture resserrée, avec de brefs dialogues, décrit comment un pouvoir met en place les mécanismes d’un pouvoir totalitaire. D’abord, cela commence doucement, sans bruit. Cela arrive presqu’inopinément. Une bête interdiction. Elargie un peu plus, quelques temps plus tard. Puis cette interdiction englobe la presse. Puis les livres. Puis la liberté personnelle. Jusqu’au jour de l’implication irrévocable. Pour cela, il suffit de choisir un critère (en l’occurrence la couleur brune) et d’éradiquer systématiquement, dans un vaste programme final, tout ce qui ne correspond pas à ce critère. Et quand cette disparition totale est effectuée, il suffit de remonter dans le passé pour continuer l’épuration, pour effacer jusqu’au souvenir de critère.
Je me souviens d’une phrase d’une chanson de Marc Almond : « Tell me if you can what makes a man a man » (Dites-moi, si vous le pouvez, ce qui fait d’un homme un homme). Ces quelques mots pourraient servir d’exergue à ce texte, écrit en 1997. Il y aura toujours un prétexte pour dénaturer, dégrader, humilier, violenter et tuer un homme. Pour de « bonnes raisons ». Pour des « effets utiles » sur la communauté. Pour cela, je fais confiance à l’homme. Il a toujours eu le chic pour mettre son intelligence au service de la haine, de la xénophobie, du racisme, de l’homophobie et j’en passe. En lisant ce texte, j’ai pensé immanquablement à la montée du nazisme et de cet antisémitisme ambiant, mais, plus proche de nous, cruellement plus intimes, des événements qui nous ont frappés de plein fouet, un jour de septembre. Mourir parce qu’on est ceci ou cela, et non pas parce qu’on a fait ceci ou cela. Mourir parce qu’on est arabe, journaliste, gay ou Français est une absurdité sans nom. Et, en cela, ce texte est salutaire : il faut garder espoir et confiance en certains hommes, ceux qui résisteront, ceux qui ne seront pas lâches, ceux qui ne démissionneront pas, ceux qui resteront des hommes. Quoiqu’il advienne.
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