Il est temps de lire "Apatride" de Shumona Sinha, et de suivre ses conseils de lecture !
Depuis le ventre de sa mère, Maryam vit de front les premières heures de la révolution iranienne.
Six ans plus tard, sa mère et elle rejoignent le père en exil à Paris.
A travers les souvenirs de ses premières années, Maryam raconte l'abandon du pays, l'éloignement de sa famille, la perte de ses jouets - donnés aux enfants pauvres de Téhéran sous l'injonction de ses parents communistes -, l'effacement progressif du persan sans cesse en opposition avec le français, qu'elle va tour à tour rejeter, puis adopter frénétiquement, au point de laisser enterrée de longues années sa langue natale.
Maryam Madjidi raconte avec humour et tendresse les racines comme fardeau, comme rempart, comme moyen de socialisation, et même comme arme de séduction massive.
Il est temps de lire "Apatride" de Shumona Sinha, et de suivre ses conseils de lecture !
Séance rattrapage, quels romans allez-vous lire cet été ?
Et si on composait un texte nous aussi ?
Et vous, quels sont vos coups de cœur dans la liste ?
Un roman sur l'exil d'une fillette de 6 ans qui ne comprends pas ce qui lui arrive.
Il y a sa souffrance, celle de ses parents, le regard de l'autre, le déchirement d'être séparée de sa grand-mère, la difficulté à respirer, à manger, à aimer dans ce nouveau pays qui n'est pas encore le sien.
C'est poétique, poignant mais quelques longueurs, dans ce témoignage pourtant assez court, m'ont parfois perdues.
Maryam Madjidi est une poétesse. A travers son roman autobiographique 'Marx et la poupée', elle conte avec délicatesse son expérience de l'exil. Tout juste âgée de 6 ans, elle a dû quitter sa terre natale, l'Iran, après la révolution et suite aux convictions communistes de ses parents. Cette enfance déracinée l'a marqué au fer rouge et elle-même décrit qu'elle a eu trois naissances dans sa vie : la première en Iran, la deuxième en France et la troisième lorsqu'elle a embrassé toutes ses identités. Ici les racines sont perçues de bien des manières, tour à tour fardeau ou rempart, atout ou poids.
Ce livre a reçu le prix Goncourt du premier roman en 2017. L'écriture est particulière, le récit étant composé de courts chapitres qui peuvent etre assimilés à des pages de journal intime, d'extraits de vie dont les époques se mélangent au gré des flashbacks de la mémoire, de contes et de poèmes. La chronologie et la linéarité sont mises de côté. Les émotions priment avant tout. La langue maternelle de Maryam est un véritable personnage à part entière qu'elle délaissera, combattra, oubliera et finira par adopter et comprendre pleinement.
Cet ouvrage rempli de sensibilité en touchera plus d'un...
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Quel roman! Vive Maryam et bienvenue dans mon jardin mental !
C'est peuplé certes mais très recommandable!
Votre poignant roman récit de vie m'a emporté littéralement déchiré entre ici et ailleurs,
comment légitimer un départ aux yeux d'une petite fille sans arracher aux murs de l'enfance bien des trésors essentiels?
L'humour et la dérision font mouche, l'exil d'Iran est très édité ces dernières années et nous éclaire avec talent et humanité des fracas et des doutes, des peurs et des impasses dans lesquels sont plongés les personnes concernées.
C'est bouleversant et inoubliable.
Beaucoup ont dit et raconté l’exil ; il y en a qui sont passés sans laisser de traces, à mon point de vue en tout cas, et il y a ceux dont on se souviendra. Marx et la poupée est de ceux- là. Sans pathos, ni optimisme béat, Maryam Madgidi nous parle de l’exil, de son exil, de son rapport à la langue qu’elle réinvente et ″avale‶ faute de pouvoir parler la sienne.
« La langue prend forme dans le secret de ma bulle, de mon monde intérieur, mon placenta à moi. »
Maryam est petite fille lorsque qu’elle quitte l’Iran avec sa mère pour rejoindre le père déjà à Paris. La famille fuit un régime qui emprisonne un certain nombre de ses membres.
Ce récit de l’exil commence bien avant la naissance de l’auteur. Il narre trois naissances : l’originelle, celle de l’exilée arrivant, et celle qui fait la synthèse des deux retrouve sa langue.
Le conte persan n’est jamais bien loin, intimement mêlé au vécu de l’auteur et de sa famille.
C’est le côté protéiforme, son absence de chronologie et de linéarité qui font l’originalité et la force de ce roman.
