"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pays de Galles, 1880. Une explosion dans la mine. Des morts. Parmi eux, Davies, le mari de Mary Jane. Veuve à dix-neuf ans, et désormais seule au monde. Alors, elle fuit, vers Cardiff où, pense-t-elle, elle rejoindra sa soeur.
Sur la route, elle rencontre Black John et sa bande de nécessiteux, chassés par la misère et pourchassés par les fermiers et les gendarmes. Black John la convainc d'aller à Londres pour trouver du travail. Affamée, couverte de haillons, elle atteint la capitale anglaise. Ses faubourgs d'abord. Des usines, des crassiers, des taudis, et de la suie. De la suie partout. Et Peter White, dit « Snakesman Peter ».
Peter sera le premier homme qui s'intéressera à elle. Il y en aura d'autres. Jusqu'à Joe Barnett, qui emménagera avec elle au 13 Miller's Court, dans le quartier de Spitalfields. Jusqu'au présumé tueur en série, « Jack l'Éventreur », qui, le 8 novembre 1888, mit fin sauvagement à ses tourments.
Sans être un chef-d’œuvre du 9ᵉ art, cet album mérite une attention particulière par le choix de l’auteur, Frank Le Gall, de consacrer son récit, une biographie fictive, à la dernière des victimes de Jack L’éventreur, Mary Jane (Mary Jeannette Kelly). Biographie fictive, d’une jeune femme qui est prétexte à nous narrer, la vie de cette classe populaire, qui vivait dans une grande misère à une époque, celle de l’Angleterre Victorienne dont nous n’aimerions retenir que le faste de la révolution industrielle. Avant d’être victime d’un tueur en série, elle fut avant tout victime de sa condition.
Lors du règne de la reine Victoria, la société anglaise et de façon encore plus marquée, londonienne, est un véritable contraste entre la vie de la bourgeoisie, les nouveaux riches apparus avec l’industrialisation et la population pauvre, très souvent féminine, qui n’ont malheureusement comme choix de survie, que celui de marchander leur corps.
Cette noirceur, dénoncée, mise en lumière par le scénario de Le Gall est très joliment adoucie par les dessins, aquarelles de l’illustrateur Damien Cuvillier. Contraste qui nous rappelle l’opposition des classes sociales.
Ne vous attendez donc pas à en apprendre plus sur le célèbre tueur en série, mais plongez dans le décor de cette période de l’histoire et découvrez la face cachée de Londres.
Un grand bravo à Frank Le Gall et Damien Cuvillier pour ne pas être tombés dans la facilité de faire un énième ouvrage sur Jack The Ripper.
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