Maryam Madjidi convoque les poètes persans de son enfance pour alimenter, et illustrer son propos.
On y perçoit l’extrême sensibilité de l’auteur, mais également son humour, sa maturité, mais aussi sa fragilité dans ses deuils de petite fille. Quand l’humain se retrouve séparé de sa terre et des siens, il sait puiser au fond de lui les ressources pour se réinventer. C’est cela que Maryam Madjidi a voulu nous montrer au fil de ce très beau livre.
La problématique de l'exil me touche et m'intéresse énormément.
Dans ce livre nous suivons le long chemin que parcours Maryam avant et après son exil en France.
Goncourt du premier roman 2017.
Prix du roman 2017 Ouest-France Etonnants voyageurs.
Ce roman prend source in utero.
Présente lors d'une manifestation à l'université de Téhéran durant la Révolution islamiste de 1979, la mère de Maryam, alors enceinte de 7 mois se voit contrainte de se défenestrer pour échapper aux violences et à la barbarie des bassidjis.
"Ange sans ailes, ma folle irresponsable, ma douce assassine ; à cet instant-là, tu as creusé un trou en moi dans lequel toutes les angoisses de ma vie future prendront racine."
Maryam Madjidi va naître trois fois.
La première fois en Iran en 1980.
La seconde fois lors de son exil en France à l'âge de si 6 ans.
La troisième, à l'âge de 22 ans, lorsqu'elle retourne en Iran et entame le processus de réconciliation avec son pays d'origine.
Ses premières années en Iran se déroulent à la fois dans la douceur familiale mais aussi dans la réalité d'un quotidien dans un pays où règne la répression, duquel persisteront longtemps les stigmates d'un traumatisme.
Très tôt elle se différencie en se racontant des histoires et en rapportant des poèmes.
" Je voudrais passer ma vie à récolter des histoires. de belles histoires. Dans un sac, je les mettrais et je les emporterais avec moi. Et puis, au moment propice les offrir à une oreille attentive pour voir la magie naître dans le regard. Je voudrais semer des histoires dans les oreilles de tous les êtres."
C'est donc l'histoire d'une petite fille de six ans qui doit quitter l'Iran pour la France avec ses parents, opposants politiques au régime de Klomeini.
Le déracinement est total.
"Je ne suis pas un arbre. Je n'ai pas de racines."
Son intégration à Paris est difficile. Elle y oppose elle-même une certaine résistance, conséquence d'un caractère déjà bien marqué.
L'auteure intègre dans son récit une place prépondérante à la langue, tour à tour barrière et passerelle.
" La langue prend forme dans le secret de ma bulle, de mon monde intérieur, mon placenta à moi."
On y découvre des anecdotes parfois drôles et parfois beaucoup plus douloureuses.
" On efface, on nettoie, on nous plonge dans les eaux de la francophonie pour laver notre mémoire t notre identité et quand c'est tout propre, tout net, l'intérieur bien vidé, la récompense est accordée, tu es désormais chez les Français, tâche maintenant d'être à la hauteur de la faveur qu'on t'accorde. Etrange façon d'accueillir l'autre chez soi."
Deux personnages forts vont marquer ce roman et avoir une influence sur notre héroïne.
D'une part l'oncle, qui restera emprisonné plusieurs années en Iran et en sortira détruit ; et d'autre part la grand-mère, mi- "ange-gardien" mi-féministe.
A la fois politique et poétique, on passe des sourires aux larmes, et parfois s'y entremêlent.
Un roman puissant et sensible qui nous font prendre conscience de la douleur de l'exil.
Très prometteur pour un premier roman.
Le roman commence par une scène d’une grande violence : la répression des étudiants de Téhéran par le pouvoir, lors de la révolution iranienne. La mère de Maryam échappe de peu à la mort, Maryam dans son ventre. Elle en gardera un mutisme et une terreur sous-jacente que ressentira Maryam toute sa vie durant.
Maryam nous raconte cet épisode par procuration, comme un événement originel pour elle, qui marque son destin. C’est sa première naissance. Avec un langage très imagé, poétique, aux allures de conte, Maryam nous livre ses origines persanes, les liens familiaux, la douceur du pays natal, la dureté des convictions politiques parentales aussi, qui lui font donner ses biens, jusqu’à ses jouets les plus précieux, avant l’exil.
L’exil en France justement, à l’âge de six ans, est sa seconde naissance. Maryam encore une fois le vit dans la douleur, le déchirement, l’éloignement d’avec ses proches et la difficulté à s’approprier une nouvelle culture, de nouveaux repères. Petit à petit l’histoire se tisse néanmoins, Maryam se construit, dans un entre-deux qu’elle s’efforce de rendre acceptable, avant de s’accepter elle-même, d’accepter toutes les facettes de son identité.
Jeune femme, Maryam reprend le récit d’une troisième naissance, avec le retour au pays, la chaleur des retrouvailles, la découverte de ce pays sûrement un peu rêvé, les deux parties de son être qui s’emboîte enfin, sa personnalité qui retrouve une certaine stabilité… Et Maryam peut enfin s’envoler, dans tous les sens du terme, elle a gagné sa liberté, va désormais parcourir le monde, vivre sa vie, gardant en elle son « imagination consolatrice », la poésie et les histoires pour « nettoyer ou embellir la vie ».
J’ai beaucoup aimé l’écriture fluide, imagée et pourtant si abrupte de l’auteure. Elle nous parle d’exil, d’un Iran passé et contemporain, de blessures intimes et sans doute aussi partagées avec beaucoup. J’ai aimé la poésie des mots, la poésie dans les mots, et la soif de vivre d’une enfant ballottée mais qui trouve sa place au milieu du monde finalement.
Une très jolie découverte.
https://mesmotsmeslivres.wordpress.com/2017/12/16/marx-et-la-poupee-de-maryam-madjidi/
Chahdortt Djavann, Negar Djavadi, Marjane Satrapi, Mana Neyestani et d’autres encore ont écrit, dessiné à propos de leur pays, l’Iran, qu’ils ont dû quitter, fuir au péril de leur vie, parfois, mais Marx et la poupée, premier roman de Maryam Madjidi livre encore un autre éclairage sur l’exil et ce retour qui devient vite impossible.
Tout commence dans le ventre de sa mère, en 1980, à l’université de Téhéran : « Ma mère porte ma vie mais la Mort danse autour d’elle en ricanant, le dos courbé… » Obligée de sauter du deuxième étage pour échapper au viol, au massacre, elle ne perd pas son enfant, heureusement ! Cette enfant écrit aujourd’hui et égrène ses souvenirs. Elle parle entre autres de la voix de sa grand-mère et de ses jouets que ses parents lui demandaient de donner aux enfants du quartier. Elle a 5 ans et ne comprend rien au communisme car on veut lui apprendre le détachement matériel et l’abolition de la propriété.
Avant de se retrouver à Paris, en 2005, elle évoque Saman, son oncle âgé de 19 ans, qu’elle va voir en prison. Il parle maintenant des huit années passées dans une des pires prisons du monde. Elle dont les parents transportaient des documents du Parti communiste dans ses couches, livre ses souvenirs de « ce pays qui massacre ses meilleurs enfants. »
Son père déjà en France, elle est restée avec sa mère qui veut poursuivre ses études de médecine en Iran. Il avait été viré de la banque parce qu’il distribuait des tracts anti-Khomeini puis sa mère éjectée de l’université après avoir manifesté.
Le récit est précis bien que non chronologique mais les retours en arrière sont indispensables et attendus afin de comprendre cet exil et toutes ces souffrances endurées par tant de gens privés de liberté d’expression et menacés dans leur existence.
Le titre de la seconde partie : Deuxième naissance, est éloquent. Maryam Madjidi n’hésite pas à parler du concret, de la nourriture quotidienne, de nos habitudes, de tout ce qu’elle doit reprendre à zéro pour pouvoir vivre le plus normalement possible en France. Lorsqu’elle part travailler en Chine, à 32 ans, elle regrette nos croissants !
Elle parle aussi de cette nouvelle langue qu’elle apprend, refusant d’abord de parler puis rejetant ensuite le persan que son père essaie de conserver à la maison. Sa Troisième naissance la réconcilie avec sa langue maternelle et des poètes comme Omar Khayyâm et Sadegh Hedayat. Pourtant, son retour à Téhéran, en juillet 2003, est un échec malgré cet amant fugace qui lui fait découvrir « les ruelles mal famées et pauvres du sud de Téhéran… le tchador noir des femmes, femmes-corbeaux au visage caché… »
Sa grand-mère a raison lorsqu’elle lui dit : « Tu es trop libre pour ce pays. » Alors elle travaille quatre ans en Chine, un an à Istanbul puis revient à Paris où elle repense à ce chauffeur de taxi qui, à Téhéran, lui récita un poème de Hâfez (XIVe siècle) et ajouta : « la seule chose que nous avons su préserver, c’est notre poésie et c’est la seule chose à sauver de l’Iran. »
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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